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Ligne de financement ou crédit : quelle différence pour un État ?
08/04/2025 | 11:30
4 min
Ligne de financement ou crédit : quelle différence pour un État ?

Dans la gestion des finances publiques, les États ont souvent recours à des financements extérieurs pour couvrir un déficit budgétaire, soutenir un programme de réformes ou faire face à des situations d’urgence. Parmi les instruments les plus utilisés figurent le crédit classique et la ligne de financement. Bien qu’ils soient tous deux des moyens de mobiliser des ressources, ces deux mécanismes diffèrent sur plusieurs aspects fondamentaux. Comprendre ces différences est essentiel pour saisir les enjeux liés à l’endettement public, à la flexibilité budgétaire et à la gestion des priorités nationales.

 

Le crédit : un prêt classique aux conditions précises

Le crédit est sans doute la forme de financement la plus connue. Il s’agit d’un accord par lequel une institution financière, une banque régionale de développement ou un pays prêteur s’engage à fournir à un État un montant déterminé. Ce crédit peut être bilatéral (entre deux États), multilatéral (via des institutions comme la Banque mondiale ou le FMI), ou commercial (via des banques privées).

Dans le cas d’un crédit, le montant est fixe dès la signature du contrat. Les modalités de remboursement sont également définies à l’avance : le calendrier de paiement, les échéances, les taux d’intérêt et parfois même les conditions de décaissement. Les fonds peuvent être débloqués en une seule fois ou en plusieurs tranches, souvent en fonction de la réalisation de certaines conditions (réformes, audits, appels d’offres, etc.).

Un crédit est généralement utilisé pour financer un projet précis, comme la construction d’infrastructures, la modernisation de l’administration, ou la mise en place d’un programme de développement économique ou social. Il constitue une dette ferme, inscrite dans les comptes publics dès la signature, et son remboursement doit être prévu dans la stratégie budgétaire de l’État.

 

La ligne de financement : une souplesse dans l’accès aux ressources

La ligne de financement, également appelée facilité de crédit ou ligne de crédit, est un mécanisme plus souple. Elle fonctionne comme une réserve de fonds mise à disposition de l’État par un bailleur, avec un plafond global, mais sans obligation de tirer l’intégralité du montant.

L’État peut puiser dans cette ligne de financement en fonction de ses besoins réels, à n’importe quel moment pendant la période convenue. Il ne paiera des intérêts que sur les sommes effectivement utilisées, ce qui en fait un instrument plus économique en période d’incertitude.

Ce type de financement est particulièrement utile pour faire face à des situations imprévues ou temporaires, comme une crise économique, une pandémie, une catastrophe naturelle ou un choc externe. Il permet à l’État de disposer d’un filet de sécurité financier sans alourdir immédiatement sa dette.

Par ailleurs, certaines lignes de financement sont assorties de conditions liées à la gouvernance, à la transparence budgétaire ou à des réformes structurelles. Les décaissements peuvent alors être déclenchés au fur et à mesure que ces conditions sont remplies.

 

Deux logiques différentes de gestion budgétaire

La principale différence entre le crédit et la ligne de financement réside dans leur logique d’usage. Le crédit repose sur une planification stricte : on identifie un besoin, on évalue son coût, on contracte un prêt, et on rembourse selon un calendrier établi. Il convient donc à des projets bien définis, à moyen ou long terme.

La ligne de financement, en revanche, s’inscrit dans une logique de gestion de la trésorerie. Elle est utilisée pour absorber des chocs conjoncturels, lisser les dépenses ou renforcer la résilience financière de l’État. Elle offre plus de flexibilité, car elle permet d’agir rapidement sans lancer de nouveau processus d’endettement à chaque imprévu.

Dans les faits, un État peut recourir aux deux formes de financement, selon les circonstances. Par exemple, un crédit peut être contracté pour construire un hôpital ou une autoroute, tandis qu’une ligne de financement peut être mobilisée pour couvrir les dépenses urgentes liées à une flambée des prix des matières premières ou à une baisse soudaine des recettes fiscales.

 

Une question de stratégie financière

Le choix entre crédit et ligne de financement dépend aussi de la stratégie financière de l’État, de sa capacité de remboursement, de sa notation souveraine et des conditions imposées par les bailleurs. Certains pays disposent de lignes de financement auprès de plusieurs partenaires, qu’ils activent en cas de besoin. D’autres privilégient des crédits à taux préférentiels pour financer des investissements stratégiques.

Il faut noter que, même si la ligne de financement est plus souple, elle reste un engagement financier qui peut peser sur la dette publique une fois les fonds tirés. Elle doit donc être utilisée avec discernement, et son usage doit s’inscrire dans une vision claire de la gestion budgétaire.

 

En somme, le crédit et la ligne de financement sont deux outils complémentaires de la politique de financement d’un État. Le premier offre une stabilité dans le financement de projets planifiés, tandis que le second assure une marge de manœuvre face aux imprévus. La bonne combinaison de ces deux instruments permet à un pays de concilier rigueur budgétaire et réactivité économique, tout en maîtrisant l’évolution de sa dette publique. Le véritable enjeu n’est donc pas de choisir entre l’un ou l’autre, mais de savoir quand et comment les mobiliser, en fonction des priorités nationales et des réalités économiques.

 

 

08/04/2025 | 11:30
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Commentaires
Rationnel
Ligne swap entre banques centrales
a posté le 08-04-2025 à 12:43
La majorité des problèmes financiers de la Tunisie pourrait être résolue par l'établissement d'une ligne swap entre la Banque Centrale de Chine (PBoC) et la Banque Centrale de Tunisie (BCT).
La Tunisie fait face à un déficit commercial important, principalement avec la Chine. '? cela s'ajoutent des déficits significatifs avec la Russie, concernant surtout le pétrole et les engrais comme l'ammoniac, ainsi qu'avec l'Algérie pour le gaz naturel. Ce déséquilibre commercial constitue la principale raison qui pousse la Tunisie à s'endetter continuellement auprès des institutions financières internationales.
Une ligne swap de 6 à 10 milliards de dollars (ou plus) avec la Chine pourrait résoudre ce problème structurel. Plus de 40 pays ont déjà adopté cette stratégie avec succès, notamment le Pakistan, le Bangladesh et le Sri Lanka. La Tunisie pourrait, à l'instar de ces nations, renouveler cette ligne swap (essentiellement une ligne de crédit avec un taux d'interet moins eleve pusique on elimine les intermediaires et une monnaie qui sera devaluee par rapport a l'euro ) sur une base annuelle. Dans la région, Bank Al-Maghrib, la banque centrale du Maroc, dispose déjà d'une ligne swap avec la PBoC s'élevant à 2 milliards de dollars, démontrant la faisabilité d'un tel arrangement.
Dans le contexte actuel de tensions commerciales entre la Chine et les '?tats-Unis, cette solution présente des avantages stratégiques pour les deux parties. D'une part, la Chine cherche activement à développer de nouveaux marchés pour ses produits face aux restrictions américaines. D'autre part, la Tunisie a un besoin urgent d'accélérer son développement économique et sa transition énergétique. L'établissement d'une ligne swap créerait ainsi un accord gagnant-gagnant, permettant à la Tunisie de stabiliser sa situation financière tout en offrant à la Chine un partenaire commercial stratégique en Afrique du Nord.