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Tunisie - Hechmi Hamdi, tente un retour théâtral sur la scène politique

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Le leader du parti "El Aridha Echaâbia", Hechmi El Hamdi, a fait sa "rentrée politique" en fanfare. Il s’est distingué par une "présence virtuelle" remarquable aux médias, un discours par-ci, une lettre ouverte par là… Mais le fait saillant reste sa virulente réaction à la suite de la publication récente de sondages sur la popularité des différents partis politiques et les pronostics sur les prochaines élections. Est-ce un ras-le-bol général né d’un sentiment d’injustice et de frustration justifié, ou bien un lancement prématuré d’une campagne électorale législative et présidentielle?
Hechmi Hamdi, depuis son lieu de résidence à Londres, a affirmé sur les ondes de la radio Shems Fm en début de semaine, être victime d’une campagne de dénigrement et d’exclusion, dont le parti au pouvoir Ennahdha est l’un des principaux protagonistes. "C’est une vieille rancune! Ennahdha m’en veut parce que j’en faisais partie et je m’en suis séparé. Une rupture ne devrait cependant pas se dérouler de la sorte. Je deviens un rival politique, mais ceci ne justifie pas cette haine à mon égard, ni ce barrage dressé contre moi!". Il persiste à exprimer son amertume en déclarant : "On me déteste, je suis blessé et ma plaie est vraiment profonde. Depuis que j’ai été tout jeune, j’ai aidé les autres, notamment les militants d’Ennahdha. J’ai même soutenu plusieurs personnes et je leur ai facilité leur retour au pays. Eux, ils sont rentrés, mais pas moi", a-t-il affirmé, d’une petite voix attristée.
Hechmi Hamdi a, par ailleurs, prévenu les animateurs et les auditeurs de la radio, qu’ils «avaient affaire avec le futur Président de la République!», dans une expression claire, directe et imprégnée d’un fort sentiment d’assurance et de confiance en soi, qui frôle l’arrogance chez lui, contrastant parfaitement avec ses précédentes lamentations.
Ce leader du mouvement «Al Aridha», ne s’est pas contenté d’intervenir par téléphone dans des émissions radio, il a également publié, dans des journaux ainsi que sur la page officielle du parti, une lettre ouverte adressée à tous les citoyens tunisiens en langue arabe et dans un style oratoire direct, sous le titre «Les sondages manipulent les Tunisiens».
Cette lettre, motivée selon lui par sa volonté d’éclaircir certaines questions importantes pour l’opinion publique, s’adresse aux médias, aux partis politiques et à tous les Tunisiens.
M. Hamdi a commencé par amadouer les médias, envers lesquels il a exprimé son respect.
Il a ensuite déclaré que les sondages, qui ignorent «Al Aridha», induisent en erreurs les médias et l’opinion publique. Il qualifie même de «pitoyable le retour aux mêmes tromperies, qui ont été utilisées avant les dernières élections». Il a rappelé que les parties se trouvant derrière les sondages qui avaient précédé les élections de la Constituante et qui avaient ignoré jusqu’à l’existence même de son parti, avaient été "foudroyées" par les résultats obtenus et les scores réalisés. Contre toutes attentes, Al Aridha a eu le mérite d’occuper la deuxième position sur l’échiquier des puissances politiques dans le pays. Sauf qu’en dépit de cette victoire incontestable, Al Aridha a été la cible de campagnes de dénigrement et son leader a été qualifié de «populiste ainsi que de tous les superlatifs dégradants politiquement et moralement», selon les propres termes de Hechmi Hamdi, dans cette lettre ouverte.
M. Hamdi se pose des questions : Pourquoi, bien qu’il ait collecté plus de voix que Marzouki ou Ben Jaâfar, reste-t-il exclu ainsi que son parti de la vie politique ? Ne serait-ce pas là un dénigrement, voire du mépris envers les voix de centaines de milliers d’électeurs?
Hechmi Hamdi décrit ensuite la scène politique en la résumant par sa bipolarité : un gouvernement auquel on a donné sa chance, mais qui a échoué lamentablement d’un côté, et un retour des anciennes politiques contre lesquelles le peuple s’est révolté de l’autre côté. Et là, M. Hamdi présente son parti comme étant la solution de rechange, voire carrément une alternative qui pourrait remplacer ces deux pôles.
Il s’adresse alors au peuple tunisien, pour lui apprendre « sa » bonne nouvelle : "Chers compatriotes, je dispose de donnés qui prouvent qu’Al Aridha remportera une brillante victoire tant dans les élections législatives que celles présidentielles !". Il a ajouté : «Quand viendra le moment où "le gouvernement d’Al Aridha" sera formé des meilleures compétences du pays, et quand je prêterai serment pour devenir le Président de la République, à ce moment là, nombreux sont ceux qui se trouveront dans l’embarras», a-t-il conclu. Il n’a pas omis, dans ce contexte, de rappeler qu’une fois élu Président, il se chargera de suite à mettre en exécution son programme de gratuité des soins médicaux et des primes de chômage, alternant ainsi entre un discours émotionnel, sentimental et un discours qu’il présente comme étant pragmatique.
Hachemi Hamdi a, sans le vouloir ou délibérément (ceci dépend de la lecture psychologique et comportementale qu’on peut faire du personnage), fait preuve, par moments, de fragilité, de sensibilité, voire de vulnérabilité, et de force de caractère, de courage et de détermination, en d’autres moments. Il donne de lui l’image, à la fois, de l’enfant abandonné, maltraité ou oublié du pays, le brave militant, victime d’ingratitude et d’injustice, d’un côté, et le futur chef d’Etat, fort de sa popularité, fort de ses choix et confiant en se électeurs et partisans, d’un autre côté.
Dorra Megdiche Meziou
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