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Attentat de Sousse : Comment la Tunisie gère l'après ?
20/07/2015 | 19:59
5 min
Attentat de Sousse : Comment la Tunisie gère l'après ?

 

Presque un mois s’est écoulé après l’attaque meurtrière de Sousse, le 26 juin dernier, qui a fait 39 morts et autant de blessés. Plusieurs jours après, un état d’urgence a été décrété dans le pays la Grande-Bretagne, suivie du Danemark, ont appelé leurs ressortissants à quitter la Tunisie et à éviter tout déplacement « inutile » en attendant que leur sécurité soit de nouveau garantie.

 

Les Britanniques ont été les plus touchés par l’attaque meurtrière de Sousse. Parmi les 39 personnes tuées, 30 sont de nationalité britannique. Si la Grande-Bretagne a attendu 15 jours pour mettre à jour son alerte voyageurs, le message de Philip Hammond a été sans équivoque. Les Anglais craignent pour leur vie en restant en Tunisie et ils sont invités, sans plus tarder, à quitter le pays et à rentrer en Grande-Bretagne. « Même si nous ne disposons pas d’informations précises signifiant une menace spécifique ou imminente, nous estimons qu’après l’attaque de Sousse, les risques de dangers réels ou de nouvel attentat terroriste sont hautement probables », peut-on lire dans le communiqué émis par le ministre des Affaires étrangères.

 

Aujourd’hui, une délégation tunisienne est en déplacement en Grande-Bretagne afin de convaincre le gouvernement anglais à revenir sur sa décision. Dans une déclaration au journal anglais The Guardian, le ministre tunisien du Transport, Mahmoud Ben Romdhane, a réagi à cette décision en déclarant qu’elle joue le jeu des terroristes à l’origine du massacre. « Le but de notre séjour à Londres est, d'abord, de présenter nos condoléances aux familles des victimes », a déclaré Ben Romdhane à la même source. « Deuxièmement, nous y allons pour convaincre les autorités britanniques que la décision qu'ils ont prise au sujet de la Tunisie devrait être révisée car elle est très douloureuse pour le pays et sert les intérêts des terroristes […] La Tunisie est un pays ouvert, nous n’avons pas de ressources naturelles mais comptons sur notre capital humain et notre ouverture sur le monde ».

 

La Tunisie compte en effet beaucoup sur les recettes touristiques en cette période économiquement difficile pour le pays. Les Britanniques présentent, par ailleurs, une part non négligeable des entrées touristiques.
Depuis le 14-Janvier, la Grande-Bretagne a été l’un des premiers pays européens à lever ses restrictions de voyage imposées aux touristes anglais. Selon les dernières données communiquées par l’Observatoire du Tourisme, la Tunisie a accueilli 341.188 touristes britanniques du 1er janvier au 30 septembre 2013. Le dernier attentat de Sousse, après celui du Bardo, a donc été un coup dur pour les Britanniques qui ont comptabilisé à eux seuls près de 78% des victimes.
Pour l’heure, 2 millions de nuitées ont été annulées alors que plus de 200.000 touristes ont renoncé à venir en Tunisie, selon des chiffres communiqués par Mohamed Ali Toumi, président de la FTAV (Fédération Tunisiennes des Agences de Voyage), qui avance par ailleurs que le taux des réservations annulées pour la saison prochaine avoisinerait les 95%.
Mais les restrictions imposées par les Britanniques après l’attentat de Sousse ne sont pas définitives, fait remarquer le Premier ministre britannique, David Cameron, à son homologue Habib Essid. « Elles seront révisées aussitôt que possible », précise-t-il. Mais les Britanniques attendent les garanties suffisantes afin de lever cette interdiction, ou du moins l’alléger. Nabil Ammar, ambassadeur de Tunisie à Londres, a déclaré que la Grande-Bretagne attend de voir les mesures prises par la Tunisie depuis l’attaque de Sousse afin d’être rassurée quant à la sécurité des touristes.
Depuis l’attentat de Sousse, la Tunisie, en état d’alerte, a multiplié les opérations et les arrestations de présumés terroristes. Durant la période allant du 11 au 20 juillet 2015, plus de 800 descentes ont été effectuées par les unités sécuritaires et près de 80 personnes, suspectées d’appartenir à des organisations terroristes, ont été arrêtées. Par ailleurs, près de 300 fonctionnaires, dont certains sont armés, ont été dépêchés sur les plages afin d’assurer la sécurité des vacanciers.

