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Aïd El Fitr : le commerce informel prolifère sous l'œil bienveillant des autorités !
06/07/2016 | 19:00
6 min
Aïd El Fitr : le commerce informel prolifère sous l'œil bienveillant des autorités !

 

La contrebande et le commerce parallèle, constituent depuis déjà bien des années un vrai fléau en Tunisie. Leur impact économique sur le pays, de plus en plus touché par une crise profonde et disons-le, grave, n’a d’égal que la satisfaction qu’ils procurent aux consommateurs à qui ils offrent des produits adaptés à leurs bourses surtout quand les fêtes les ont bien vidées.

 

Ce cercle vicieux, rend la tâche d’en arrêter net l’hémorragie difficile et plutôt ardue. Le consommateur étant le premier à s’estimer lésé si on lui imposait d’acheter des produits locaux, qu’il n’a plus les moyens de s’offrir.

A la longue cette économie parallèle plombe l’économie du pays, creuse encore plus la crise et amène avec elle les conséquences sécuritaires et économiques qu’on connait.

 

Personne n’a osé dire stop et n’a pris les mesures radicales qui s’imposent. On se souviendra longtemps des propos du ministre du Commerce, Mohsen Hassen, qui au moment où le débat battait son plein sur les moyens de lutte contre le commerce parallèle en Tunisie, a lancé une véritable « bombe » dans la mare. Il avait annoncé sa disposition à ouvrir le dialogue avec les plus grands contrebandiers avec l’objectif d’intégrer ceux qui le désirent au circuit officiel, notamment en les aidant par les idées de projets, le financement et la commercialisation.

 

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Le ministre du Commerce, alors fraîchement débarqué à La Kasbah, a annoncé la création de la Commission nationale de suivi des prix, de la garantie de la périodicité de l’approvisionnement du marché et de la lutte contre la contrebande et le commerce parallèle. Une commission qui aura comme mission de combattre ce fléau et de réduire la part de l’économie parallèle, d’ici 2020, à 20%, de l’ensemble de l’économie nationale, au lieu du taux actuel dépassant plus de 50%.

Il avait même précisé que les services sécuritaires et douaniers possèdent une liste bien détaillée et actualisée des acteurs majeurs dans ce domaine.  M. Hassen, avait alors estimé que la lutte contre la contrebande pourrait se faire à travers, notamment, la mise en place de zones franches et l’intensification des contrôles aux points de passages frontaliers et à l’intérieur du pays.

 

Cette proposition, considérée comme insolite et inopportune, avait suscité un tollé de réactions qui a contraint le ministre à se raviser et « à clarifier » ses propos affirmant que ceux-ci ont été déformés et en soulignant qu’il demeure partisan d’une approche prônant la nécessité de trouver une solution globale pour lutter contre la contrebande. Une approche impliquant tous les facteurs adéquats, à savoir, ceux sécuritaires, militaires et socio-économiques.

 

 

Cette prise de position remonte à quelques mois et depuis, rien n’a vraiment changé. En nous baladant dans les villes de Tunisie, nous sommes toujours frappés par le spectacle désolant des commerçants anarchiques, qui pullulent dans les rues et qui vendent leurs produits, parfois même dangereux pour la santé, au vu et au su des autorités qui restent les bras croisés.

 

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Un jeu du chat et de la souris s’est même mis en place entre les polices municipales et ces vendeurs qui n’ont aucune intention de quitter leurs étals. Ce jeu nous avons pu le constater à Sousse, où un souk de friperies s’est installé dans l’une des entrées de la vieille ville. Depuis des mois, le nombre de commerçants fluctue au gré des passages de la police municipale. Cette friperie avait même complètement plié marchandises pendant quelques jours avant de reprendre ses étales, doucement mais sûrement.

 

En ces jours d’Aïd, le phénomène est à son comble. Les rues de Tunis, de Nabeul, de Mahdia et de bien d’autres villes sont submergées de pacotille, de détritus et prennent des airs de jungle et de foire sous les yeux ahuris des habitants.

 

Devant l’engouement des consommateurs pour ces produits pas chers, l’Organisation de défense du consommateur (ODC) a appelé les citoyens à faire leurs achats auprès des points de vente légaux, surtout en ce qui concerne les jouets pour enfants à l’occasion d’Aïd El Fitr. Elle a rappelé que ces jouets constituent un réel danger pour les enfants étant dépourvus des normes de qualité et vendus dans les marchés parallèles qui s’approvisionnent de la contrebande et de la contrefaçon.

