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Crise du lait : un déni vache
06/12/2022 | 14:36
5 min
Crise du lait : un déni vache

 

Le lait, comme tant d’autres produits alimentaires, est devenu une denrée rare sous les cieux tunisiens. La pénurie et les perturbations durent depuis des mois et le citoyen doit faire preuve de beaucoup de patience pour espérer trouver une brique au prix fixé par l’Etat. Expliquer l’origine de la crise n’est pas difficile, les solutions sont possibles, sauf que pour le plus haut responsable du pays, il ne s’agit autre que de spéculation et de parties malveillantes qui veulent affamer le peuple afin de lui nuire.

 

Le Tunisien est obligé depuis des mois de s’adapter à une situation inédite. Qui n’a pas fait l’expérience, au moins une fois, d’une tournée infructueuse des magasins à la recherche de lait ? Il faut amadouer l’épicier du coin pour qu’il se souvienne de vous et espérer ainsi qu’il vous laisse de côté la sainte brique. Il faut aussi faire la queue dans les supermarchés et guetter le bon moment où l’on vient livrer les quelques bouteilles qui partent en un clin d’œil. Il vous arrivera souvent de vous retrouver face à des rayons vides où l’on vous affiche quand même un malencontreux « deux briques par personne ».

Sur le marché, il est donc devenu plus facile de trouver le lait non-compensé, les 0% et autres enrichis par des minéraux et des vitamines. Le citoyen est ainsi obligé de débourser plus.

 

C’est dans ce contexte que le président de la République a effectué une visite à une usine de production de lait appartenant au groupe Délice Holding. Fidèle à ses idées fixes, il a affirmé que cette marchandise est disponible et que la pénurie résulte de la spéculation. La solution selon lui est de lutter contre les spéculateurs, mais aussi que les producteurs produisent plus.

Kais Saïed semblait contrarié en répétant face à ses hôtes l’histoire d’une femme qui dit avoir faim et qui veut du lait. Le président, perplexe, s’est interrogé sur la disponibilité du yaourt et autres dérivés du lait et pas les briques. Pour lui, cela n’est pas logique. Il est convaincu que les spéculateurs transforment le lait standard en lait 0% afin d'avoir plus de revenus et de pousser vers l'augmentation des prix et il a encore une fois qualifié les circuites de distribution de circuits « d’affamement ». Le président, remonté, a indiqué que ce sera son dernier avertissement : il faudra cibler les entrepôts de stockage des grands spéculateurs. Il a même tenté un calambour sur les vaches qui donnent du lait « normal », d’autres du 0% ou encore d’autres des yaourts…

« Le lait 0% n'était pas toujours disponible... On l'introduit sur le marché dans le but de rééquilibrer les tarifs, car son prix n'est pas fixé par la loi... Nous devons mettre fin aux crises en renforçant la production... C'est une crise provoquée... Nous sommes en guerre... Même si la marge de bénéfice régresse ! Ce n'est pas problématique... Nous ne devons pas laisser les enfants sans lait... De la vente conditionnée ! Y-a-t-il des vaches qui donnent du lait et d'autres qui donnent des yaourts ? Le lait, c'est du lait ! Pourquoi le fromage et le beurre sont disponibles ? Y-a-t-il des vaches qui donnent du lait écrémé et d'autres qui donnent du lait demi-écrémé ? », s'était-il interrogé…

Le président a balayé d’un revers de main l’explication « technique » de la crise. Pour lui, les coupables sont tout trouvés, pas la peine de s’avancer sur le terrain de la hausse des prix des fourrages ou des subventions étatiques bloquées. Il semble hermétique à la réalité des faits. Tout comme pour la pénurie, le déni est bien parti pour durer.   

 

Pourtant, les faits sont simples à saisir. Pas besoin d’être une lumière pour comprendre les mécanismes ayant mené à la crise de la filière laitière. Depuis des mois, des experts, des professionnels en parlent et ne cessent de tirer la sonnette d’alarme.

