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Tunisie - Le dialogue national, une dernière chance à saisir et réussir
16/04/2013 | 1
min
Tunisie - Le dialogue national, une dernière chance à saisir et réussir
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Toutes les parties prenantes dans la vie politique et sociale en Tunisie sont unanimes quant à la nécessité d’instaurer un dialogue national en cette phase de l’étape transitoire décisive pour l’avenir du pays, mais à chaque fois, on assiste à des ratés dans l’organisation ou à des voix discordantes refusant d’y participer.

Résultat, ni la Troïka, ni l’UGTT, ni la présidence de la République n’ont réussi, jusqu’à présent, à réunir toutes les composantes impliquées et intéressées par ledit dialogue qui, pourtant, s’impose pour réussir le finish de la période de transition démocratique.

La dernière et actuelle tentative d’établir le dialogue, entamée lundi 15 avril 2013 à Dar Dhiafa à Carthage par la présidence de la République, a été marquée également par des ratages et des absences remarquées.

Premier ratage, celui de « l’exclusion » d’Al Aridha, ce qui a engendré l’ire de son leader Hachmi Hamdi, allant jusqu’à déclarer son intention de déposer une plainte contre le président de la République et le chef du gouvernement. Puis, coup de théâtre : les conseillers du président Marzouki indiquent qu’il s’agissait d’un oubli et qu’une invitation, accompagnée d’excuses officielles, va être adressée à ce parti.

Ceci prouve, une fois de plus, cela soit dit en passant, que la présidence de la République, cette institution suprême, est gérée par des amateurs.

Ensuite, Al Massar a subi un traitement presqu’analogue. Le parti a boycotté ce débat national en signe de protestation contre la manière d’organisation du dialogue dans le sens où il a reçu l’invitation au dernier moment et sans ordre du jour clair.

Le porte-parole officiel d’Al Massar, Samir Ettaieb ajoute que la présidence de la République n’a plus aucune crédibilité  et qu’il s’agit d’une manifestation mise au point à la hâte en vue de faire redorer le blason de M. Marzouki après ses multiples déboires.

Plus encore, dans un communiqué rendu public, lundi 15 avril 2013, "Al Massar estime que la multiplication de ce genre d'initiatives peut être à l'origine d’éparpillement des efforts et peut entraver sa réussite. Al Massar réitère, par ailleurs, son attachement à faire participer de plus larges forces politiques, sociales et civiles à travers la réactivation de l'initiative de l'UGTT afin de parvenir à des accords sur les questions en suspens, à savoir, la Constitution, le calendrier de l'ANC, les instances réformatrices, la loi électorale et en vue de faire réussir le restant de cette deuxième période transitoire et d'acheminer le pays vers des élections transparentes et neutres".

Le Front populaire est absent, lui aussi, de ce débat. Un de ses leaders, Ahmed Seddik, estime qu’il s’agit d’une tentative de récupération de l’initiative proposée par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), mais avortée par un prétendu agenda présenté par la Troïka. C’est une déviation claire des véritables objectifs de la proposition de l’UGTT et fortement soutenue par feu Chokri Belaïd.

Le groupe Wafa refuse, pour sa part, d’assister aux travaux de ce dialogue, avançant des arguments démagogiques. D’un côté, Raouf Ayadi estime qu’il s’agit d’une comédie théâtrale et, Slim Boukhdhir, porte-parole de Wafa, de l’autre, réitère que son parti ne siègera pas aux côtés de représentants des « partis RCDistes de Nidaa Tounès et d’Al Moubadara » afin de ne pas leur conférer de légitimité.

Pour essayer de sauver les meubles, Maya Jeribi et Mouldi Riahi, d’Al Joumhouri et d’Ettakatol, ont été chargés de jouer les bons offices et de contacter les responsables des partis absents en vue de les convaincre de rejoindre les participants au dialogue. C’est dire que cette action de la présidence de la République est empreinte de précipitations et d’improvisations, générant omissions et ratés

Un fait remarquable et qualifié de significatif par les observateurs est à mettre en exergue. Il s’agit de la présence, côte à côte à ce débat, des dirigeants de Nidaa Tounès et d’Ennahdha. Un des leaders du parti Nidaa, Mohsen Marzouk, a précisé que son parti n’a aucun problème avec quiconque parce que la Tunisie est la patrie de tous les Tunisiens sans exclusion.

Quant à l’attitude de Wafa, il n’a pas manqué de mentionner que ce petit parti est issu de la dislocation d’un autre petit parti qu’est le CPR qui a implosé avant de déboucher sur quatre groupuscules insignifiants.

M. Marzouk a tenu à préciser, par ailleurs que son parti assiste à ce dialogue pour montrer aux Tunisiens qu’il faut garder espoir et aboutir, pourquoi pas, à un consensus à propos d’un programme pour la prospérité s’étalant sur dix ans.

Le processus, qui n’est qu’à son début, réussira t-il à faire sortit le pays du cercle vicieux dans lequel il se trouve depuis les élections du 23 octobre 2011 ? Un cercle vicieux de violences, de menaces de mort, de diffamations et de mensonges dans l’impunité la plus totale, un cercle vicieux d’escalades et de tensions, un cercle vicieux générant, la cherté de la vie, le surcroit du chômage, l’inflation, le surendettement, l’instabilité, l’insécurité, etc.

Ce dialogue est-il vrai et sincère ou s’agit-il d’une énième opération promotionnelle de la par de Moncef Marzouki qui voudrait, ainsi, tempérer les ardeurs et les critiques dont il fait l’objet actuellement ?

Pourtant, il suffit d’une réelle volonté politique pour redonner confiance aux différentes composantes du paysage politique et civil et, surtout, au commun des citoyens. Il suffit d’activer les démarches pour finir la rédaction de la constitution et mettre en place les trois Instances des élections, de la justice et des médias. Et, bien entendu, annoncer publiquement la date précise des prochaines élections.

Il ne faut pas oublier que l’ancien gouvernement de Béji Caïd Essebsi avait réussi à rassurer les Tunisiens et faire régner un climat assez calme grâce, en grande partie, à sa fermeté dans l’organisation des élections. Mais il faut dire que le gouvernement de 2011 n’avait pas une Assemblée constituante pour lui compliquer la vie.

C’est à croire que l’ANC est en train de créer les problèmes au lieu de résoudre ceux existants. Nombreux sont les analystes qui sont persuadés, étant donné l’aspect transitoire de l’étape, que l’ANC aurait dû se limiter à ses principales tâches pour lesquelles elle a été créée et élue. Cela aurait évité aux Tunisiens des tiraillements inutiles et aurait fait gagner au pays énormément de temps et d’argent.
 
Or, on ne le répètera jamais assez, ce sont les partis d’Ennahdha et ses deux alliés conjoncturels, avides de pouvoir et de chaises, qui ont conduit le pays à cette situation de doute et d’instabilité, d’où la multiplication des voix qui s’élèvent pour réclamer l’accélération du processus de consensus pour arrêter les dégâts, déjà considérables, et mener la Tunisie à bon port.
16/04/2013 | 1
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