Chroniques
Béji Caïd Essebsi tombe dans le piège de l'isolement
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Par Nizar BAHLOUL
Nous sommes le 19 mai, le printemps s’achève dans un mois normalement. Il en sera de même pour le Printemps arabe. Tout est une question de temps et d’hommes. De quoi a, concrètement, accouché le Printemps arabe chez nous ? D’une bande d’opportunistes autoproclamés révolutionnaires qui ont occupé le pouvoir et ont failli plonger le pays dans le chaos.
Il fallait un contre-pouvoir pour contrecarrer ces opportunistes médiocres et nos partis de l’opposition ont été incapables d’incarner ce contre-pouvoir.
Et puis vint Béji Caïd Essebsi et son parti Nidaa Tounes. A lui seul, aux derniers sondages, il accapare plus du tiers des intentions de vote. Et que ceux qui mettent en doute ces chiffres fassent appel à l’institut de sondage crédible de leur choix pour démentir les instituts nationaux Sigma et Emrhod.
Si l’on se tient aux seuls sondages, Béji Caïd Essebsi gagnera haut la main les élections.
Autour du président de Nidaa Tounes, on retrouve les éternels laudateurs qui ne cessent de répéter au « prince », matin, midi et soir, qu’il est le meilleur. On en est jusqu’à la « mounecheda » et au risque d’isoler le « prince ». Il reste encore un pas à faire et il a été franchi hier par le bureau exécutif de son parti. Béji Caïd Essebsi sera le candidat de Nidaa pour la présidentielle. Fermez le ban !
A force de s’entendre dire qu’il est le meilleur et le plus apte à briguer le poste, Béji Caïd Essebsi a fini, visiblement, par l’admettre et le croire. Est-ce réellement le cas ? A cette question assimilable à un crime de lèse-majesté, le devoir exige de dire que le doute est permis et qu’il ne faut crier victoire rapidement.
M. Caïd Essebsi a réussi avec brio sa mission de Premier ministre en 2011 en menant le pays vers des élections libres et transparentes.
Il a ensuite réussi avec maestria sa mission de contrecarrer le pouvoir de la Troïka. Il a sauvé le pays deux fois et il a raison de penser qu’il n’y a pas deux sans trois.
Sauf que la troisième option ne devrait pas passer par un mandat de cinq ans au palais de Carthage. Pourquoi ? Parce que le risque qu’il gâche son capital sympathie est nettement plus gros que les chances de succès.
Fort des sondages qui le donnent vainqueur, Béji Caïd Essebsi feint d’oublier que plus de la moitié de l’électorat ne s’est pas encore décidée. Entouré par un grand nombre de militants sincères, moins sincères et intéressés, il semble prendre le chemin d’une tour d’ivoire et s’éloigner de la réalité du pays profond et des préoccupations d’une jeunesse représentant la majorité de la population et de l’électorat.
On voit ce qu’il en a été avec Bourguiba, totalement isolé par les Saïda Sassi et Mohamed Sayyah. On voit ce qu’il en a été avec Ben Ali, totalement isolé par les Trabelsi, Abdelaziz Ben Dhia et Abdelwaheb Abdallah. On voit ce qu’il en est avec Moncef Marzouki, totalement isolé par des Tarek Kahlaoui, Imed Daïmi et Adnène Mansar.
Et puis il y a les luttes intestines. Aujourd’hui, à Nidaa Tounes, une véritable guérilla s’est installée autour de Béji Caïd Essebsi. Qu’en sera-t-il demain s’il est à Carthage ? Le pays supportera-t-il de telles batailles d’égo à la tête de l’exécutif ?
M. Caïd Essebsi a beau incarner l’espoir face aux révolutionnaires opportunistes, mais compte tenu de son âge, il peut difficilement incarner l’avenir. On a beau nier qu’il y ait eu une révolution en Tunisie, mais on ne peut pas nier qu’il y ait eu un changement dans l’Histoire et ce changement ne peut pas être incarné par une candidature de Béji Caïd Essebsi à la présidentielle.
On veut bien croire qu’il n’y a pas eu de révolution, mais la Tunisie de l’après-14-Janvier se doit de changer et d’apporter du sang nouveau. Un sang nouveau qui ne soit ni rétrograde comme les islamistes, ni revanchard comme les CPRistes.
En dépit de tout le capital sympathie qu’il porte et de tous les bons sondages qui lui sont attribués, Béji Caïd Essebsi ne représente pas ce sang nouveau dont la Tunisie a besoin demain. Ce capital sympathie et ces bons chiffres ne doivent pas profiter à Béji Caïd Essebsi, car ils risquent de l’envoyer au casse-pipe. Il serait plus judicieux qu’ils profitent à un poulain (élu ou désigné) capable à la fois de capitaliser les acquis de Nidaa Tounes et d’incarner l’avenir avec le sang nouveau espéré par les Tunisiens qui aimeraient bien croire qu’il y a eu quelque chose en 2011.