L’ODC a souligné, à la veille des fêtes de l’Aïd,  que ces marchandises qui proviennent des circuits illégaux et ne sont pas soumis au contrôle, nuisent à l’économie nationale et au commerce du pays, recommandant aux consommateurs de tenir compte des facteurs qualité et prix quand ils font leurs emplettes pour l’Aïd El Fitr, appelant à n’acheter qu’auprès des locaux respectant les conditions d’hygiène.

 

Si l’ODC a appelé les Tunisiens à se détourner des produits de contrebande, l’Institut national de la consommation a, pour sa part, donné quelques raisons qui peuvent expliquer la récalcitrante des consommateurs à ce sujet.

En effet, l’INC a indiqué que les prix des vêtements de l’Aïd pour filles et garçons ont enregistré une hausse entre 10 et 15% par rapport à la saison précédente.
Tarek Ben Jazia, directeur de l’Institut, a précisé à la TAP,  que les prix des vêtements sont en hausse cette année par rapport au nombre moyen de personnes par ménage, aux dépenses du mois de Ramadan et besoins de l’Aïd El Fitr notamment en pâtisseries, jouets pour enfants et loisirs, outre la régression du pouvoir d’achat du consommateur tunisien au cours des dernières années.

Le responsable a indiqué que l’enquête a révélé que les propriétaires des boutiques n’ont pas rénové la collection de vêtements et n’ont pas investi dans ce sens, ajoutant  que plusieurs marques commerciales opérant sous contrats de franchise, ont présenté des produits tout juste acceptables de point de vue qualité. 

Tarek Ben Jazia a, par ailleurs, évoqué, toujours selon la TAP, la grande dynamique enregistrée par le commerce des vêtements de la fripe qui connaît une nette reprise pendant l’Aïd !

 

Tout cela nous amène à nous demander si un jour la Tunisie pourra enfin déraciner ce mal qui semble faire tant de bien à une bonne partie de ses citoyens mais qui finira, à la longue, par la mettre à genoux. Il est vrai qu’au-delà des aspects sécuritaires, économiques et sanitaires, ce commerce offre à une certaine frange de la population la possibilité de posséder des biens de consommation hors de leur portée dans les circuits réguliers. Néanmoins, une conscience collective, doit émerger pour comprendre et intégrer le fait que tout ceci n’est qu’un mirage et que le réveil sera très dur.

Oui, la contrebande rend les pauvres moins pauvres ou du moins le leur fait croire, en réalité elle ne fait que creuser davantage, et de jour en jour, le fossé dans lequel ils seront les premiers à tomber.

Un pays dont l’économie est sous défibrillateur ne doit pas hésiter à prendre les décisions qui font mal, qui fâchent et que nous attendons depuis des lustres, par crainte peut être de provoquer le nid de guêpes qui se cache sous ces réseaux ou par peur de heurter son peuple à qui il ne fait en réalité que plus de mal !

 

Myriam Ben Zineb



Photos prises à Nabeul en date du 6 juillet 2016

06/07/2016 | 19:00
6 min
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Commentaires (8)

Commenter

mongi awadi
| 08-07-2016 21:10
à part les gauchistes qui veut de toi dans son pays ?
ah oui, les islamofascistes pour qui l'inégalité et le racisme sont les principes fondamentaux

HatemC
| 08-07-2016 11:16
L'informel c'est de l'incivisme @ l'égard du reste de la population ....

800 000 (voir +)Tunisiens ne paient pas leur impôt, manque à gagner pour le Trésor Tunisien, c'est ce fléau qu'il faut combattre, combattre le commerce parallèle.

L'économie souterraine ?

Le chiffre est sans appel, 40% de l'emploi du secteur privé Tunisien est actif dans l'informel.

Plus de 80% de ces effectifs travaillent dans la construction immobilière (travail non déclaré )... dans le commerce anarchique et le reste la contrebande transfrontalière ( Libye / Algérie )...

Il est vrai que l'économie informelle permet à des personnes en rupture avec le marché de l'emploi, de renouer avec l'activité économique.

Environ 800.000 (voir plus depuis 2011) tunisiens vivent directement de l'économie informelle aujourd'hui.

A combien estimerions-nous le manque à gagner en impôts directs et indirects pour l'Etat ?

A combien estimerions-nous le manque à gagner pour les caisses d'assurance maladie et de retraite auxquelles ces actifs ne cotisent pas ?

"ils disent " que c'est leur seul revenu ...
DONC ILS ONT DES REVENUS ...
POURQUOI NE PAS LE DÉCLARER ????

