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Fête de la révolution : des moments forts et des ratés
14/01/2015 | 19:47
4 min
Fête de la révolution : des moments forts et des ratés
Les Tunisiens attendaient avec curiosité l’organisation et le déroulement, aujourd’hui mercredi 14 janvier 2014, de la cérémonie officielle au Palais de Carthage à l’occasion de la célébration du 4ème anniversaire de la révolution en ce début de l’ère de la deuxième république. Or, le prestige tant voulu par le président de la République, Béji Caïd Essebsi, n’a pas résisté à la pression populaire exercée par les représentants des familles des martyrs et des blessés de la révolution qui protestaient contre ce qu’ils considèrent comme étant une marginalisation.

A tout seigneur, tout honneur, commençons par la cérémonie officielle qui a démarré ce matin au palais de Carthage où BCE a salué le drapeau tunisien au son de l’hymne national et passé en revue un détachement d’honneur des trois armées, avant de se rendre dans une salle comble. Bon à souligner, d’abord, le nombre très élevé d’invités. On citera, notamment, les membres du gouvernement sortant, le président de l’ARP et des personnalités connues comme Mustapha Filali et Ahmed Mestiri, les veuves Belaïd, Brahmi, Nagdh et Belmufti ; l’ex-chef d’état major de l’armée, le général Rachid Ammar ; d’artistes comme Sonia Mbarek et Lotfi Bouchnak, des journalistes et directeurs de médias, des blessés de la révolutions et des familles de martyrs, des représentants de la société civile et des présidents des instances nationales comme Amira Yahiaoui, Sihem Ben Sedrine et Nouri Lajmi ainsi que des politiciens et chefs de partis comme Rached Ghannouchi, Yassine Brahim, Mohamed Frikha, etc.

Le premier moment fort de cette cérémonie a été, le discours prononcé par M. Caïd Essebsi qui a tenu à rappeler que la Tunisie fête en ce jour la révolution des jeunes et de la dignité avant de préciser que la première révolution a été celle ayant conduit à l'indépendance du pays et la 2ème a été la libération de la société et de la femme, le tout grâce à Bourguiba. BCE a traité, ensuite des problèmes de la corruption, de la pauvreté et du chômage qui ont provoqué une révolution ayant fait 330 martyrs, 4000 blessés et 16 morts parmi les membres des forces de l’ordre. Béji Caïd Essebsi a tenu, par ailleurs, à rendre hommage à Lotfi Nagdh qui a été lynché, à Chokri Belaid et Mohamed Brahmi dont les péripéties d’assassinat n’ont pas été élucidées, à ce jour. « Il s’agit là d’une marque de honte que nous nous devons d’éliminer en, a-t-il clamé, retrouvant les tueurs et les commanditaires ». Concernant les militaires tombés en martyrs dans la lutte contre le terrorisme, BCE a réaffirmé qu’il tiendra ses promesses en plaçant la lutte contre le terrorisme en tête des priorités de la Tunisie. Le président de la République a évoqué, également, les thèmes d’ordre international comme la cause de la Palestine et l’avenir de la région du Maghreb arabe. BCE a insisté, en fin de son allocution, sur l’importance d’un travail en harmonie avec les différentes parties pour la mise en place de la justice transitionnelle susceptible de garantir que les problèmes du passé n’aient plus lieu d’être.

Place, a été laissée, ensuite, aux décorations avec la remise des insignes de l’Ordre de la République aux représentants du Quartet en l'occurrence, le secrétaire général de l’UGTT, Houcine Abassi, la présidente de l’UTICA, Wided Bouchamaoui, le bâtonnier des avocats, Mohamed Fadhel Mahfoudh et le président de la LTDH, Abdessattar Ben Moussa. Il a également décoré les familles des martyrs Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi et Lotfi Nagdh ainsi que celle de l’agent de la Garde nationale, Mohamed Ali Charaâbi. Et c’est justement, au cours de cette scène qu’ont eu lieu les cris de protestation exprimés par des membres des familles des martyrs et des blessés de la révolution contre ce qu’ils considèrent comme étant un oubli de leurs droits et de leur situation ainsi que la révélation de toute la vérité sur les auteurs et les responsables des tueurs des martyrs. Ce cafouillage a entraîné une situation chaotique et la suspension de la cérémonie des festivités, sachant que les membres desdites familles ont été reçus, par la suite, par le président de la République en présence de Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire.

