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Chroniques
La présidentielle intéresse-t-elle encore les citoyens ?
Par Synda Tajine
24/09/2024 | 15:59
4 min
La présidentielle intéresse-t-elle encore les citoyens ?

 

La présidentielle est dans une douzaine de jours. On ne fait que parler de ce grand rendez-vous national depuis des mois. Au début, c’était pour savoir s’il aura réellement lieu, ensuite pour connaitre les noms de ceux qui seront autorisés à y participer. Et enfin, pour savoir s’il vaut encore le coup d’aller voter.

 

Mais, l’élément le plus important dans cette présidentielle ne sera ni le nom des candidats inscrits sur le bulletin de vote, ni l’entité juridique qui se chargera de trancher les litiges. Ce sera vous. Le citoyen, l’électeur, le petit Tunisien qui devra se déplacer aux urnes le 6 octobre et décider de cocher 1, 2 ou 3. Le citoyen qui s’insurgera contre le choix limité – et orienté – que le pouvoir lui laisse et qui exprimera son mécontentement en votant blanc. Le citoyen qui ne se déplacera même pas pour aller glisser un bulletin dans l’urne car il ne croit plus en cet exercice « démocratique », car il n’en voit plus – pas – l’intérêt ou car il ne comprend plus rien.

Ce citoyen, peu importe s’il choisit ou non d’aller voter, décidera (en théorie) du nom du futur locataire de Carthage, mais il déterminera, avant cela, le taux de participation au scrutin. Ainsi, il pourra répondre à la question existentielle : la présidentielle intéresse-t-elle vraiment encore les citoyens ?

 

Difficile de répondre à cette question lorsque le débat devient de plus en plus technique et inaccessible aux observateurs peu chevronnés. Il est déjà difficile, pour certains citoyens, de savoir qui est vraiment candidat et qui ne l’est pas. Lorsque certains candidats portent des présentations à rallonge : « Imed Daïmi, candidat à la présidentielle, débouté par l’instance électorale, mais réhabilité par le tribunal administratif, mais rejeté encore par l’instance électorale ». Lorsque l’un des trois noms inscrits sur le bulletin se trouve actuellement derrière les barreaux : « Ayachi Zammel, candidat à la magistrature suprême, mais absent à sa propre campagne ». Les citoyens s’intéressent-ils vraiment à ce genre de « subtilités » ?

 

Les candidats, officiellement retenus, devront faire campagne et se présenter en vertu d’une loi électorale qui sera amendée vendredi. Une loi électorale qui « n’a nullement besoin d’être amendée », mais qui « doit d’urgence être amendée » à une semaine du scrutin. L’électeur se soucie-t-il vraiment de ce genre d’incohérences ?

Le plus important pour le citoyen est de savoir qui sera le plus « intègre » des candidats, ou tout simplement qui sera « le moins corrompu ». Les futilités juridiques, les pleurnicheries des prisonniers politiques et les slogans creux de tous ceux qui se rapprochent de près ou de loin, à la « décennie noire » sont à écarter. Les programmes, eux aussi, comptent pour des prunes. « On nous a promis un réseau de métro à Sfax, des lignes de TGV reliant Tunis au reste du pays…et du Wifi gratuit pour tous » …

 

Cette présidentielle, plus que celles qui l’ont précédée, a été totalement vidée de toute substance. On ne cherche même plus à comprendre. Au fil des discours alarmistes, des accusations de traitrise, des théories de complot, il serait ridicule de s’attarder sur les détails. Il ne reste plus qu’une vision manichéenne du bien et du mal. Du Bon et du Mauvais. Il ne sert plus à rien de chercher à comprendre.

Même les élus ne semblent plus vouloir s’encombrer de ces « futilités ». Un groupe d’élus du peuple propose un projet de loi amendant la loi électorale. Scandale, à quelques jours du scrutin. Des confrères s’indignent et pourtant, plusieurs de ceux-là mêmes qui ont proposé ce projet ne savent pas ce qu’il contient, ce qu’ils débattent et ce qu’ils voteront vendredi. Peu importe, ce n’est pas le fond qui compte, mais de désigner des coupables à abattre et à éliminer. Toujours plus de coupables, toujours plus d’ennemis.