 

Mais le Royaune-Uni n’est pas le seul pays à avoir appelé ses ressortissants à la vigilance après l’attaque meurtrière de Sousse. La Tunisie est désormais considérée comme étant un pays à risque et la destination a mauvaise presse auprès des milliers de touristes pour lesquels elle représentait une destination de villégiature très prisée.
Le chef du gouvernement, Habib Essid, s’est, de son côté, rendu aujourd’hui Bruxelles, accompagné du ministre des Affaires étrangères et du secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes, afin de s’entretenir avec Frederica Mogherini, Haute Représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Gilles de Kerchove, coordinateur européen pour la lutte antiterroriste et Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne. Des rencontres qui porteront principalement sur les « moyens d’accroître la contribution de l’UE quant à la sécurité ainsi que le développement économique en Tunisie».

 

En attendant que des garanties suffisantes soient fournies aux touristes, neuf survivants britanniques à l’attaque terroriste de Sousse, ont annoncé leur décision de poursuivre en justice les agences de voyages et les propriétaires de l’hôtel où a eu lieu l’attentat, selon le quotidien britannique The Telegraph. Une décision à laquelle a réagi le secrétaire général de Nidaa Tounes, Mohsen Marzouk, sur Shems Fm, en déclarant : «Si on veut poursuive en justice le gouvernement tunisien, ce dernier saura se défendre».
Force est de reconnaître cependant qu’il y a vraiment eu bavure de la part des forces de l’ordre tunisiennes qui ont mis une bonne quarantaine de minutes à venir sur les lieux alors que le poste de police le plus proche se trouvait à quelques minutes du lieu de l’attaque. Manquement officiellement reconnu par Béji Caïd Essebsi et Habib Essid. Par ailleurs, d’après le témoignage de nombreuses personnes présentes lors de la fusillade, l’assaillant ne s’est arrêté de tirer que lorsque son chargeur s’est vidé.

 

Pour l’heure, la Grande-Bretagne, ainsi que nombre d’autres pays, seraient prêts à lever leurs restrictions, mais la Tunisie devra fournir les garanties nécessaires sur le long terme. « Si une autre attaque a lieu, l’Etat s’effondrera », avait déclaré sur un ton alarmiste le chef de l’Etat lors du discours présidentiel qui a suivi l’attaque.
Un mois après les faits, si les traces du carnage ont totalement été nettoyées et que les Tunisiens sont prêts, toutes dents dehors, à faire repartir la saison touristique en accueillant les rares touristes téméraires qui oseraient défier les avertissements lancés par leurs pays, la confiance ne sera, quant à elle, pas facile à rétablir.

 

Synda TAJINE

20/07/2015 | 19:59
5 min
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Commentaires (7)

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mjr
| 23-07-2015 08:23
Le probléme du tourisme est la conséquence de choix politiques du parti unique des années 60,suite a la sécheresse durant cette décennie et aux problèmes dans le secteur agricole principalement.
Ce choix a fait que le pouvoir s'est concentré sur le développement des hôtels et en est arrivé à oublier le reste avec des dérives dont certaines étaient prévisibles ou même remédiables prises a temps:
1/La première faiblesse a été l'absence de politique touristique qui se résumait en la construction et la location de chambres d'hôtels sur cote et il en est résulté uns"fausse croissance " sans développement réel profitant à toutes les couches sociales.
2/Ce choix a créé un déséquilibre grave entre les régions et a contribué à l'exode rural. A titre d'exemple Kairouan qui a une importance historique et islamique certaine, qui est à 50 Km de Sousse et Monastir, et qui était traversée par une ligne de chemin de fer n'a fait l'objet d'aucun investissement et se classe actuellement parmi les trois gouvernorats les plus pauvres du pays et chose plus grave ces choix ont contribué à ce que le littoral concentre 80% du produit intérieur brut.
3/L'entrée en lice d'opportunistes et d'affairistes et le laxisme dans l'octroi des crédits a fait que ce secteur a pris les caractéristiques d'une économie de rente c'est à dire qu'il suffisait d'être proche des cercles du pouvoir de contracter des crédits(en général surévalués)pour construire un hôtel qui se "remplissait tout seul" sans efforts. .
4/Malgré les avertissements des instances internationales ,les études et les diagnostics, et malgré la stagnation des recettes à un milliard huit cent millions d'euros depuis la fin des années 90 la politique de construction d'hôtels a continué de plus belle et l'endettement du secteur a atteint plus de 3 à 4 milliards de dinars et mettant à genoux le système bancaire.Certains dirigeants de banque ont affirmé "que les actifs de la banque comportent des engagements importants non couverts par des garanties suffisantes et 75% de ces engagements sont accordés à des entreprises évoluant dans le secteur du tourisme ".
5/Il faut prendre son courage à deux mains pour dire qu'il faut faire le choix de l'avenir en expliquant que ce n'est pas un secteur vital pour les générations montantes et constater que l'on ne développe pas un pays avec le tourisme et les services à faible valeur ajoutée, l'exemple de la Grèce étant là.
Il est peut être trop tard , mais mettre en place les reformes importantes comme celle de la fiscalité et du système éducatif, restructurer le secteur, combattre la corruption ,encourager les hommes d'affaires créant de la valeur ajoutée(et non pas les affairistes),classer les problemes par ordre d'urgence et consentir des sacrifices à tous les niveaux sont des conditions préalables à une amélioration de la situation .
Cela fait bientôt cinq années que les politiques occultent l'intérêt du pays et n'arrivent pas à dégager une vision claire qui rassure les citoyens et les investisseurs aussi bien nationaux qu'étrangers.

