alexametrics
mardi 06 mai 2025
Heure de Tunis : 22:16
A la Une
Reportage : Tripoli, entre la liesse populaire et les découvertes macabres
29/08/2011 | 1
min
Reportage : Tripoli, entre la liesse populaire et les découvertes macabres
{legende_image}
Câble de Tripoli, par Mounir Ben Mahmoud

Quelque chose s’annonçait depuis notre passage vendredi matin en Libye par la frontière de Dhehiba. Une longue file de voitures libyennes attendait leur tour. Des familles entières prenaient le chemin du retour. Le camp de réfugiés de Tataouine a été carrément fermé. Au départ, le doute était permis concernant la destination de ce mouvement. Il pourrait ne concerner que les habitants des villes et villages dd Jebel Nefoussa (Nalout, Yefren, Jadou, Kabaou, Zenten, etc.), proches de la frontière avec Dhehiba qui ont été complètement libérées.

Mais, au fur et à mesure que l’on avance en profondeur libyenne, c’est plutôt le constat que les Libyens rentrent. Il est désormais clair qu’ils ont pris confiance en leur libération du joug de Kadhafi et qu’ils tiennent à le concrétiser en rentrant chez eux. Il y a même le sentiment qu’ils veulent faire prévaloir leur joie après 42 ans de dictature.

Sur la route ‘Ezzaouiyah- Tripoli’, il n’y avait plus aucune raison au doute. La route était pleine par des voitures civiles. De jeunes enfants sortaient même leurs têtes des fenêtres pour scander des slogans de victoires, notamment ‘Allah Akbar’, ‘A bas Kadhafi’, ‘Vive la révolution’, etc.
A Tripoli, c’était carrément des scènes de liesse populaire. Visibles certes dès le départ, toutefois timides avant la rupture du jeûne mais, massives et bruyantes après l’Iftar malgré la coupure de courant dans la majorité des quartiers de la capitale libyenne.
Devant le nouveau siège du régiment de Mesrata (ex-espace de villégiature de Safia Kadhafi, épouse du Colonel), en bord de mer à Tripoli, un rassemblement monstre de quelques milliers de Libyens et d’une centaine de voitures faisait un tapage monstre durant une bonne partie de la nuit. Ça tirait dans tous les sens et à tous les calibres jusqu’à l’aube. Les mêmes scènes de liesse populaire s’étaient déroulées sur la Place des Martyrs (ex-Place Verte) à Tripoli et dans d’autres villes libyennes. Il est clair que le peuple libyen a déjà rompu avec l’ère Kadhafi. Mais où se trouve le bruyant colonel ?



Après l’attaque et la prise rapide du quartier général de Kadhafi à Bab El Aziziya, mardi dernier, les dernières poches de résistance des ‘kadhafistes’ dans les quartiers d’El Hadhba et Bouslim, l’aéroport et Salaheddine, limitrophes de ce ‘bunker’, ont été ‘nettoyées’ durant les journées de jeudi, vendredi et samedi. Les troupes des rebelles avançaient lentement, mais sûrement, vers le Sud de Tripoli, notamment le village Béni Walid. Les informations annoncent que les troupes loyalistes se réfugiaient dans cette zone.
Kadhafi et son entourage n’ont certes pas été retrouvés et l’on s’interroge sur leur destin. Des sources proches de l’OTAN annoncent que les renseignements généraux de plusieurs pays les traquent. Il y a même des drones qui participent à ces manœuvres. La tête du Colonel a été mise à prix à 1,7 million de dollars. Mais est-il encore en Libye ou s’ajoutera-t-il, désormais, à la liste des criminels en fuite ? That’s the question.

Des comités de vigilance ont été constitués dans tous les quartiers de Tripoli. Des barrages ont été dressés pour éviter toute intrusion indésirable. Comme ce qui a été le cas en Tunisie juste après le 14 janvier. Une importante différence consiste toutefois au fait que les Tunisiens avaient des bâtons pour se protéger alors que les jeunes libyens ont des kalachnikovs. Il y a une profusion d’armes à Tripoli. Certes, les comités populaires commencent à recenser les armes en circulation. Mais, cette action sera-t-elle efficace. Espérons que la récupération de cet arsenal soit rapide.



La population et les médias ne cessent de découvrir des carnages dans plusieurs lieux à Tripoli. Vendredi, il y a eu un enterrement dans une fosse commune d’une centaine de cadavres, dont l’écrasante majorité était d’origine africaine. Il s’agit, semble-t-il, des derniers combattants ayant défendu le régime de Kadhafi à Tripoli.
A l’hôpital ‘El Hawadeth’ de Bouslim (banlieue de Tripoli), des cadavres jonchaient sur des brancards devant l’entrée (voir photos). D’autres cadavres ont été aspergés de chaux vive pour protéger l’environnement contre les risques. La population du quartier appelle au secours pour dégager ces corps. ‘Il y a des risques d’épidémie’, disent-ils. Une autre centaine de corps a été retrouvée calcinée dans une sorte de bunker qui a été bombardé. Si les découvertes de Bouslim concernaient essentiellement des Africains, celles du bunker concernait plutôt des arabes.
Les autorités ayant procédé à l’enterrement en fosse commune ont tenu à préciser ‘leur respect des rites musulmans d’enterrement’. Une question se pose toutefois : ‘les Africains ont-ils constitué la dernière ligne de défense de Kadhafi ?’.
29/08/2011 | 1
min
Suivez-nous