Au fil des accusations de corruption, des désignations des cibles à abattre et des discours de haine et de division, on ne s’encombre même plus de savoir si c’est éthique, si c’est réglementaire ou même si c’est légal.

 

Au final, le choix reviendra aux citoyens, aux électeurs (du moins en théorie). Ceux qui se soucient tout simplement de savoir si on peut désormais acheter un pack de lait, au lieu des deux briques autorisées. Ceux qui se demandent encore s’il y a du sucre, du poulet ou du beurre au supermarché. Ceux qui s’interrogent si leurs enfants auront, enfin, des professeurs pour leur faire cours à l’école. Ceux qui s’inquiètent de la sécurité de leurs adolescents autour des collèges et lycées. Ceux qui subissent tous les jours les aléas des transports pour arriver, toujours en retard, à leur travail et tous ceux qui économisent pour partir ailleurs.

Ces électeurs-là ne s’encombrent pas de savoir si c’est la cour d’appel ou le tribunal administratif qui tranchera les litiges électoraux ou le nombre d’affaires en justice que traine Ayachi Zammel pour une histoire de parrainages.

Au fil des années, la politique est devenue tellement saugrenue que le citoyen s’est trouvé occupé à aller voir ailleurs. Le pouvoir a bien effectué son travail…

 

Par Synda Tajine
24/09/2024 | 15:59
4 min
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Commentaires
ourwa
Intérêt général versus intérêts personnels?
a posté le 25-09-2024 à 16:54
Le problème n'est pas de s'interroger si " La présidentielle intéresse encore les citoyens ?", si ce vote aura lieu, si on connaitra les noms de ceux qui seront autorisés à y participer ou enfin si l'amendement de la loi électorale sera effectué prochainement. Avant de reconnaitre la légitimité d'un régime politique, il faut d'abord le connaitre et connaitre ses stratégies, même si l'on s'oppose à ses politiques et à ses choix de gouvernance... C'est dans ce sens que les taux de participation aux dernières consultations, référendaires et électorales, oscillant en 7% et 11% entre 2022 et 2024 s'avèrent significatives. Pour quelles raisons? En l'absence de tout sondages d'opinion à ce sujet, sondages interdits, il ne reste que les discours de la rue, y compris les réclamations des citoyens adressées au président KS lors de ses visites surprises un peu partout dans le pays; pénurie d'eau potable, prix exorbitants des produits de 1ère nécessité, chômage, problèmes de transport, vétusté des routes, écoles délabrées et/ou non raccordées à l'eau potable etc...Allez donc demander à ces damnés de la Terre Tunisie ce qu'ils penseraient de la loi électorale et de son amendement programmé, ou ce qu'ils penseraient de l'ISIE, de la désignation de ses membres, du Tribunal administratif et son rôle dans le jugement des conflits relatifs aux élections, rôle menacé par le dit amendement !... Et pourtant, ce sont ces même citoyens qui ont offert à KS ces pléthoriques taux de participation situés entre 7 et 11%. Ce ne sont pas eux qui on voté, mais leur couffin quotidien de plus en plus anémique et leur porte-monnaie plein de promesses mensongères et abjectes... Ce n'est pas que les régimes précédents étaient au contraire démocratiques et équitables, respectueux des libertés collectives et individuelles, créateurs de justice sociale, de prospérité et de croissance et ce depuis l'ère de Bourguiba, mais au moins les citoyens avaient une certaine reconnaissance de la légitimité du gouvernant du moment, fût-il un putschiste et mafieux comme ben ali, ou une marionnette obscure aux mains d'une secte islamo-fasciste qui a fini la destruction d'un pays entamée par ses prédécesseurs; les électeurs les ont élus, reniés et dégagés; ils les ont élus pour leur malheur. Oseront-ils reconduire pour un second mandat le populiste KS? même en supposant qu'ils sachent qu'il a perdu toute légitimité depuis un certain 25 juillet 2021?... Il faut constamment rappeler cette réalité : depuis ce 25 juillet 2021, le président KS a perdu toute légitimité en tant que président de la république, à l'instar de sa constitution de 2022, son ISIE, son ARP et son conseil des régions et des districts. Donc, logiquement, tout électeur digne de ce nom, soucieux de l'intérêt général, boycottera l'élection du 6 octobre prochain. Autrement, il contribuera à l'accroissement de sa propre misère et au rétrécissement de ses libertés... Boycott !
Aouadi
Democratie
a posté le 25-09-2024 à 11:05
La democratie selon business news est a l opposee de la volontee du plus grand nombre.
Vous pleurerez les 5 prochaines annees et j en suis heureux d avance.
ourwa
@ Aouadi
a posté le à 14:06
C'est bien d'avoir " répondu", mais si vous vous expliquiez, argumentiez, ne ce serait-il pas mieux ?
Djodjo
@aouadi, fière d'être soumis
a posté le à 12:13
Pour connaître la volonté du plus grand nombre encore faut-il qu'il y ait un vote honnête et que chacun puisse s'exprimer, c'est la base d'une civilisation digne.