Comment voulez vous construire des écoles ou les rénover par exemple si plus personne ne paie ses CHARGES ?????

C'est une INJUSTICE à l'encontre de L'INTERET GENERAL, dans ce cas tous les salariés de ce pays arrêtent de côtiser ...

Finalement ces Beni Hilel mène la Tunisie à sa perte ...
Et les commerçants qui s'acquittent de leur charge ...
Ils ne sont pas lésés par ces voyous ???

... L'INCIVISME PLOMBE LE DEVELOPPEMENT ET LA CROISSANCE ...

De plus c'est à cause de la contrebande que les régions ne se développent pas ... l'informel plombe la production locale ... et aggrave le chômage et la précarité ... et augmente la voyoucratie et l'INSECURITE ...

L'informel permet @ ces gens de vivre me diriez vous !!! pour les dédouaners et leur trouver des prétextes ... c'est un héritage etc .... mais ils sont les fossoyeurs de la Tunisie et dans tous les domaines ...

La France aussi a sombré dans l'INFORMEL après la GM ... une politique volontaire a éradiqué ces trafics et permis à la France de se développer ...
C'EST UNE VOLONTÉ POLITIQUE ... les nôtres n'ont pas ce courage de casser ... briser l'informel et permettre à la Tunisie de retrouver un semblant de développement

Les attitudes à l'égard du travail en Tunisie ...
On travaille mal et pas assez, ce qui se répercute sur la productivité et compétitivité ...

Le Trafic en tout genre TRANSFRONTALIER doit être éradiquer ... le développement des régions ne se fera qu'avec des créations de zones franches @ l'instar d'ANDORRE par exemple ou Vintimille ...Hatem Chaieb

AntiDI
| 08-07-2016 10:23
La vente de ces produits a impact négatif sur l'économie du pays. En effet, les commerçants sont asphyxiés par les voyous installés devant les magasins. Ces derniers ne payent pas d'impôts, salissent nos rues et les grosses têtes qui importent de la camelote dépouillent les caisses de l'état de la maigre réserve en devise.
Pour remédier à ce problème, il suffit de couper l'approvisionnement de ces produits au niveau de points de passage frontaliers maritimes ou terrestres.
Ce qui manque pour l'instant c'est la volonté du gouvernement pour passer à l'acte.

nazou
| 07-07-2016 14:26
Aucune égalité n'est naturelle.

La dictature de l'égalitarisme, est une grosse merde gauchiste socialiste !!!

La Tunisie doit sortir du système bourguibiste !!!

DHEJ
| 07-07-2016 14:14
Ni la police ni là douane ...


Le commerce dit informel est une TRANSFORMATION du système de la Tunisie


Un système qui doit conserver une égalité naturelle


Rien ne se perd et rien ne se crée. ..



Les ministres de l'intérieur, du commerce et celui des finances sur toutes la structure et non à l'amont Côme soulevé par NAZOU...

Car le ministre des Affaires Sociales doit mettre les mains dans la STRUCTURE. .. archaïque de l'état Tunisien. ..

déja-vu
| 07-07-2016 12:15
Le maillon faible de va-nu-pieds dégoutants qui occupent les rues est insignifiant, et tout le monde le sait.

La caste des vaches sacrées intouchable et au-dessus des lois, qui ose en parler?

Combien d'immunisés(é) contre les lois?!

Combien de clans, d'influences, de mic-macs?

Les va-nu-pieds le savent et c'est pour ca qu'ils osent?!

nazou
| 07-07-2016 11:39
Les sécuritaires, dans plusieurs branches, nous font un kaka nerveux !!!
Un kaka nerveux contre la révolution !!!
Il faudrait que la douane fasse vraiment son boulot de filtrage !!
En amont !!!
Mais le veulent-ils vraiment ?

Il faudrait que la police fasse vraiment le boulot pour lequel, elle est payé !!!
Mais le veut-elle vraiment !!!

J'ai vu de mes yeux, des policiers assistés à une bagarre entre automobilistes, sans réagir.
Il avait fallu les cris de détresse d'une femme, pour qu'ils daignent réagir !!!

Alors faut-il virer tous les fonctionnaires, qui se font payer par l'argent du peuple.
Sans rien donner en contre partie, à ce peuple ?!

Pour ma part.
Que ces gros cons fassent leur BOULOT !!
Et qu'ils laissent la politique aux politiques !!!!

Abel
| 07-07-2016 09:10
De quelles autorités parlez vous? Ah j'ai oublié, c'est certainement" haibate eddawla" made in BCE!