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Aux terroristes de retour de Syrie, point de loi du repentir !
18/12/2016 | 15:59
7 min
Aux terroristes de retour de Syrie, point de loi du repentir !

 

L’ampleur de l’implication d’éléments terroristes tunisiens dans le conflit syrien n’est pas un secret. Alors que l’organisation terroriste Daech subit des revers et recule dans ses fiefs, la question du retour des Tunisiens ayant combattu dans ses rangs est de plus en plus persistante. En Tunisie, la grande majorité de la société est préoccupée par cette menace qu’ils représentent. Que faire de ces ambassadeurs de la mort quand ils tenteront de revenir dans leur pays ?

 

Le 6 décembre 2016, était diffusée une interview accordée par le président de la République, Béji Caïd Essebsi, depuis la Belgique, au journaliste d'Euronews Charles Charbel Salamé.

Interview dans laquelle le président est revenu sur plusieurs questions d’actualité dont notamment le retour des terroristes tunisiens combattant dans les rangs de Daech en Syrie.

« Nous n’empêcherons aucun Tunisien de revenir dans son pays. Ils s’agit-là d’un principe constitutionnel. Nous prenons nos précautions face à eux […] nous agirons avec chacun sécuritairement et politiquement en fonction de ses faits et de ce que dicte la situation et ce, avant et après leur retour », avait expliqué Béji Caïd Essebsi.

Plus tôt il avait abordé le même sujet dans une interview accordée à l’AFP, précisant que « la Tunisie, tout en restant très vigilante, n’a pas assez de prisons pour enfermer tous les djihadistes revenant des zones de conflits ».

 

Aucune pitié envers ces terroristes, disent les Tunisiens

Très vite, la toile tunisienne s’est enflammée, de qui accusent le président d’avoir en tête d’accorder la grâce à ces « revenants », ou pire encore d’avoir usé de la Conférence sur l’Investissement « Tunisia 2020 », pour marchander leur retour au pays. Dans la mesure où ces propos étaient intervenus juste après la passage, à la télévision tunisienne, et à une heure de grande écoute, d’un terroriste  « repenti » dans une émission de télévision très suivie, le mot « repentir » a suscité une onde de choc chez les Tunisiens aux plaies encore vives.  Société civile, personnalités politiques, organismes nationaux et partis politiques ont exprimé leurs inquiétudes et leur refus d’accorder la moindre pitié aux terroristes revenant des zones de tension, condamnant férocement ce que certains ont qualifié de « loi du repentir ».

 

Le lendemain de la diffusion de l’interview, la présidence de la République, publiait un communiqué dans lequel elle soulignait que le chef de l’Etat est garant du respect de la constitution dont l’article 25 stipule qu’il est interdit de déchoir tout citoyen de sa nationalité, de l’exiler, de l’extrader ou de l’empêcher de retourner à sa patrie.

« Le retour à la patrie est un droit constitutionnel et on ne peut empêcher tout citoyen d’y retourner quelle qu’en soit la raison, à condition que ce droit ne fasse l’objet d’une exception qui doit être prévue par une loi, conformément à l’article 49 de la constitution, selon lequel : La loi fixe les modalités relatives aux droits et aux libertés qui sont garantis dans cette constitution ainsi que les conditions de leur exercice sans porter atteinte à leur essence », pouvait-on y lire.

 

Saïda Garrache, conseillère auprès de la présidence de la République chargée de la société civile est intervenue le lendemain pour s’exprimer sur le retour en Tunisie des 3000 terroristes tunisiens qui ont combattu en Syrie et sur la manière dont ils vont être traités en Tunisie.

Après avoir rappelé l’article 25 de la constitution, la conseillère a précisé qu’ « il serait naïf de penser que les 3000 terroristes tunisiens revenant de Syrie vont revenir tous ensemble en masse dans un avion. Ces personnes vont plutôt privilégier les frontières tunisiennes avec la Libye pour revenir en Tunisie », ajoutant que sur ces 3000 individus, certains ont déjà été arrêtés par les sécuritaires tunisiens.

A propos des déclarations du chef de l’Etat, Saïda Garrache a précisé que les propos de Béji Caïd Essebsi signifient que la Tunisie est prête au niveau politique et sécuritaire à accueillir les terroristes tunisiens revenant de Syrie. « Ceux-ci seront emprisonnés ou placés sous surveillance électronique entre autres sanctions et il ne s’agissait pas d’apeurer l’opinion publique en sortant la carte des prisons surpeuplées » avait-elle conclu.

 

Le 10 décembre 2016, est publiée une autre interview de Béji Caïd Essebsi, cette fois accordée au journal  Al Arabya.net, dans laquelle il a souligné qu’il refuse catégoriquement de gracier les terroristes tunisiens qui combattent dans les rangs des organismes terroristes. Le président a assuré être totalement opposé à ce que l’on appelle « la loi du repentir » et a insisté sur la nécessité de traduire tous les terroristes devant la justice.

