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La Tunisie ne peut être sauvée qu'après le départ des incompétents

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Troisième assassinat politique en Tunisie en moins d’un an et ce n’est pas fini. La révolution tunisienne commence à tourner au cauchemar et toute la crainte est de voir le pays ressembler au Liban des années 80 ou à l’Algérie des années 90.
Opposition, société civile et médias sont d’accord pour désigner le coupable du mauvais tournant qu’a pris la révolution tunisienne : la troïka au pouvoir et spécialement le parti islamiste Ennahdha.
Il y a des faits têtus et tellement expressifs que l’on n’a pas besoin de faire appel à des observateurs politiques avisés ou des analystes chevronnés pour comprendre ce qui se passe en cette Tunisie, berceau du prétendu printemps arabe qui ne garde du printemps que le nom.
Jeudi 25 juillet 2013, fête de la République rendue triste par l’assassinat, le matin-même, du député Mohamed Brahmi. Les citoyens, munis du drapeau national sortent spontanément dans la rue et crient leur colère. Ils ne sont ni violents, ni agressifs, ce ne sont que des citoyens qui crient leur colère et leur désapprobation de la politique menée par le parti islamiste Ennahdha. La manifestation n’est pas politisée, aucun parti n’est derrière et elle est bel et bien spontanée.
La police, héritière de décennies de répression, les accueille avec des gaz lacrymogènes et des matraques en plein centre-ville de Tunis.
D’un côté, une population en colère qui manifeste pacifiquement. De l’autre, une police qui mate le jour même de la Fête de la République.
Sans aucun doute, le pouvoir en place offre une réponse inadéquate à la situation. Et sans aucun doute, le pouvoir panique et prouve, une énième fois, son incompétence dans la gestion des crises. Voire dans la gestion tout court.
Illégitime de par la loi, puisqu’elle n’est censée être là que pour un an commençant à courir à partir du 23 octobre 2011, la troïka composée du parti islamiste Ennahdha et des deux partis dits laïcs le CPR et Ettakatol, s’éternise au pouvoir et applique la devise : « j’y suis, j’y reste ». Ses dirigeants crient sur tous les toits leur légitimité et menacent tous ceux qui la mettent en doute et appellent à la chute du régime. Tahar Ben Hassine, directeur de la chaîne télévisée Al Hiwar, l’apprendra à ses dépends puisqu’il fait actuellement l’objet d’une plainte déposée par la présidence de la République. D’après les chefs d’accusation, il encourt la peine capitale.
L’incompétence du pouvoir en place s’est caractérisée à tous les niveaux. Opposition, société civile et médias n’ont pas cessé de la dénoncer depuis des mois. En vain.
La justice continue à être manipulée, médias et artistes intimidés et menacés. L’administration est truffée de nominations partisanes, désignés pour leur loyauté et non pour leur compétence. D’après Jawhar Ben Mbarek, professeur de droit et analyste politique, sur les 4900 hauts postes de l’Etat, Ennahdha en aurait, déjà, 2200 propres à lui, nommés depuis son élection. Ennahdha a besoin de 1800 autres pour avoir la mainmise totale sur les structures de l’Etat de telle sorte qu’il n’ait plus peur des élections ou de Constitution.
Toute la bataille est là. Il se trouve qu’il y a maintenant urgence et le feu est à la maison. Avec l’assassinat prémédité de Mohamed Brahmi le 25 juillet, succédant à celui de Chokri Belaïd le 6 février, le temps n’est plus à la bataille, mais à l’action concrète.
Plusieurs partis ont appelé à la dissolution du gouvernement et de l’ANC et à la mise en place d’un gouvernement d’Union nationale. D’autres préfèrent un gouvernement de Salut national, tels Nidaa Tounes et le Front populaire.
Un groupe de démissionnaires d’Al Joumhouri, présidé par l’ancien ministre Yassine Brahim osera bousculer le politiquement correct et demandera la nomination d’un nouveau président de la République, désigné par consensus, d’un groupe d’experts pour rédiger la Constitution et la soumettre à un référendum et d’un gouvernement de salut national.
En clair, et pour une fois, toute l’opposition est d’accord sur ce constat : cette troïka démunie de sa légitimité légale, politique et morale, ne doit plus rester à la tête de l’Etat.
Du côté du pouvoir, on essaie de gagner du temps et de dire que la période de transition est quasiment finie et que les élections seront organisées avant la fin de l’année. Ce qui est une tromperie flagrante puisqu’il est matériellement impossible de tenir des élections en moins de cinq mois alors que l’ISIE n’est même pas définitivement constituée !