D’autres festivités ont été organisées en ce jour de fête avec des marches et des rassemblements dans plusieurs points de l’avenue Habib Bourguiba suite à un appel du parti Ennahdha et autres formations politiques ainsi que des composantes de la société civile, dont notamment l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT). Ce dernier a tenu à rappeler que les deux journalistes, tunisiens, Sofiène Chourabi et Nadhir Guetari sont kidnappés en Libye depuis plus de 100 jours.

En résumé, les festivités ont eu leurs moments forts et leurs ratés comme c’est le cas, désormais, lors de toutes les manifestations et des grandes occasions. Encore un test pour la nouvelle équipe de la présidence de la République qui fait ses premiers pas dans l’attente que les choses se stabilisent et que le nouveau pouvoir prenne la situation en main. Mais tout indique que sa mission ne s’annonce pas de tout repos.

Sarra HLAOUI
14/01/2015 | 19:47
4 min
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Commentaires (6) Commenter
Une célébration qui ressemble à un 7 Novembre
Sidi Teta
| 15-01-2015 18:22
Cette fois ci pas de doute : la révolution a été détournée par les parasites institutionnels et médiatiques qui se moquent du peuple depuis 60 ans

En attendant le prochain soulèvement , qui ne saurait tarder tant la colère du peuple est perceptoble
@kameleon78
ODIN
| 15-01-2015 13:08
Vous avez bien raison.Mais je suis sur que c'est une idée des "votants blanc" !Et sous la pression de ces mêmes démagos(défenseurs du petit peuple et des grands révolutionnaires)!
erreur dans le décompte
faouzi
| 15-01-2015 12:54
le président dans son discours à annoncer 200000 blessés. une "petite erreur" que vous avez vous même corrigée. je n'ose penser qu'elle aurait la réaction de BN si Marzouki était encore au pouvoir. amitiés
"LA REVOLUTION" FUT UNE IMPOSTURE DESTRUCTRICE
Bourguibiste nationaliste
| 15-01-2015 11:37
La "révolution" fut une chimère et une imposture. La soi-disant "révolution", qui n'a été qu'un mécontentement instrumentalisé par les islamistes, a transformé nos concitoyens en quémandeurs d'aides de toutes sortes. Regardez les prétentions fumeuses des soi disants « martyrs ». Avec la sinistre « révolution », tout chacun prétend maintenant avoir des droits sans aucune obligation ni devoir. Ceux qui ont laissé croire qu'il y avait eu une « révolution » portent une grave responsabilité car ils ont plongé les Tunisiens dans l'illusion euphorique et euphorisante. La démocratie n'a jamais résolu les problèmes économiques ; elle n'a jamais donné à manger à une grande majorité du peuple ; elle n'a apporté aucune sécurité. Elle a permis cependant à des islamistes opportunistes et leurs acolytes de tirer des profits scandaleux. La «révolution » est pour quelque chose dans le marasme et la misère qui sont le quotidien des Tunisiens. Nous ne sommes pas prêts pour la démocratie et la « révolution » ne fut qu'une imposture destructrice, comme c'est le cas en Libye et bientôt en Tunisie.


C'est Manifeste, Ces Goujats Ont Voulu Gâcher La Fête ?
james-tk
| 15-01-2015 00:14
Rien de mieux pour gâcher les festivités d'une journée historique ?
Ces représentants des "martyrs", dont certains sont des usurpateurs, ne rêvent que d'une seule chose, une réparation "pécuniaire", et rien d'autre ?
A-t-on vu les familles, de nos agents des forces de l'ordre, gendarmes et militaires, adopter la même posture de défiance, d'incivilité, et de goujaterie absolue, avec une farouche volonté de tout foutre en l'air, eux, qui ont perdu leurs chers enfants, frères, pères, et cousins, tombés depuis le 14 janvier 2011 à nos jours, au quatre coins du pays, dont certains ont été égorgés avec une rare sauvagerie, pour seul tort, qu'ils s'étaient dressés comme un solide barrage, nuit et jour, et comme un seul homme, face à tous les dangers qui continuent de menacer la sécurité des citoyen(ne)s ?
Sanctuaire de la République
kameleon78
| 14-01-2015 23:42
Ce n'est pas une bonne idée d'inviter la famille des martyrs à Carthage, il voulait se démarquer de son prédécesseur mais il a fait pareil. Ce n'est pas l'endroit approprié pour le faire, Carthage doit rester un sanctuaire de la République. Cela aurait pu se faire ailleurs dans un ministère par exemple ou une administration publique.