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Le spectre du chômage hante les Tunisiens
03/05/2020 | 16:59
3 min
Le spectre du chômage hante les Tunisiens

 

Si nul ne peut prévoir avec certitude l’entendue de l’impact qu’aura la crise du Covid-19 sur l’économie, les experts du monde entier s’accordent pour dire que la pandémie provoquera une récession sans précèdent. Le spectre du chômage hante les salariés, les petits commerçants, les artisans et tous les travailleurs au sein des entreprises ayant fermé leurs portes. Dès le confinement ciblé, les entreprises vont reprendre et essayer de surmonter la crise. Rien d’étonnant que dans ce contexte les salariés soient sur le fil au rasoir.

 

« L’impact du Covid-19 sur l’économie est important, la Tunisie enregistra la plus grande récession depuis l’indépendance », alerte l'expert en économie et ancien ministre des Finances Hakim Ben Hammouda à propos des ravages socioéconomiques de la pandémie. Ainsi, l’étude menée par Hakim Ben Hammouda, Hédi Bchir et un ensemble d’experts en économie prédit que la Tunisie enregistrera, sous l’effet du Covid-19, une récession de l’ordre de 3,9% et 160 mille nouveaux chômeurs en 2020.

Depuis le début du confinement général, de nombreuses entreprises ont changé leur mode de travail avec une partie de leurs effectifs en télétravail ou en chômage technique, d’autres ont complètement fermé. Tout cela ne peut pas demeurer sans effet sur les équilibres financiers des entreprises en impactant négativement leur capacité à payer les salariés ainsi que leur pérennité. Pour surmonter la crise, il est fort probable que ces entreprises recourent au licenciement ou au chômage partiel dans la mesure où le salarié est perçu comme le maillon faible.

 

D’après une étude de l’Institut arabe des chefs d’entreprises, réalisée les 12 et 13 avril pour un échantillon de 600 entreprises, 9,35% des entreprises tunisiennes n’ont pas pu payer en intégralité ou totalement (8,16%) les salaires du mois de mars.

42% des entreprises interrogées vont ainsi devoir licencier du personnel avec une diminution prévue de l’ordre de 30%. Cette diminution des postes d’emploi touche 46% des petites entreprises, 15% des très petites entreprises, 17% des grosses entreprises et 22% des moyennes entreprises. Cette réduction du personnel passera, en majorité, par le non-renouvellement des CDD (64,94%).

 

La Chambre tuniso-française de commerce et d'industrie (CTFCI) a réalisé de son côté une enquête auprès de la communauté de ses adhérents autour de l'impact du Covid-19 sur leurs activités concernant un échantillon de 146 entreprises opérant essentiellement dans les secteurs industriels et des services. L’enquête montre que 54% des entreprises tuniso-françaises envisagent de recourir au chômage technique. 84% pensent que la crise Covid-19 aura un impact négatif sur leurs activités, 70% sur l’emploi et 60% sur leur pérennité.

 

Par ailleurs, la reprise progressive à la normale, qui débutera à partir du 4 mai, semble être la solution du gouvernement pour limiter les ravages économiques de la pandémie du Covid-19. La stratégie du confinement ciblé présentée par le gouvernement jeudi 28 avril propose une réouverture progressive dont la première phase (du 4 mai jusqu’à 24 mai 2020) concernera 50% de la fonction publique, 50% de l’industrie, 50% du secteur des services, 50% du secteur du bâtiment et travaux publics (BTP), 50% des petits métiers et 100% des professions libérales.

Majdi Hassen, le directeur exécutif de l'Institut arabe des chefs d'entreprises (IACE) s’est insurgé vendredi 29 avril 2020 contre la reprise par étape de capacité : « Quelle est la signification de ce 50% ? Déjà pour respecter les consignes et protocoles de santé, avec les malades chroniques et les femmes enceintes, la capacité serait de 70%. Je ne suis pas d’accord avec cette stratégie. La reprise aurait pu être par secteu

« Nous sommes d’accord sur le principe, sur le fait qu’on ne peut plus supporter économiquement le confinement et qu'il faut un retour au travail », a-t-il soutenu. Et de rappeler les problématiques que traversent actuellement les entreprises, dont la grande majorité sont des PME et TPE, et qui sont dans l’incapacité de payer les salaires.

« Laissez les entreprises travailler, pour dépasser leurs problématiques d’avril et pourvoir assurer les salaires du mois de mai qui coïncide avec les fêtes de l’Aïd ! Laissez les entreprises travailler, pour une reprise économique et que tout le monde soit rassuré ! », a-t-il ajouté.

 

Evidemment, les mesures de confinement sont très couteuses sur le plan social et économique. Mais l’essentiel c’est d’assurer la levée progressive du confinement avec les moyens d’éviter un retour de la contagion et de faire en sorte que les salariés ne subissent pas la crise.

 

Imen Mehrzi

03/05/2020 | 16:59
3 min
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Commentaires
Skywalker
Analyses incompléte
a posté le 04-05-2020 à 14:40
Il n'ya pas que les salaires à payer. Certaines petites structures notamment celles de moins de 5 ans ont des charges énormes : Energies, loyers, Impôts, fournisseurs, où la part salariale ne dépasse pas 30% des charges fixes.

Généralement ces entreprises n'ont pas accès au financement et se battent tous les jours pour s'agrandir. il est temps de redéfinir le système de soutien aux entreprise qu'il soit bancaire ou autre. Aujourd'hui certaines structures peuvent payer les salaires de Mai au détriment d'une des charges d'exploitations essentielle à leur travail...l'équation est beaucoup plus complexe que de payer des salaires....