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Tunisie - Les humoristes des législatives
09/10/2014 | 1
min
Tunisie - Les humoristes des législatives
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Par leur étrangeté, certains candidats aux législatives font autant rire que pleurer. Décidément, leurs profils, discours, élocutions et looks amusent bien la galerie et servent de belles matières divertissantes pour nos chaînes publiques à la programmation habituellement fade. Cependant, leurs prestations laissent à s’inquiéter fortement sur la composition du futur parlement porteur de gros espoirs.

Pauvre interprète !

C’est avec un ton monotone et un débit rapide que le candidat de la liste «Le printemps arabe pour la réalisation de la souveraineté économique» avait présenté son programme électoral. Il lisait tellement vite que l’interprète pour les sourds-muets s’était arrêtée de traduire pendant un moment «Pauvre interprète ! Ses neurones ont dû cramer en essayant de suivre» a-t-on commenté sur la toile.
Tout au long des trois minutes, le candidat a la tête baissée et les yeux fixés sur la feuille. Il ne regarde pas la caméra et bredouille son texte. Trop pressé, semble-t-il, il colle les mots sans marquer ni point ni virgule donnant, ainsi, l’impression qu’il se coltine un fardeau dont il veut vite se débarrasser.



Le trac

Tel un écolier sérieux mais sans aptitudes, le candidat de Kasserine du « parti de Demain »  s’applique à bien faire mais n’y arrive qu’à moitié. Vraisemblablement, il a pris le temps de tout préparer avec soin et attention. Il a fait de son mieux, semble-t-il, pour être le plus élégant possible. On pourrait même dire qu’il a bien tâché de rédiger son programme dans un style clair et cohérent. Cependant, il a gravement échoué dans la phase cruciale de la lecture et était trop peu soigneux à cette étape. En effet, il lit sans souffler ni s’arrêter sauf vers la fin quand il a perdu le fil.
Pris par le trac aux dernières secondes de son discours, le candidat bégaie des fois et balbutie d’autres. « Je vous invite à voter et soutenir notre parti parce que (hésitation) nous avons un projet concret (le ton baisse) où vous pouvez contribuer (blanc)», balbutie-il.



Le flatteur

Le candidat du parti « La Voix du peuple » dont Larbi Nasra est le président ne tarit pas d’éloges sur son héros, M. Nasra. « Il est l’un des architectes de la révolution. C’est un homme pluri-disciplinaire. Il est capitaine de navire, pilote d’avion et homme de médias. C’est aussi un homme autodidacte qui a mis sa fortune au profit de son pays pour qu’en profitent les plus démunis», nous apprend-t-il.

Et d’ajouter «Et ce n’est pas tout, il était également le libérateur des médias au temps où l’ATCE étouffait les voix libres !».



La classe !

Le candidat à la chechia de « La Voix des Commissions révolutionnaires » mixe dans son programme pour la Tunisie plusieurs éléments disparates. En effet, il propose d’augmenter les réserves en devises en optant pour une économie islamique et en créant des caisses de Zakât. Si le candidat arrive à marier Zakât et devise, il ne réussit pas son coup avec les couleurs. Sa cravate rayée et sa chemise blanche sont fortement dépareillées. Il est en de même pour sa chéchia qui ne rime pas avec l’ensemble de ses vêtements.
« Même si l’habit ne fait pas l’élu, un minimum d’élégance est requis pour un candidat qui aspire devenir député », écrit-on en commentaire sous la vidéo.



Du consommé

Pour séduire les électeurs, certains candidats se servent, sans scrupule, de leurs statuts d’anciens opposants politiques et même de leurs peines et douleurs d’ex-prisonniers politiques.
Ainsi, avec un semblant de nostalgie, la candidate d’Ennahdha de la circonscription France 1, âgée d’à peine trente ans probablement, raconte des extraits de son enfance à l’exil. « Quand j’avais 6 ans, j’accompagnais mes parents aux manifestations contre l’ancien régime. On scandait devant l’ambassade de Tunisie en France : La Tunisie est libre et Ben Ali Dehors ! », dit-elle. Une manière de nous apprendre qu’elle n’a pas attendu le 14-Janvier pour faire entendre sa voix. Faisant toujours dans le sensationnel, la candidate du parti islamiste explique, plus loin dans son discours, la réussite de la Turquie, prise comme modèle par son parti, pour avoir été gouvernée par des « gens compétents et qui craignant Dieu ».

Un deuxième candidat qui représente la liste du mouvement Wafa en Amérique, a usé du même langage pour convaincre les Tunisiens de voter pour lui « J’ai été emprisonné, torturé et exilé », s’est-il exprimé.





A l’image de Kadhafi

Pour se démarquer des autres candidats, Farid Khdouma, la tête de liste du mouvement Wafa à Gafsa, avait opté pour une présentation théâtrale. Il a commencé son message en enlevant une bande de scotch qu’il s’était préalablement collé sur la bouche. Ensuite, il s’est mis à surfer sur les angoisses du retour probable de la dictature en mettant en garde les électeurs contre des choix qui pourraient « ramener à l’époque où on avait les bouches muselées ».
Dans son discours, le candidat se met à déchirer des feuilles qu’il avait devant lui pour dire que c’est le sort qui attend les « projets » sous la coupole du Bardo. Une image qui rappelle le colonel Kadhafi quand il a déchiré le texte fondateur des Nations unies, à la tribune de l'ONU.



Monsieur Propre

« Notre message est adressé uniquement aux électeurs qui veulent rompre avec les anciens (sous-entendant ici l’ancien régime) ainsi qu’avec ceux qui ont contribué à leur retour au pouvoir. Nous avons choisi comme logo une paire de ciseaux car ça rime avec notre volonté d’assainir », souligne le candidat du parti tunisien en indiquant qu’il souhaite faire le ménage dans les ministères de l’Intérieur, de la Justice ainsi que dans l’administration.
Le candidat demande aux « lèches bottes, aux mouchards et à ceux qui encaissent les coups sans broncher » de s’abstenir de voter pour lui. «Vous n’êtes pas concernés pas ma candidature », dit-il.



Jusque-là, dans cet article, les défaillances que nous avons pointé du doigt sont généralement dues à un amateurisme ou à un manque de volonté de bien faire de la part des candidats. Nous avons aussi mis en relief la négligence de quelques autres ou relevé les aspects ridicules de certains discours. En aucun cas, il n'était question de parler de tare innée chez un candidat ou même d'y faire allusion. Chose que le Secrétaire général du parti présidentiel, CPR, n'a pas manqué de faire. Imed Daïmi a, en effet,  partagé, sur sa propre page Facebook, un lien conduisant vers une vidéo d’un candidat d’Ettakatol qui souffrait d’un évident trouble du langage. Pourquoi Imed Daïmi a-t-il choisi ce candidat parmi d'autres? Ce n'est certainement pas pour rendre service à son ancien allié, Ettakatol, en l'aidant dans sa campagne. Si le but recherché était de rire du ridicule de certains candidats, il aurait pu tout aussi bien chercher des perles au sein de son propre parti...

Elyes ZAMMIT

09/10/2014 | 1
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