Talha Husseini
| 22-07-2015 08:19
En tant qu' hôtelier de la génération 1965, je constate avec beaucoup de tristesse que certains commentaires émis par plusieurs lecteurs sont virulents vis à vis des promoteurs et des propriétaires d'hôtels.
On leurs reproche à chaque fois et toujours leur expansion et les facilités bancaires qui ont obtenues pour créer des hotels et aussi des emplois.
Il faut se rappeler que durant la présidence de feu Bourguiba, on les a supplié d'investir dans le tourisme, encore vierge à l'époque.
Aujourd'hui, leur réussite ,leur succès ou leur fortune ils les doivent à leur sérieux.
Et leur échec, ils seront obligé de l'assumer en totalité.
Cette levée de boucliers est triste et injuste.

G&G
| 21-07-2015 15:25
Ce matin, voulant me baigner avec mon épouse je n'ai pas trouvé un mettre carré libre sur la plage. Toute les plage sont réservées. Toutes occupées par les les chaises longues et parasol vides appartenant aux hôtels et au bandits. J'ai du être viré par la force des videurs costauds pour revenir bredouille chez moi.

horstman
| 21-07-2015 13:01
La grande Bretagne ne fait que du chantage pour obtenir plus de licences de fourrages (gaz et pétrole)pas plus.

Et puis je ne vois pas la nécessité de cette excursion amicale sur le compte du contribuable.

Il y'a un ambassadeur anglais qui peut transmettre par courrier diplomatique toutes les demandes des autorités tunisiennes. Passer au dessus de sa tête c'est de l'amateurisme et la plus grande faute protocolaire.

tounsi anti chlayeks
| 20-07-2015 23:43
La famille de k3ar tanjra Driss dont tu parles sont les seuls qui ont rembourse tous leurs prets hoteliers et les banques en attestent. Tous leur salaries travaillent pour eux depuis des annees et des annees car ils les paient bien et en plus ils paient leurs impots! Quand au petit commercant ou contrebandier de benguerdane ye guerd il e paye pas d impot et il commerce des armes en plus de tuer le commerce et l industrie tunisienne ou ce qu il enen reste. Dits a ton imbecule de mentor de daimi cet autre ignorent et guerd que les millions de litres d essence de contre bande ne rentrent pas par la goule mais par ben guerdane quand aux dromadaires on les enverra petre en algerie ***

BHN
| 20-07-2015 21:58
Ce n'est pas en accueillant les Sarkozy, les Soros, les John McCain... au palais de Carthage (devenu un véritable paillasson) à savoir, celà même qui ont , de près ou de loin, installé le terrorisme en Libye et dans toute la région que nous allons pouvoir lutter efficacement contre le fléau terroriste.
Rappelons que les terroristes du Bardo et de Sousse se sont entrainés en... Libye.

Forza
| 20-07-2015 20:41
Elles vont pleurnicher et après le terrain au dinar symbolique, les crédits bancaires non remboursés, ils demandent et recevront des aides de l'état donc du petit contribuable. Entre temps le petit commerçant de Ben Guirdane mourra de faim et on lui dira, t'es un contrebandier dangereux, t'es presque un libyen, quel scandale. Les familles de qaar etanjra possèdent les fabriques, les fermes, font le commerce formel et informel, sont concessionnaires des marques de voitures, maitrisent la contrebande et président les clubs de foot. Les familles de qaar etanjra sortent indemne même après des révolutions. Ce n'est pas les propriétaires des hôtels qui vont souffrir mais ce sont leurs employés qui vont payer la facture du terrorisme.