 

C’est dans un communiqué cinglant que l’UGTT s’est prononcée fermement contre ce qu’on appelle loi du repentir : « après que la Syrie ait réussi ou presque à éradiquer de sa terre des terroristes de Deach et des mercenaires, plusieurs indicateurs prédisent la fuite de ceux qui restent vers la Tunisie, sous couvert du "repenti" et du "droit des Tunisiens à revenir chez eux, pour faire passer la pilule de la normalisation avec ces terroristes ».

 

Que dit la loi antiterroriste au juste?

« Les auteurs des infractions terroristes prévues par la présente loi doivent être placés sous surveillance administrative pour une période minimum de trois ans, sans, toutefois, excéder une durée de dix ans », dit l’article 6 de la loi antiterroriste.

« Est exempté des peines encourues tout membre d'une entente ou organisation terroriste, tout auteur d’une entreprise individuelle visant à commettre l’une des infractions terroristes prévues par la présente loi ou celles qui lui sont connexes, qui communique aux autorités compétentes des renseignements ou informations permettant de découvrir l'infraction et d'en éviter l'exécution.

Le tribunal peut, néanmoins, placer le prévenu sous surveillance administrative ou lui interdire de séjourner dans des lieux déterminés pour une période ne pouvant, toutefois, excéder cinq ans », stipule l’article 8.

 

La loi antiterroriste tunisienne, d’ailleurs fortement contestée elle aussi pour avoir remis au goût du jour la peine de mort, envisage, selon les cas et le degré d’implication dans des actes terroristes, des peines allant de l’emprisonnement (à vie ou pour une période déterminée), d’amendes, ou encore la peine de mort.

L’article 79 de cette loi précise que « le Ministère Public est seul habilité à déclencher et exercer l'action publique résultant des infractions terroristes prévues par la présente loi et des infractions connexes commises en dehors du territoire de la République ».

« L'action publique ne peut être déclenchée contre les auteurs des infractions terroristes et des infractions connexes s'ils justifient qu'ils ont été jugés définitivement à l'étranger, et en cas de condamnation, qu'ils ont purgé toute leur peine, ou qu’elle est prescrite ou qu’elle a fait l’objet de mesures de grâce » stipule l’article 80.

 

En 2015, un Rapport de l’ONU a estimé que qu'il ya quelque 4.000 Tunisiens en Syrie, 1000 - 1500 en Libye, 200 en Irak, 60 au Mali et 50 au Yémen. Le retour de ces ambassadeurs de la terreur n’est certainement pas vu d’un bon œil  et constitue selon le ministre de l’Intérieur, Hédi Mejdoub, « un danger pour le pays ».

Les prisons tunisiennes sont, en effet, surpeuplées et des mesures bien spécifiques devront être mises en place pour accueillir ces « revenants ». Mesures à propos desquelles personne n’a vraiment parlé, « nous laisserons la justice décider, nous appliquerons la loi » s’évertuent à marteler les responsables, oui mais après ? Aurons-nous après les prisons pleines à craquer de fumeurs de cannabis, des usines à fabriquer des terroristes dans le pays ? Et comment la Tunisie prépare la prise en charge de ces « revenants » plus que dangereux?

 

Myriam Ben Zineb

18/12/2016 | 15:59
7 min
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Commentaires (29)

Commenter

EL OUAFFI 2
| 21-12-2016 14:22
Si Badji Caid Essebsi est président élu de voix majoritaire il est le seul a prendre les décisions qu'il juge pour l'intérêt du pays comme il sait qu'est ce qu'il entrain de faire il me semble que ce président a raison il a intérêt de le récupérer avec bien sure des précautions au lieu de laisser un peu partout dans le monde probable qu'ils seront utilisés par les escots pour autres missions qui menacent certains pays .
Peut être après leur sensibilisation ils seront utiles pour l'intérêt du pays ce qui est certain ils ont été bien formé militairement dans le champs sans charge de l'Etat .

Papillon
| 21-12-2016 09:00
Il est intéressant de lire le communiqué du syndicat sur ce sujet
Juger chaque revenant sur des principes generaux et les actes qui peuvent être documenté même si cela prend in décennie et aussi ceux qui les ont recruté, envoye, finance... Les pistes conduisent vers deux collines
Mont plaisir et Carthage du temps où y demeurer un demeuré

Linculte
| 19-12-2016 14:32
Vous êtes les dindons de la farce.
Comme la dinde aux marrons de Noel!!
Vous êtes les derniers informés parce qu'une grande majorité de vos terroristes après un long stage dans les pays du levant sont sur place, bien et prés de chez vous les incultes!!
Vous qui savez tout, mais en réalité vous ne savez rien de rien comme le veulent vos 2 gourous locaux et vous ne serez jamais informés de tout ce qui se passe prés de chez vous!!
Les aveugles non voyants et mal entendants seront toujours les dindons de la farce Islamo-Nidaiste.

tounsia2
| 19-12-2016 12:37
Chère amie,
Merci de me conforter dans mes idées; Je vous lis toujours avec plaisir et avec le plus grand intérêt (y compris dans les échanges houleux) et votre point de vue compte beaucoup pour moi.

