
À l’heure où les cryptomonnaies séduisent de plus en plus d’investisseurs, elles attirent aussi les convoitises… et les criminels. Parmi les dérives les plus inquiétantes figure une forme moderne de chantage : le cryptokidnapping. Que se cache-t-il derrière ce terme encore peu connu en Tunisie ? Comment s’en protéger ? Explications.
Qu’est-ce que le cryptokidnapping ?
Le cryptokidnapping désigne tout acte d’enlèvement ou de menace ayant pour but d’obtenir une rançon en cryptomonnaie, souvent en Bitcoin ou en Ethereum. Moins traçables que les virements bancaires, ces paiements numériques séduisent les criminels par leur anonymat relatif et leur rapidité.
On distingue généralement deux formes de cryptokidnapping :
1. Enlèvement réel avec demande de rançon en cryptomonnaie
Des individus sont physiquement enlevés, souvent ciblés pour leur richesse ou leur activité dans les cryptos. Les ravisseurs exigent alors une rançon impossible à bloquer ou à retracer.
2. Enlèvement virtuel ou menace numérique
Des cybercriminels simulent un enlèvement (d’un proche ou de vous-même), parfois avec des détails inquiétants glanés en ligne. Ils exigent un paiement en cryptomonnaie sous menace de passage à l’acte.
Des cas réels dans le monde
Afrique du Sud : un adolescent de 13 ans a été enlevé en 2018, ses ravisseurs exigeant une rançon en Bitcoin.
Inde : un trader crypto a été kidnappé par un groupe de policiers corrompus.
Royaume-Uni : des hackers ont menacé des familles d’enlever leurs enfants si une rançon en Bitcoin n’était pas versée, sans qu’aucun enlèvement réel ne soit constaté.
Et en Tunisie ?
À ce jour, aucun cas avéré de cryptokidnapping n’a été officiellement rapporté, mais les menaces virtuelles et tentatives d’extorsion en ligne se multiplient. Des internautes tunisiens reçoivent déjà des mails menaçants du type :
« Nous avons piraté votre caméra. Si vous ne payez pas 500 $ en Bitcoin, nous révélons tout à vos contacts. »
Il s’agit le plus souvent de bluffs, mais qui exploitent la peur et l’ignorance des victimes.
Comment s’en protéger ?
Pour les particuliers :
Ne jamais payer de rançon sans vérification
Ne jamais partager d'informations personnelles sensibles sur les réseaux sociaux
Ne pas cliquer sur des liens suspects ni ouvrir des pièces jointes inconnues
Activer la double authentification sur tous vos comptes
Pour les professionnels des cryptos :
Rester discret sur ses gains et ses portefeuilles
Utiliser des portefeuilles cold (hors ligne)
Éviter d’exposer publiquement ses adresses crypto ou QR codes
Que faire en cas de menace ou de tentative ?
Garder tous les échanges (emails, messages, etc.)
Déposer plainte auprès de la police technique (Direction de la Lutte contre la Cybercriminalité)
Signaler les adresses crypto suspectes sur les plateformes comme BitcoinAbuse.com ou via Interpol
Ce qu’il faut retenir
Le cryptokidnapping n’est pas de la science-fiction. C’est une nouvelle facette de la cybercriminalité, rendue possible par l'essor des cryptomonnaies et l’absence de régulation claire dans plusieurs pays. En Tunisie, même si ce phénomène reste limité, la vigilance s’impose, surtout à l’heure où de plus en plus de citoyens s’intéressent aux cryptos, parfois sans cadre légal.



