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FMI et perspectives de l'économie tunisienne : Pourquoi n'est-on pas sorti de l'auberge ?
15/11/2012 | 1
min
FMI et perspectives de l'économie tunisienne : Pourquoi n'est-on pas sorti de l'auberge ?
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Kofi Annan a dit : « La seule voie qui offre quelque espoir d'un avenir meilleur pour toute l'humanité est celle de la coopération et du partenariat.» Peut-on alors croire qu’un avenir meilleur pour l’économie tunisienne se profilerait dans l’alliance avec des partenaires de la communauté internationale ? Parce que depuis la révolution du 14 janvier, singulièrement, la Tunisie s’est trouvé un joli cercle d’amis : tous veulent lui tendre la perche, car les dégâts, par surcroît, d’ordre économique sont copieux et pernicieux. Admirable, nous en convenons. Seulement voilà, une question nous taraudera toujours l’esprit : quel réel intérêt y a-t-il derrière cette troublante générosité ?
La Banque Mondiale et le FMI sont deux des institutions internationales les plus incontournables, jouant un rôle pivot dans le processus de soutien et de revitalisation du tissu économique des pays du monde. La Tunisie en faisant partie, a été le centre d’intérêt des experts de l’institution de Washington sous le frontispice « Perspectives économiques ».

A cet effet, la Banque Centrale de Tunisie, représentée par son gouverneur Chedly Ayari, a organisé, conjointement avec le FMI, représenté par David Lipton premier Directeur Adjoint, une conférence, mercredi 14 novembre 2012, à son siège. Au cours de cette rencontre, il était question d’un tour d’horizon des perspectives de la croissance économique mondiale, de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) et de la Tunisie.

Chedly Ayari s’exprimant sur la relation bilatérale engageant la Tunisie et le FMI, a attesté que : « le partenariat est aujourd’hui plus puissant que jamais ». Cet « aveu » a été remarquablement appuyé par David Lipton qui a souligné : « Bien que nous n’ayons pas de solutions prêtes pour remédier aux nombreux problèmes entravant la bonne marche de l’économie tunisienne, durant cette phase de transition, nous devons, tout de même, travailler avec plusieurs autres partenaires pour y faire face. » La franchise de Lipton est, sans aucun doute à saluer, toutefois, s’il y a bien un point fiévreux accablant l’économie nationale et tout le pays, c’est bien le manque voire l’absence totale de solutions concrètes et prêtes à être mises en oeuvre. Car les leçons en matière de politique économique et de processus de restructuration, notamment, sont classées sans suite, et ont gardé le titre de théories bien belles et jolies.

En revanche, David Lipton a déclaré que le FMI était prêt à s’engager envers la Tunisie sur le plan de l'assistance financière afin de satisfaire les besoins de haute priorité et restaurer les marges de manœuvre nécessaires. L’objectif étant d'éviter les ricochets d’une dégradation de la conjoncture internationale. Et, selon M. Lipton, cela dépendra du gouvernement qui devrait donner son aval aux opérateurs de l’institution, dans ce sens. A ce titre, ces derniers sont, actuellement, en plein pourparlers avec les autorités compétentes locales au travers de visites périodiques, de missions d’assistance techniques concernant les questions financières et budgétaires, ainsi que de travaux d’actualisation de l’évaluation du secteur financier. La Banque Mondiale a, de même, pris part à cette collaboration.

Muni de toute la bonne volonté du monde et d’un optimisme « à envier », Chedly Ayari, évoquant la conjoncture économique nationale, a souligné que : « 22 mois après le déclenchement de la Révolution, le processus d’évolution de l’économie tunisienne tout en étant vacillant, est, cependant, prometteur ». En effet, il a eu pour vertu d’affaiblir toute récession et ce, à l’issue de l’identification de la batterie des risques baissiers. Aussi, importe-t-il de mettre l’accent sur la nécessité d’appliquer les réformes indispensables, ce qui permettra l’affranchissement des difficultés et obstacles faisant entrave au processus de relance. Ce processus, pourrait, selon le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, être redynamisé grâce au développement du partenariat public/privé.

Par ailleurs, David Lipton a mis en vedette l’engagement des réformes propres qui seront à même de promouvoir une croissance solide et de créer des milliers d’emplois pour absorber un chômage chronique. Et pour rejoindre le raisonnement de M. Ayari, M. Lipton insiste sur le secteur privé, affirmant qu’il est inéluctable qu’il retrouve son dynamisme, rehausse le niveau de sa productivité et investisse davantage.
Aussi, est-il impératif, selon le responsable du FMI, de conforter l’intégration commerciale, d’améliorer le fonctionnement du marché du travail, de mettre au point des conditions équitables pour l’ensemble des investisseurs avec un climat d’affaires sain, et de simplifier l’accès au financement, et ce, eu égard au rôle du secteur privé dans l’alimentation d’une croissance énergique, durable et génératrice d’emplois.
Et David Lipton de mettre l’accent sur les difficultés inhérentes au ralentissement de la croissance économique dans le monde, profilant des prévisions à tendance baissière engendrée par la perturbation de la situation fiscale aux Etats-Unis et la crise de la Zone Euro. S’ajoute à cela l’envolée des prix internationaux des denrées alimentaires ainsi que du pétrole, sans omettre le conflit en Syrie dont l’issue incertaine brouille davantage les prévisions pour la région MENA et la Tunisie.

La rencontre Banque Centrale-FMI a levé le voile sur les intentions d’assistance et de partenariat de l’institution de Washington et les besoins urgents de l’économie nationale. Toutefois, ce qui préoccupe, est que l’on demeure encore au stade des constats alarmistes ; que l’on dépeigne encore un profil neurasthénique du paysage économique de la Tunisie. L’économie nationale est, certes, en grande difficulté, mais maintenant que les problèmes sont identifiés, que les propositions sont formulées, et que les opérateurs sont à disposition, il ne reste plus qu’à mettre tout cela en œuvre pour sortir de cette impasse.

Nadya B’CHIR
15/11/2012 | 1
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