Rached Ghannouchi et Moncef Marzouki sont d’accord pour désigner le coupable de cette crise : les forces contre-révolutionnaires occultes qui ne veulent pas le bien de la Tunisie.
Aucune remise en cause et aucune autocritique. A entendre les différents leaders politiques de la troïka au pouvoir, ils n’ont aucune volonté de faire main basse sur les organismes de l’Etat, de falsifier les élections et de faire capoter la démocratie. Ce n’est pas eux, c’est les autres. Ils ont oublié les LPR qu’ils ont soutenues ou encore la loi de l’exclusion, visant leurs adversaires politiques, qu’ils ont longuement défendue et « qui passera coûte que coûte ». Ils ont oublié leur arrogance ou encore leurs menaces de mort, à peine voilées, proférées en Tunisie et à l’étranger. Dernière en date, celle de Sahbi Atig il y a à peine une semaine, en réaction à ce qui se passe en Egypte. Mais aussi celle de Marzouki et ses potences au Qatar. Sans oublier toute la tension soigneusement entretenue sur terrain par les LPR et les milices sur les réseaux sociaux. Ou encore la défense faite par le parti présidentiel et Ennahdha des assassins présumés du martyr Lotfi Nagdh.
L’objectif général étant d’intimider toute partie (politique ou médiatique) qui ose mettre à nu l’incompétence du pouvoir, par des faits et des preuves.
L’assassinat de Chokri Belaïd a sérieusement déstabilisé le gouvernement Hamadi Jebali qui a été acculé à démissionner. Mais cela n’a pas servi de leçon à la troïka restée au pouvoir. Les mêmes faits reprochés au gouvernement Jebali ont persisté.
La justice a continué d’être manipulée, des personnes innocentes se trouvent en prison et des personnes sur qui pèsent de lourdes charges continuent à jouir de leurs libertés.
On continue encore à chercher à exclure les adversaires politiques et on n’a pas cessé les nominations partisanes dans l’administration et les différentes instances de l’Etat.
Les mêmes faits produisent systématiquement les mêmes résultats, l’assassinat de Mohamed Brahmi aura les mêmes conséquences et ne se passera pas sans dégâts pour la troïka.
Les Tunisiens ne supportent plus la tension résultant de cette incompétence du pouvoir. Un pouvoir incapable de calmer les esprits et de remplir sa mission initiale : rédiger une constitution en un an.
En majorité, et à voir les manifestations spontanées, les médias et la société civile sont d’accord que ce pouvoir doit déguerpir. Et tout de suite !
Opposition, société civile et médias sont d’accord pour désigner le coupable du mauvais tournant qu’a pris la révolution tunisienne : la troïka au pouvoir et spécialement le parti islamiste Ennahdha.
Il y a des faits têtus et tellement expressifs que l’on n’a pas besoin de faire appel à des observateurs politiques avisés ou des analystes chevronnés pour comprendre ce qui se passe en cette Tunisie, berceau du prétendu printemps arabe qui ne garde du printemps que le nom.
Jeudi 25 juillet 2013, fête de la République rendue triste par l’assassinat, le matin-même, du député Mohamed Brahmi. Les citoyens, munis du drapeau national sortent spontanément dans la rue et crient leur colère. Ils ne sont ni violents, ni agressifs, ce ne sont que des citoyens qui crient leur colère et leur désapprobation de la politique menée par le parti islamiste Ennahdha. La manifestation n’est pas politisée, aucun parti n’est derrière et elle est bel et bien spontanée.
La police, héritière de décennies de répression, les accueille avec des gaz lacrymogènes et des matraques en plein centre-ville de Tunis.
D’un côté, une population en colère qui manifeste pacifiquement. De l’autre, une police qui mate le jour même de la Fête de la République.
Sans aucun doute, le pouvoir en place offre une réponse inadéquate à la situation. Et sans aucun doute, le pouvoir panique et prouve, une énième fois, son incompétence dans la gestion des crises. Voire dans la gestion tout court.
Illégitime de par la loi, puisqu’elle n’est censée être là que pour un an commençant à courir à partir du 23 octobre 2011, la troïka composée du parti islamiste Ennahdha et des deux partis dits laïcs le CPR et Ettakatol, s’éternise au pouvoir et applique la devise : « j’y suis, j’y reste ». Ses dirigeants crient sur tous les toits leur légitimité et menacent tous ceux qui la mettent en doute et appellent à la chute du régime. Tahar Ben Hassine, directeur de la chaîne télévisée Al Hiwar, l’apprendra à ses dépends puisqu’il fait actuellement l’objet d’une plainte déposée par la présidence de la République. D’après les chefs d’accusation, il encourt la peine capitale.
