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Le Crowdfunding, quèsaco ?
23/07/2020 | 19:59
4 min
Le Crowdfunding, quèsaco ?

Le Crowdfunding ou financement participatif est par définition « faire appel à l’effort collectif d’une communauté individus pour collecter rapidement des fonds au profit d’un projet, une entreprise nouvelle ou déjà existante ». Né au pays du capitalisme, les Etats-Unis, cet outil de financement est largement plébiscité par les startups et les entreprises sociales. Il affiche, d’ailleurs, des chiffres de croissance impressionnants en particulier aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Chine, leader du secteur. L’Empire du Milieu s’accapare à lui seul 70,7% de ce marché qui pèserait près de 300 milliards de dollars d’ici à 2030. Viennent ensuite le pays de l’oncle Sam avec 20% et la Grande Bretagne avec 3,4%, selon les chiffres avancés par P2P Market Data.


En Tunisie, nous en sommes encore loin. Initié par le ministère de l’Industrie et des PME, le projet de loi encadrant, juridiquement, le financement participatif a été approuvé en commission parlementaire en avril 2020 puis adopté à la majorité absolue par le Parlement le 21 juillet 2020, après quelques amendements, l’ajout du financement sous forme de dons, entre autres.

Ce projet de loi devait, rappelons-le, être présenté au vote le 9 juillet à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), tel que mentionné dans le rapport de la Commission des finances, de la planification et du développement. Mais le blocage des travaux de l’ARP – en raison des altercations quasi-quotidiennes entre les députés islamistes d’Ennahdha et d’Al-Karama d’un côté et de l’autre, les élus du Parti destourien libre (PDL) en sit-in depuis le 10 juillet à l’Assemblée – a empêché la tenue de la plénière jusqu’à lundi.

Ce retard accusé dans l’adoption du projet de loi demeure, toutefois, insignifiant face aux opportunités qu’apporterait le financement participatif, en particulier en cette période de crise sanitaire doublée d’une crise politique inédite. Le gouvernement à l’origine de cette initiative cède, en effet, sa place, dans les jours qui viennent, à un nouveau gouvernement après tout juste six mois d’honorables services marqués par la lutte contre la pandémie Covid-19 et un plan de relance pour sauver le pays d’une catastrophe économique imminente.

 

Le Crowdfunding, le plus et le moins

Le financement participatif puise ses origines dans le XIXe siècle. C’est avec des projets comme la célèbre basilique de la Sagrada Familia de Barcelone en Espagne ou encore la statue de la « Liberté éclairant le monde » à Manhattan aux Etats-Unis – financée des deux côtés français et américain – que le Crowdfunding est né sous sa forme préliminaire. Ces deux projets architecturaux ont pu voir le jour grâce à des dons et des fonds collectés par « la foule ».

Cet outil de levée de fonds a connu un essor fulgurant au début des années 2000 et est devenu de plus en plus populaires avec l’arrivée des plateformes spécialisées et les réseaux sociaux. Il a même conduit Barack Obama à la Maison Blanche en 2012. C’est grâce au Crowdfunding que l’ancien président des Etats-Unis a financé sa campagne électorale par ses électeurs, loin des bailleurs de fonds et des lobbies.

Le Crowdfunding se décline sous plusieurs modèles. On en citera les formes les plus connues : 

-       le financement par collecte de dons : il s’agit, dans ce cas, de faire appel à son réseau pour collecter des dons qui servent, généralement, à financer des projets d’intérêt communautaire

-       le financement basé sur les récompenses : c’est le modèle plébiscité par les startups ou entreprises qui proposent un service ou un produit. Les donateurs peuvent ainsi jouir d’un service ou produit gratuit en contrepartie de son don.

-       le financement en actions  ou investissement participatif (equity crawdfunding) : ce modèle sert à augmenter considérablement le capital des petites et moyennes entreprises et sociétés ouvertes qui ont besoin de développer leurs activités. Les donateurs injectent donc des fonds en échange d’actions

Si ce modèle de financement est aujourd’hui largement convoité c’est de par les nombreux avantages qu’il présente. En plus de la rapidité d’obtention des fonds et sans frais initiaux, il permet aussi de réaliser une étude de marché à moindre coût et d’une façon moins conventionnelle. Ce qui en fait un modèle idéal en particulier pour les startups qui se heurtent souvent à l’absence d’un marché pour leurs produits, une des causes principales de l’échec de près de 50% des startups dans le monde.

Le financement participatif constitue par ailleurs une alternative de prédilection en l’absence de formes classiques de financement telles que les prêts bancaires.

Cela dit, ce schéma de financement n’est pas aussi idyllique. Il présente plusieurs inconvénients inhérents, entre autres, à l’utilisation des plateformes de financement participatif.  Le principe est certes simple mais le processus peut devenir un écueil. Exposer son projet au grand public sur une plateforme de Crowdfunding ne garantit guère la réussite de la collecte des fonds escomptés et l’expose, de surcroît, au vol si l’idée ou le concept n’est pas protégé par un brevet.

Susciter l’intérêt de la communauté nécessite, par ailleurs, des efforts colossaux et, sans aucun doute, des fonds.  

Il n’en reste pas moins vrai qu’en Tunisie, ce modèle de levée de fonds peut devenir une aubaine. En plus de la possibilité de consolider l’écosystème des startups alors que le Fonds des fonds n’a pas encore été activé par le gouvernement, le Crowdfunding permettra de dynamiser le marché de l’emploi à une heure où le chômage a atteint des niveaux effrayants – près de 700 000 au premier trimestre 2020 – de par la récession de l’économie nationale et mondiale.  

Nadya Jennene 

23/07/2020 | 19:59
4 min
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Commentaires
DHEJ
Les mosquées sont financées par cette technique.
a posté le 23-07-2020 à 20:34
Et pas seulement...


De l'argent liquide, quelle traçabilité possible ? Sous le contrôle de quel organisme ?