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Tunisie - Le commerce illicite, empoisonne la vie des politiques

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Nombreux sont ceux qui pensaient qu’avec le départ de Ben Ali, la contrebande, les importations illicites et la corruption douanière, disparaitraient ou au moins commenceraient à être limités. Sauf que le commerce illicite n’a fait que fleurir davantage avec les nouvelles mafias régionales.
Il s’agit, tout simplement, d’une passation du contrôle du «marché parallèle» des mains des Trabelsi et compagnie à celles de ces nouvelles mafias. Le fléau est toujours présent, notamment avec l’instabilité politique de la Libye et pèse encore plus lourdement sur l’économie nationale.
A peine sortie de l’euphorie révolutionnaire, la Tunisie s’est retrouvée face à des urgences, des attentes politiques et sociales, une transition démocratique difficile à réaliser, des centaines de milliers d’emplois à créer, un développement régional à instaurer, des solutions et des mesures à trouver et à prendre pour répondre positivement aux aspirations du vrai peuple. La situation est loin d’être évidente, c’est certain, mais le changement tarde à venir. Une grande partie de la population, y compris celle qui a voté pour un des partis de la Troïka, commence à perdre patience, ne voyant toujours pas des réponses à ses attentes, ni des solutions à ses problèmes.
Ironie du sort, il s’agissait bien d’un marchand ambulant avec sa charrette qui tracera, à jamais, la symbolique de la révolution. C’était en fait Mohamed Bouazizi, marchand de légumes non autorisé, donc illicite qui, pour survivre, a défié la police municipale. Et c’est également ce «commerçant anarchique» qui, par désespoir, s’est immolé et sans le savoir, a déclenché la première étincelle de la révolution tunisienne et, par conséquent, tout «le printemps arabe». Ironie du sort que ce soit précisément un «hors-la-loi» qui a fait basculer tout un régime.
Ceci étant, le commerce parallèle et illicite prospère toujours. Le ministère du Commerce explique la hausse des prix, en grande partie, par la contrebande et l’exportation illégale de marchandises vers les pays voisins. S’agissant notamment de produits alimentaires, les pénuries font grimper les prix. Ces pénuries ne sont pas dues, selon le ministère du Commerce, à des baisses de production, mais plutôt aux flux considérables de ces produits vers la Libye et l’Algérie.
Le ministère a, par ailleurs, affirmé que le choix n’est plus pour «la politique répressive» perpétrée par l’ancien régime contre les contrebandiers ou commerçants illicites, mais plutôt pour la sensibilisation et le dialogue. Le ministère veut ainsi miser sur le long-terme, par le changement des mentalités.
Quant au directeur général de l’Agence de Promotion de l’Industrie et de l’Innovation (APII), FeridTounsi, il s’est exprimé sur la question avec une approche «positive». En effet, M. Tounsi pense qu’en dépit de ses inconvénients, le commerce illicite présente plusieurs avantages à l’économie nationale. Il a ajouté, que le phénomène, répandu partout dans le monde, présente l’avantage de nourrir plusieurs familles par la création d’emplois.
De son côté, Abderrahmane Ladgham, ministre chargé des affaires de malversation, a déclaré que le problème de commerce illicite est loin d’être facile à résoudre car, il faut d’abord prévoir une refonte de la législation, avec en parallèle des mesures urgentes. «Il faut agir rapidement!», a-t-il ajouté.
Dans le même ordre d’idées, des personnalités du monde du commerce des produits pharmaceutiques, ont tiré la sonnette d’alarme dénonçant la recrudescence du trafic illégal des médicaments contrefaits, ou de produits cosmétiques non conformes aux normes de sécurité sanitaire. On parle même de risque de cancer de la peau dû à l’application de certaines lotions contrefaites de protection du soleil. Le risque varie d’une simple irritation cutanée à des lésions cancéreuses.
Des contrôles sanitaires ont, également, relevé l’existence de produits alimentaire en conserve et de certaines boissons gazeuses importées illicitement de pays voisins et présentant des risques considérables pourr la santé des consommateurs.
Sans être alarmiste, le phénomène de commerce illicite, à l’import comme à l’export présente des dangers considérables. Mais face aux divergences des positions officielles, on se trouve amené à se poser des questions. S’agit-il alors d’une urgence et d’un fléau, qu’il faut combattre, sans délai, ou bien alors, une des facettes de l’économie, avec laquelle, il faut composer?
La position du gouvernement n’est pas très claire à ce sujet. Entretemps, les étals anarchiques, fruits des importations illégales, étouffent le commerce légal. Et entretemps, les produits alimentaires de base dont de grandes quantités sont transférées illégalement vers les pays frères et voisins, font défaut aux marchés ou alors deviennent des produits de luxe que seuls les aisés peuvent s’offrir.
Entre la volonté d’atténuer les méfaits de ce commerce et la volonté de sauvegarder la coopération (notamment commerciale) avec les pays frères et voisins, les politiciens sont hésitants. Et entre fermeté et «diplomatie», l’ambiguïté persiste.
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