La Tunisie a atteint l’autosuffisance en l’an 2000, grâce à une stratégie nationale. Le manque de vision durant les derniers mois, mais aussi le manque de ressources de l’Etat, risquent d’amener le pays à importer le lait.

Ali Klebi, vice-président de la Chambre syndicale des industriels du lait, a expliqué à plusieurs reprises, que l’Etat n’a pas payé la compensation aux industriels. Cela fait plus de quatorze mois que les professionnels produisent à perte le lait censé être subventionné et se trouvent être obligés d’en assumer les conséquences. Sur les huit usines qui existaient, il n’en reste que quatre. Les industriels ont dû recourir à l’emprunt pour combler cet afflux de trésorerie manquant, mais ils ont atteint les limites de leurs capacités d’emprunt.

Du côté des éleveurs, le prix de ventre fixé par l’Etat ne suffit plus pour faire face à la hausse des coûts et à la fluctuation des marchés. Par conséquent, plusieurs éleveurs ont dû baisser le fourrage du bétail et/ou carrément vendre leur cheptel. Résultat des courses, la production de lait a été en chute libre depuis mai 2022 et le pays risque de consommer le stock de régulation.

 

Des prix de fourrage qui crèvent le plafond, des hausses successives des prix des carburants, des versements des compensations aux industriels en retard… Plusieurs facteurs ont mené à la crise du lait subventionné et non pas des spéculateurs malveillants comme l’affirme le président. D’ailleurs, la ministre du Commerce a affirmé mardi 6 décembre 2022, que la pénurie est due entre autres à l’augmentation du coût des fourrages. Le président, lui, n’écoute même pas ses propres ministres.

 

 

Ikhlas Latif

06/12/2022 | 14:36
5 min
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Commentaires
Ghassen
Un proposition
a posté le 08-12-2022 à 23:53
Il faut planter plus des arbres laitiers comme par exemple !
Pourquoi pas? Les poules c'est pas des mammifères non plus,
'Gardons un minimum d'honnêteté!
@Madame Ikhlas
a posté le 07-12-2022 à 20:23
je redonne une affirmation du Président de la République d'après l'article ci-dessus: "Y-a-t-il des vaches qui donnent du lait et d'autres qui donnent des yaourts ? Le lait, c'est du lait ! Pourquoi le fromage et le beurre sont disponibles ? Y-a-t-il des vaches qui donnent du lait écrémé et d'autres qui donnent du lait demi-écrémé ?"
-->
Oui, j'approuve. le Président de la République a complètement raison. En effet, en Tunisie, plus de 1 millions de litres de lait sont transformés par an en fromage, qui est en grande partie exporté ou pour une clientèle locale relativement aisée.
-->
Par conséquent, les familles pauvres en souffre...


@Madame Ikhlas: Certes, il y a une hausse des prix des fourrages, mais il est trop tôt de parler de manque de fourrage. En effet, on n'est qu'au début du mois de décembre. -->
le manque de fourrage se manifeste au plus tôt qu'au mois de février. nous avons encore suffisamment de réserves de la récolte de l'été dernier... Je suis enfant de paysan et je sais de quoi je parle.


@Madame Ikhlas: vous écrivez "Ali Klebi, vice-président de la Chambre syndicale des industriels du lait, a expliqué à plusieurs reprises, que l'Etat n'a pas payé la compensation aux industriels. Cela fait plus de quatorze mois que les professionnels produisent à perte le lait censé être subventionné et se trouvent être obligés d'en assumer les conséquences. Sur les huit usines qui existaient, il n'en reste que quatre. "
-->
Mais enfin, Madame Ikhlas, ce ne sont pas les usines qui produisent le lait, ce sont plutôt les fermes laitières (les éleveurs laitiers). --> Personnellement, je préfère encourager plutôt les éleveurs laitiers que de payer une compensation aux industriels de transformation du lait en yaourt, en fromage ou à le pasteuriser.


