
On les chasse, on les maudit, mais on oublie parfois que les moustiques ne sont pas seulement une nuisance estivale. Ces insectes minuscules peuvent aussi être des vecteurs de maladies virales, parfois graves. En Tunisie, le risque reste faible mais bien réel, surtout avec le réchauffement climatique et l’intensification des échanges internationaux. Voici ce qu’il faut comprendre pour se protéger intelligemment, sans céder à la panique.
Les moustiques transmettent des virus après avoir piqué un être vivant infecté, souvent un oiseau ou un homme. Ils ne tombent pas malades eux-mêmes, mais deviennent porteurs du virus et peuvent le transmettre à leur tour à d’autres humains. Certaines espèces sont plus dangereuses que d’autres.
Le virus le plus préoccupant en Tunisie est celui du Nil occidental. Présent depuis plusieurs années dans le pays, notamment dans le Nord et le Sahel, il est transmis par le moustique commun, appelé Culex pipiens. La plupart du temps, ce virus ne provoque aucun symptôme, mais dans certains cas il peut entraîner de la fièvre, des maux de tête, des douleurs musculaires, et dans de rares situations, des complications neurologiques graves, comme une méningite.
Autre menace potentielle : la dengue. Encore absente sous forme autochtone en Tunisie, elle circule dans plusieurs pays méditerranéens comme l’Espagne ou la France. La dengue provoque une fièvre élevée, des douleurs articulaires importantes, une éruption cutanée et un grand épuisement. Elle est transmise par le moustique tigre, Aedes albopictus, une espèce désormais bien implantée dans plusieurs régions tunisiennes selon certaines observations.
Le chikungunya, autre virus transmis par le moustique tigre, provoque une fièvre brutale et de vives douleurs articulaires. Aucun cas local n’a été enregistré à ce jour en Tunisie, mais des épisodes épidémiques ont eu lieu en Italie, en France et dans d'autres pays du sud de l'Europe.
Le virus Zika, quant à lui, inquiète surtout les femmes enceintes en raison des risques graves pour le développement du fœtus. Très peu répandu, il a touché l’Amérique latine de manière spectaculaire en 2015, et des cas sporadiques ont été signalés en Europe. Le moustique tigre est là aussi le principal vecteur.
Faut-il s’inquiéter pour autant ? Non, mais il faut rester attentif. La présence du moustique tigre, même si elle est encore peu documentée officiellement en Tunisie, modifie la donne. Ce moustique prolifère surtout dans les zones urbaines, se reproduit dans de très petites quantités d’eau stagnante, et pique principalement en journée, ce qui le rend plus difficile à éviter.
La meilleure arme contre ces maladies reste donc la prévention. Il faut éliminer tous les points d’eau autour de la maison, utiliser des moustiquaires, des répulsifs adaptés, et porter des vêtements couvrants dans les zones à risque. Il est aussi recommandé de consulter rapidement un médecin en cas de forte fièvre inexpliquée, surtout si elle s’accompagne de douleurs articulaires, d’éruptions cutanées ou de maux de tête inhabituels.
À ce jour, la Tunisie ne connaît pas d’épidémie virale transmise par moustiques comme dans certaines régions tropicales. Mais les conditions climatiques, les mouvements de population et l’urbanisation rapide imposent une vigilance continue. Comprendre le rôle des moustiques dans la transmission des virus, c’est déjà faire un grand pas vers la protection de sa santé.