Bonne journée

TOUTELAVERITE
| 19-12-2016 11:39
Une nation ou société ne peut pas avancer paisiblement si elle commet une faute dans son histoire!

LA VERITE ON VEUT LA CONNAÎTRE ET LA SAVOIR DANS SES MOINDRES FAITS !!!

Tous ces gens AMBRIGADES ( pour certains ou certaines, ils avaient à peine 14 ans/15 ans ) doivent nous raconter leur histoire afin que vous sachions, AU NOM DE LA VERITE, qui a fait quoi au sein de la société..ILS SONT UNE SOURCE D'INFORMATIONS que nous voulons TOUS CONNAÎTRE.

Quel a été leur rôle là-bas ?

PUIS les renvoyer dans les pays où ils ont prêtés main-forte pour être jugés.
Sans les arrêts des juges desdits pays qui décideront soit de les renvoyer à leur pays d'origine soit de les punir et maintenir en détention chez eux pour exécuter leur peine.

Une nation ne peut pas avancer ni vivre paisiblement..parce que les recevoir et ouvrir les portes des prisons ne résoudra AUCUN problème!!!

C'est retour dans les pays où ils ont été envoyés puis retour de ceux qui auront été jugés aptes à rentrer chez eux..JUGEMENT IMPARTIAL donc le RETOUR PEUT ÊTRE AUTORISE et le REPENTI ACCEPTE..et la NATION ou SOCIETE PEUT AVANCER SEREINEMENT!

N'OUBLIEZ JAMAIS CECI :
la lecture de la constitution tunisienne a été faite par les différents protagonistes occidentaux qui sèment la terreur à travers le monde et qui nous ont conseillé leur loi antiterroriste à leur sauce et à savoir : art 25 " on ne peut extrader et retour à la peine de mort ".

La mort est trop facile :
qui la société va-t-elle exécuté ? : " celui qui veut nous raconter des choses et dont certains voudront sa mort pour étouffer l'affaire ou celui qui la mérite vraiment ??? "

Dans le doute, la mort doit être exclue...ILS SONT TOUS TEMOINS DE QUELQUE CHOSE OBLIGAREMENT!

Et leur histoire doit être connue de la population : des interrogations filmées en directe puisque tout le monde dit qu'il n'y a rien à cacher!

Puis le retour au pays où ils ont été envoyés et dans lequel ils ont participé pour être jugés par ce pays et non par la CPI ( en laquelle je ne met pas toute ma confiance ), reste une obligation..si la Tunisie et tous ses enfants veulent avancer sans avoir les mains entachées de sang et faire le deuil d'une page noire de leur histoire, voilà ce qu'ils doivent faire AU NOM DE LA VERITE!!!

tounsia2
| 19-12-2016 11:38
Bonjour Ghazi,
C'est toujours un plaisir de vous lire. Merci d'avoir répondu comme il se doit à ce commentateur excité, ne serait-ce que pour lui montrer que nous ne sommes pas dupes comme il peut le penser !

Bonne journée

Tunisienne
| 19-12-2016 11:18


Bonjour chère Tounsia2,


Votre raisonnement est tout à fait soutenable dans la perspective du néolibéralisme et du néo-impérialisme armés... Et quand «on» a pu détruire l'Irak et la Syrie, pourquoi ne pourrait-on pas venir à bout de la très convoitée Algérie, infestée de traîtres dans ses voisinages et comprenant en son sein des «enfants en colère» dormants ?


Dans la logique du néo-expansionnisme sauvage, les questions pourraient être : «A qui le tour ?» et/ ou «Quels plans alternatifs au vu de la déconfiture en Syrie ?»...



Très bonne journée chère amie !


Ghazi
| 19-12-2016 10:59
Bonjour,
T'as vu ? Sobhanallah, entre samedi et Lundi 360° !! Impasse.
-Est-ce la réunion tenue hier à hammamet qui l'a décidé ?
-La vache, ça me rappelle un 6 Février 2012 à 20h, non ?

De toute façon, il y a un député du parti 'concerné' Y.Zoghlami qui a demandé officiellement une réunion 'Urgence absolue' de L'ARP' auj à 12h !!! C'était exactement identique avec Chokri e Brahmi..!

PS. Ni Mossad ni walou, un règlement de comptes entre maffieux islamistes surtout que le vrai CV et parcours de MZ depuis 1990 et surtout depuis Juin 2011 s'est éclaircit, vous avez raison DHEJ, nettoyage s'impose.

Dossier à clore, au suivant.
Slts

l'idiot du bled
| 19-12-2016 10:54
par rentrer au bercail mais ils auront droit à"FCR"**.

**FCR: Foutez le Camp Rapidement!!!

Tounsi Blid
| 19-12-2016 10:31
Une admistie aux djihadistes repentis ne veut pas dire qu' ils ne doivent pas faire l' objet d' une surveillance policière . bracelet de geolocalisation et actes de présence aux commissariat.
je pense que l' on peut "essayer d'assouplir " leurs retours pour dissuader les moins "enragés" de reprendre une vie normale !
de toute façon
plus la guerre en syrie et en irak dure
moins on aura de problème en tunisie !