@Madame Ikhlas, vous écrivez " et non pas des spéculateurs malveillants comme l'affirme le président"
-->
@Madame Ikhlas, vous niez ainsi l'existence de toute spéculation en Tunisie:) Est ce que vous vous êtes demandé, si peut-être les soi-disant "industriels du lait" voudraient toucher la compensation par tous les moyens?

Fazit: il est temps de faire une étude empirique sérieuse de cette "crise de lait" afin d'en tirer des conclusions intelligentes et utiles.

Bonne Soirée, Madame Ikhlas

Pourquoi lire la guerre et la paix de Léon Tolstoï?
https://www.youtube.com/watch?v=ladmun3icQQ
Gardons un minimum d'honnêteté!
Errata
a posté le à 07:20
Je corrige seulement la faute d'inattention qui me dérange le plus:
Par conséquent, les familles pauvres en souffrent

Abidi3
Déni
a posté le 07-12-2022 à 17:57
Oui Mr c'est un déni vache écrit et développer par une vache qui voit vachement floue et qui se croit la vache avec les idées les plus vaches des vaches de l'après la pseudo révolution vache
Petit x
La loi de l'offre et de la demande met tout le monde à terre...
a posté le 07-12-2022 à 10:50
Lorsque la demande dépasse de loin l'offre pour n'importe quel produit de consommation le marché se dérègle: C'est l'épée de Damoclès de la fameuse loi économique de l'offre et de la demande qui est dressée sur la tête du consommateur et à laquelle les pouvoirs publics ne peuvent que constater les dégâts.

Pour le cas du lait en Tunisie, nous sommes actuellement en période de basse lactation; production faible de lait frais, pour des raisons de saisonnalité et en absence d'un stock report issu de la production du printemps dernier pour combler le déficit, le résultat ne s'est pas fait attendre; à savoir un manque flagrant dans le marché du lait demi-écrémé de grande consommation.

Les gesticulations et les accusations lancées par le Président K.Saeid aux différents opérateurs et aux supposés spéculateurs ne mèneront nulle part. La loi de l'offre et de la demande aura le dernier mot et la pénurie persistera jusqu'à la fin du mois de janvier 2023 (je l'ai dit personnellement et répété et je persiste et signe).

Autre chose, même si vous orientiez les quelques millions de litres de lait frais qui servent à produire les autres catégories de lait industriel (le 0% MG, l'entier,...) pour produire le demi-écrémé, vous n'aurez aucune chance d'éradiquer la pénurie tellement le Gap est important. C'est le bilan matière qui le dit, c'est pas le bla bla des populistes: N'est-ce pas Mesdames et Messieurs ceux du clan de K.Saied et notamment ses soi-disant conseillers ?

A partir de février 2023, l'équilibre entre l'offre et la demande va se rétablir en raison de la hausse de la production du lait frais avec l'entrée de la filière dans la période de haute lactation.

Mais la question qui se pose, est-ce que les industriels auront suffisamment de lait au printemps prochain pour constituer un stock suffisamment important pour combler le déficit attendu en automne-hiver de l'année 2023?

La réponse est non, pour la simple raison que les problèmes structurels de la filière ne seraient pas résolues en un claquement de doigts d'ici l'été prochain quand on sait que les éleveurs ont réduit leur cheptel. Donc et c'est dommage pour nos enfants ça sera "Rebelote" pour une nouvelle pénurie en 2023 pendant la basse lactation.

Une filière qui a été bâti pierre par pierre par des compétences de haut niveau le long de la décennie 90/2000 ne peut pas être redressée par des bras cassés en l'espace d'une année ; c'est impossible.