Ton avis ne représente que toi et rien d'autre.
Aouadi
Tu pleureras
a posté le à 15:06
Tu pleureras aussi et ca me fait plaisir que tu enrages
Hassen
Beaucoup!
a posté le 25-09-2024 à 09:58
Elle interesse bien entendu ceux qui s attendent a ce le systeme de gouvernance et ses injustices economiques , regionales et sociales disparaisse une fois pour toute, comme elles interessent et font peur a tous ceux qui craignent de perdre leur hegemonie economique et politique, de voir
l accumulation de leur richesses illegales, leur evasions fiscale, leur corruption des politiciens et de la bureaucratie parasitaire s arret une fois pour toute, bien sur que les elections interessent...
Léonidas
Il ne faut pas .....
a posté le 25-09-2024 à 09:38
Il ne faut pas être sorti de Polytechnique pour interpréter le taux de participation:
S'il y a foule dans les bureaux de vote,comme du bon vieux temps d'Octobre 2011,avec des files dans la rue,c'est que le président sortant peut avoir des sueurs froides,car cela ressemblera davantage,à mon humble avis,à un Vote sanction avec un taux de participation atteignant allègrement les 60% et si par contre ce n'est pas le cas avec le désintéressement des citoyens comme on l'a vu lors des récentes élections post-référendum compris,c'est KS réélu dés le premier tour avec 97% des voix des votants pour un taux de participation ne dépassant pas,allez je vais être indulgent, les 20%.
Sans pseudo
Malgré la mort de l,'?tat de droit
a posté le 25-09-2024 à 08:22
IL faut voter et lutter jusqu'au dernier souffle, la liberté ne s'offre pas elle s'arrache ...
Nous créerons la surprise ÷)
Lucky Luke
1 2 3 Soleil
a posté le 24-09-2024 à 22:20
Mais, si vous êtes patriotes, vous savez bien qui voter n'est ce pas ? siedtou Rabbi --lé-- yne7ih ! 1 2 THREE, viva l'Algérie !

Sinon, le cas contraire, en temps normal, vous n'avez pas le droit de voter, car traître, vendu, sioniste et j'en passe les meilleurs...

Vous savez quoi, restez chez vous ! On votera pour vous.
L'état, en toute sa splendeur, au service du citoyen.
Abdoull
OUI
a posté le 24-09-2024 à 19:34
Oui, Pour sauver notre Tunisie. Kaiss Said President2024 2030 2050
Djodjo
@abdoul
a posté le à 08:13
LooooL, c'est super et ont est tous content pour toi, en voilà un qui n'aime pas les générations à venir, il leur souhaite à tous le pire.

Ce pays ne peut être sauvé que par les jeunes.

Ftouh
Notre martien ..et ses chambres noires
a posté le 24-09-2024 à 18:27
Il y a dans ces élections tellement de mauvaise fois que ce qui m'intéresse c'est le prix du smid et du zgougou.

Pour le reste l'isie nous fera ses acrobaties a s'en casser le cou.
Personne n'y croit a ses élucubrations.
Nos comiques ne font pas rires.
Nano
pas ma tasse de thé
a posté le 24-09-2024 à 17:10
j'hésite entre le boycott et aller voter contre KS..
en tout cas pour répondre à la question cette élection ne m'intéresse pas
Riri
Question
a posté le 24-09-2024 à 16:38
Est ce qu on peux aller en prison si on vote mal?