alexametrics
mardi 06 mai 2025
Heure de Tunis : 11:23
A la Une
Tunisie – Constituante : Discriminations dans les tractations
09/11/2011 | 1
min
Tunisie – Constituante : Discriminations dans les tractations
{legende_image}

L’Assemblée nationale constituante devrait tenir sa première réunion, le 22 novembre 2011, mais les tractations vont bon train entre les différentes composantes de cette assemblée. Elles ont même commencé juste au lendemain de la proclamation officielle des résultats.
Si le poste de Premier ministre reste bien l’apanage du candidat d’Ennahdha, Hammadi Jebali, les autres portefeuilles sont "distribués" au gré des humeurs et de rumeurs. Ainsi, et rien que la présidence de la République, elle a été "octroyée", tour à tour, à Mustapha ben Jaâfar, Moncef Marzouki, Béji Caïd Essebsi, Ahmed Mestiri et même Ahmed Ben Salah.
Quant au ministère de l’Intérieur, il est convoité par Mohamed Abbou, soucieux d’y faire « le grand ménage », alors que celui des Affaires étrangère fait les yeux doux à M. Ben Jaâfar, sans parler de ceux de l’Education et des Télécommunications pour lesquels plusieurs noms ont été avancés.

Or ces tractations ont eu lieu avant le coup de tonnerre enregistré avec le retour d’El Aridha sur la scène comme étant la troisième force « officielle » de la Constituante. En effet, les listes d’El Aridha avaient, au départ, 27 sièges. Mais l’Instance supérieure indépendante des élections en a décidé autrement en invalidant 6 listes et 8 sièges entraînant un nouveau dispatching des sièges. Salve d’applaudissements pour Kamel Jendoubi et l’ISIE qui ont répondu à « l’appel » de l’opinion publique et des Facebookers.
Le 8 novembre, coup de théâtre provoqué par le jugement du Tribunal administratif qui a décidé la récupération par El Aridha de 7 des 8 sièges invalidés par l’ISIE. Et nouvelle salve d’applaudissements pour le Tribunal administratif et l’indépendance de la magistrature tunisienne. Et du coup, re-dispatching des sièges à la Constituante où la Pétition populaire retrouve son 3ème rang juste derrière le CPR et loin derrière Ettakatol.

On aurait bien aimé avoir une déclaration du président ou d’un représentant de l’ISIE pour commenter et réagir à ce verdict du Tribunal administratif « désavouant » l’Instance de Kamel Jendoubi qui aurait pris des décisions approximatives, juste pour plaire à l’opinion publique. De tels éclaircissements seraient les bienvenus pour réaffirmer la bonne foi de l’ISIE et démontrer qu’elle a pris ses décisions loin des calculs étroits de la politique politicienne.

Pour revenir aux tractations, du reste légitimes et compréhensibles, même si elles sont qualifiées de prématurées et précoces par certains, elles dénotent un manque de maturité de la part des responsables des partis politiques qui se précipitent pour avoir des postes ministériels. Et dire qu’il ne s’agit que de portefeuilles dans un gouvernement, encore transitoire et d’une durée de vie ne dépassant pas un an. Théoriquement.
Ces tractations ont cependant lieu entre toutes les composantes de la Constituante, à savoir Ennahdha conduit par Hammadi Jebali, d’un côté et les formations dites progressistes, modernistes et démocratiques, de l’autre. Autrement dit, le CPR, Ettakatol, le PDP, le PDM et Afèk Tounès.
On constate, donc, que deux formations sont ignorées, pour ne pas dire bannies au sein du paysage de la Constituante, en l’occurrence le courant d’El Aridha de Hachemi El Hamdi – qu’on le veuille ou non – bonne troisième force, et Al Moubadara de Kamel Morjane qui a remporté autant de sièges que le PDM et mieux que Afèk Tounès.
Pourtant, ils font partie des élus de la Nation et le choix du "peuple". Leur mérite semble être grand dans la mesure où pour Al Moubadara la « réussite » relative a été obtenue malgré le boycott des médias et leur hostilité qui lui ont opposé un black out total, alors que pour Al Aridha, grâce à un travail sur le terrain, elle est parvenue à gagner des sièges presque dans chaque circonscription. Et ce, sans tapage médiatique et sans Facebook, un réseau qui a montré ses limites en cette circonstance des élections.

Pourquoi cette mise en quarantaine ? La raison invoquée concernant El Moubadara reste l’appartenance de Kamel Morjane à l’ancien régime de Ben Ali, alors que pour Al Aridha, on évoque des soupçons quant aux vrais soutiens de ce réseau qui seraient d’obédience RCDiste.
Hachemi Hamdi jure ses grands dieux qu’il n’en est pas ainsi et qu’il doit son succès à sa « campagne intelligente et rentable» sur le terrain et à l’intérêt porté aux véritables préoccupations et aux problèmes de proximité touchant les citoyens.
Toujours est-il que les politiciens sont dépités par cette percée d’El Aridha et, surtout, par l’effet de surprise qu’elle a créé. Ahmed Néjib Chebbi, leader du PDP, sans accuser la Pétition populaire de quoi que ce soit, s’est contenté de relever son caractère énigmatique qui reste à élucider.
Toutefois, si les formations politiques sont libres de parlementer avec les parties de leur choix, il n’en demeure pas moins que le « mépris » affiché envers ces deux « honnis » est révélateur d’un esprit d’exclusion d’une certaine partie des Tunisiens, un esprit qu’on croyait parti avec l’effervescence des premières heures de l’Instance de Ben Achour.

Il est important de réaliser qu’on n’est plus dans la logique du « peuple veut », car le pays se trouve, désormais, dans une phase où le vrai peuple a dit son mot et a librement choisi ses représentants à la Constituante dont, entre autres, ceux d’Al Aridha et d’Al Moubadara. Que les "leaders d'opinion" et activistes de Facebook et des forums sur internet le veuillent ou pas, il est impératif de faire face à cette donne par respect à l'esprit démocratique auquel toute la Tunisie aspire.
A moins que la conception de l’intérêt national stipule la reconnaissance des uns et le bannissement des autres selon des critères subjectifs et des considérations idéologiques ou personnelles. Car il ne faut pas oublier que le dialogue demeure une vertu et l’unique moyen de comprendre l’autre. Il serait bon de se remettre, devant les yeux, la célèbre image de Nelson Mandela avec Frederik De Klerk se tenant par la main tournant une page sombre de l’histoire sud-africaine et ouvrant une autre de reconstruction de leur pays avec les bras de tous sans exclusion, ni discrimination.
09/11/2011 | 1
min
Suivez-nous