A bon entendeur salut. Prenez les devants dès maintenant pour amortir le prochain choc.
pifpaf
Pour faire simple
a posté le 06-12-2022 à 19:58
Un exemple parmi beaucoup d'autres !

https://www.facebook.com/watch/?v=545602750383663
takilas
Du sabotage qui se concretise.
a posté le 06-12-2022 à 17:08
Quand on sait comment nahdha incitait les éleveurs à jeter le lait en pleine rue, on peut conclure que leurs incitateurs sont des indignes sans scrupules qui ne pensaient qu'à soutirer l'argent de l'état tlobligeant à s'endetter auprès des banques mondiales dont le FMI.
Ils ont su au cours des dix ans de leur massacre socio-économique que les meilleurs sabotages sont possibles par la spéculation et l'affaiblissement de s finances de l'état, dont les recrutements à outrance dans la fonction publique à Tunis.
Maintenant, ils se mettent en traîtres derrière la barricade et veulent jubiler faisant semblant d'oublier qu'ils sont à l'origine du massacre.
Goma
disk rayé
a posté le à 16:56
tu pollues avec ton disk rayé, à répétition.
retraité
le prédident doit etre sur le terrain
a posté le 06-12-2022 à 16:31
il ne doit pas visiter une usine de mise en paquet ou en bouteille en plastique du lait il doit être sur le terrain et visiter i les vrais producteurs de lait et de la viande bovine il écoute leurs doléances et leurs problèmes et difficultés et leurs couts de leur production le commun des citoyens sait très bien qu'il y a une hausse vertigineuse de l' alimentation du bétail dont les principales composantes sont importées et leurs prix ont augmenté et aggravés par la dévaluation du dinar et par la spéculation des importateurs et des intermédiaire mainte fois on a importé le lait demi écrémé des Ardennes de Belgique au prix fort alors qu'il est judicieux d'étudier sérieusement les difficultés des éleveurs et de leur fixer un prix convenable pour qu'ils puissent continuer leurs activités et fournir à la population ses besoins en lait mais on a préféré d'importer du lait étranger avec des devises qu'on n'a pas . J'achète du lait entier directement de l'éleveur qui le vendait à 1,600 dinar le litre depuis deux semaines il a augmenté le prix à 1,800 dinar le litre et à ma question pourquoi cette augmentation de 200 millimes il m'a répondu que le prix de l'alimentation a fortement augmenté et je n'ai pas de subvention de l'?tat soit j'augmente le prix ou vendre mes vaches en Algérie et j'arrête mon activité je lui dit je suis d'accord avec vous, avant cette révolution l'?tat par l'office des céréales en cas de sécheresse aigu importe d 'urgence des bateaux de luzerne vert du mais et des tourteaux de soja et les distribue aux éleveurs par l'intermédiaire de l'UNAT , moralité de l'histoire L'?tat doit subventionner les producteurs des produits agricoles lorsque les prix baissent comme ce qui se fait dans l'Union Européenne ,dans l'Amérique du nord et dans les pays qui veulent assurer l'alimentation de leurs populations par la production locale il y a un dicton : maudit une société qui n'arrive pas à nourrir sa population .
veritas
Crise préparée depuis 2017.
a posté le 06-12-2022 à 16:03
La création de cette crise a commencé depuis 2017 avec l'anéantissement du cheptel via les ventes de vaches à l'Algérie voisine et par l'abattage dans les abattoirs'?'le résultat est là'?'on rajoute à cela la recette miracle de la spéculation pour affamer le peuple par les augmentations de prix à tour de bras '?'c'est l'une du programme de destruction du pays et des tunisiens ..les criminels islamistes ont beaucoup d'imaginations pour détruire ceux qui ne les suivent pas '?'les méthodes islamistes sont introuvables mêmes chez l'état hébreux qu'on accuse de tout les maux avec les palestiniens '?'ce qui a été fait par ennahba pour tout détruire dépasse les méthodes israéliennes et dépasse les méthodes de tout colonisateurs .