L’incompétence du pouvoir en place s’est caractérisée à tous les niveaux. Opposition, société civile et médias n’ont pas cessé de la dénoncer depuis des mois. En vain.
La justice continue à être manipulée, médias et artistes intimidés et menacés. L’administration est truffée de nominations partisanes, désignés pour leur loyauté et non pour leur compétence. D’après Jawhar Ben Mbarek, professeur de droit et analyste politique, sur les 4900 hauts postes de l’Etat, Ennahdha en aurait, déjà, 2200 propres à lui, nommés depuis son élection. Ennahdha a besoin de 1800 autres pour avoir la mainmise totale sur les structures de l’Etat de telle sorte qu’il n’ait plus peur des élections ou de Constitution.
Toute la bataille est là. Il se trouve qu’il y a maintenant urgence et le feu est à la maison. Avec l’assassinat prémédité de Mohamed Brahmi le 25 juillet, succédant à celui de Chokri Belaïd le 6 février, le temps n’est plus à la bataille, mais à l’action concrète.
Plusieurs partis ont appelé à la dissolution du gouvernement et de l’ANC et à la mise en place d’un gouvernement d’Union nationale. D’autres préfèrent un gouvernement de Salut national, tels Nidaa Tounes et le Front populaire.
Un groupe de démissionnaires d’Al Joumhouri, présidé par l’ancien ministre Yassine Brahim osera bousculer le politiquement correct et demandera la nomination d’un nouveau président de la République, désigné par consensus, d’un groupe d’experts pour rédiger la Constitution et la soumettre à un référendum et d’un gouvernement de salut national.
En clair, et pour une fois, toute l’opposition est d’accord sur ce constat : cette troïka démunie de sa légitimité légale, politique et morale, ne doit plus rester à la tête de l’Etat.
Du côté du pouvoir, on essaie de gagner du temps et de dire que la période de transition est quasiment finie et que les élections seront organisées avant la fin de l’année. Ce qui est une tromperie flagrante puisqu’il est matériellement impossible de tenir des élections en moins de cinq mois alors que l’ISIE n’est même pas définitivement constituée !
Rached Ghannouchi et Moncef Marzouki sont d’accord pour désigner le coupable de cette crise : les forces contre-révolutionnaires occultes qui ne veulent pas le bien de la Tunisie.
Aucune remise en cause et aucune autocritique. A entendre les différents leaders politiques de la troïka au pouvoir, ils n’ont aucune volonté de faire main basse sur les organismes de l’Etat, de falsifier les élections et de faire capoter la démocratie. Ce n’est pas eux, c’est les autres. Ils ont oublié les LPR qu’ils ont soutenues ou encore la loi de l’exclusion, visant leurs adversaires politiques, qu’ils ont longuement défendue et « qui passera coûte que coûte ». Ils ont oublié leur arrogance ou encore leurs menaces de mort, à peine voilées, proférées en Tunisie et à l’étranger. Dernière en date, celle de Sahbi Atig il y a à peine une semaine, en réaction à ce qui se passe en Egypte. Mais aussi celle de Marzouki et ses potences au Qatar. Sans oublier toute la tension soigneusement entretenue sur terrain par les LPR et les milices sur les réseaux sociaux. Ou encore la défense faite par le parti présidentiel et Ennahdha des assassins présumés du martyr Lotfi Nagdh.
L’objectif général étant d’intimider toute partie (politique ou médiatique) qui ose mettre à nu l’incompétence du pouvoir, par des faits et des preuves.
L’assassinat de Chokri Belaïd a sérieusement déstabilisé le gouvernement Hamadi Jebali qui a été acculé à démissionner. Mais cela n’a pas servi de leçon à la troïka restée au pouvoir. Les mêmes faits reprochés au gouvernement Jebali ont persisté.
La justice a continué d’être manipulée, des personnes innocentes se trouvent en prison et des personnes sur qui pèsent de lourdes charges continuent à jouir de leurs libertés.
On continue encore à chercher à exclure les adversaires politiques et on n’a pas cessé les nominations partisanes dans l’administration et les différentes instances de l’Etat.
Les mêmes faits produisent systématiquement les mêmes résultats, l’assassinat de Mohamed Brahmi aura les mêmes conséquences et ne se passera pas sans dégâts pour la troïka.
Les Tunisiens ne supportent plus la tension résultant de cette incompétence du pouvoir. Un pouvoir incapable de calmer les esprits et de remplir sa mission initiale : rédiger une constitution en un an.
En majorité, et à voir les manifestations spontanées, les médias et la société civile sont d’accord que ce pouvoir doit déguerpir. Et tout de suite !
Raouf Ben Hédi
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