Nous sommes le 19 mai, le printemps s’achève dans un mois normalement. Il en sera de même pour le Printemps arabe. Tout est une question de temps et d’hommes. De quoi a, concrètement, accouché le Printemps arabe chez nous ? D’une bande d’opportunistes autoproclamés révolutionnaires qui ont occupé le pouvoir et ont failli plonger le pays dans le chaos.
Il fallait un contre-pouvoir pour contrecarrer ces opportunistes médiocres et nos partis de l’opposition ont été incapables d’incarner ce contre-pouvoir.
Et puis vint Béji Caïd Essebsi et son parti Nidaa Tounes. A lui seul, aux derniers sondages, il accapare plus du tiers des intentions de vote. Et que ceux qui mettent en doute ces chiffres fassent appel à l’institut de sondage crédible de leur choix pour démentir les instituts nationaux Sigma et Emrhod.
Si l’on se tient aux seuls sondages, Béji Caïd Essebsi gagnera haut la main les élections.
Autour du président de Nidaa Tounes, on retrouve les éternels laudateurs qui ne cessent de répéter au « prince », matin, midi et soir, qu’il est le meilleur. On en est jusqu’à la « mounecheda » et au risque d’isoler le « prince ». Il reste encore un pas à faire et il a été franchi hier par le bureau exécutif de son parti. Béji Caïd Essebsi sera le candidat de Nidaa pour la présidentielle. Fermez le ban !
A force de s’entendre dire qu’il est le meilleur et le plus apte à briguer le poste, Béji Caïd Essebsi a fini, visiblement, par l’admettre et le croire. Est-ce réellement le cas ? A cette question assimilable à un crime de lèse-majesté, le devoir exige de dire que le doute est permis et qu’il ne faut crier victoire rapidement.
M. Caïd Essebsi a réussi avec brio sa mission de Premier ministre en 2011 en menant le pays vers des élections libres et transparentes.
Il a ensuite réussi avec maestria sa mission de contrecarrer le pouvoir de la Troïka. Il a sauvé le pays deux fois et il a raison de penser qu’il n’y a pas deux sans trois.
Sauf que la troisième option ne devrait pas passer par un mandat de cinq ans au palais de Carthage. Pourquoi ? Parce que le risque qu’il gâche son capital sympathie est nettement plus gros que les chances de succès.
Fort des sondages qui le donnent vainqueur, Béji Caïd Essebsi feint d’oublier que plus de la moitié de l’électorat ne s’est pas encore décidée. Entouré par un grand nombre de militants sincères, moins sincères et intéressés, il semble prendre le chemin d’une tour d’ivoire et s’éloigner de la réalité du pays profond et des préoccupations d’une jeunesse représentant la majorité de la population et de l’électorat.
On voit ce qu’il en a été avec Bourguiba, totalement isolé par les Saïda Sassi et Mohamed Sayyah. On voit ce qu’il en a été avec Ben Ali, totalement isolé par les Trabelsi, Abdelaziz Ben Dhia et Abdelwaheb Abdallah. On voit ce qu’il en est avec Moncef Marzouki, totalement isolé par des Tarek Kahlaoui, Imed Daïmi et Adnène Mansar.
Et puis il y a les luttes intestines. Aujourd’hui, à Nidaa Tounes, une véritable guérilla s’est installée autour de Béji Caïd Essebsi. Qu’en sera-t-il demain s’il est à Carthage ? Le pays supportera-t-il de telles batailles d’égo à la tête de l’exécutif ?
M. Caïd Essebsi a beau incarner l’espoir face aux révolutionnaires opportunistes, mais compte tenu de son âge, il peut difficilement incarner l’avenir. On a beau nier qu’il y ait eu une révolution en Tunisie, mais on ne peut pas nier qu’il y ait eu un changement dans l’Histoire et ce changement ne peut pas être incarné par une candidature de Béji Caïd Essebsi à la présidentielle.
On veut bien croire qu’il n’y a pas eu de révolution, mais la Tunisie de l’après-14-Janvier se doit de changer et d’apporter du sang nouveau. Un sang nouveau qui ne soit ni rétrograde comme les islamistes, ni revanchard comme les CPRistes.
En dépit de tout le capital sympathie qu’il porte et de tous les bons sondages qui lui sont attribués, Béji Caïd Essebsi ne représente pas ce sang nouveau dont la Tunisie a besoin demain. Ce capital sympathie et ces bons chiffres ne doivent pas profiter à Béji Caïd Essebsi, car ils risquent de l’envoyer au casse-pipe. Il serait plus judicieux qu’ils profitent à un poulain (élu ou désigné) capable à la fois de capitaliser les acquis de Nidaa Tounes et d’incarner l’avenir avec le sang nouveau espéré par les Tunisiens qui aimeraient bien croire qu’il y a eu quelque chose en 2011.
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