alexametrics
mercredi 07 mai 2025
Heure de Tunis : 00:15
A la Une
Tunisie - En quoi l'inscription aux élections est-elle utile ?
11/08/2011 | 1
min
Tunisie - En quoi l'inscription aux élections est-elle utile ?
{legende_image}

Kamel Jendoubi, président de l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), ainsi que d’autres membres de l’ISIE n’ont cessé d’affirmer, ces derniers temps, que ‘toute personne disposant d’une carte d’identité nationale peut participer aux élections le 23 octobre prochain’.
M. Jendoubi a même précisé devant la Haute Instance de réalisation des objectifs de la révolution que ‘celui qui ne s’est pas inscrit, sera placé sur les listes électorales en rapport avec l’adresse indiquée sur sa carte d’identité nationale’.


La loi électorale prévoit par ailleurs d’afficher les listes électorales pour permettre aux citoyens d’y vérifier la présence de leurs noms et de contester, voire corriger, toute éventuelle omission ou incorrection. Cette procédure sera appliquée en Tunisie après la fin de l’opération d’inscription volontaire qui se terminera le 14 août, soit ce week-end.

Face à une telle situation, bon nombre de citoyens et d’observateurs s’interrogent sur l’utilité de cette inscription volontaire et de tout ce tapage médiatique qui l’a accompagnée, si l’on peut trouver son nom sur une liste, aussi bien pour ceux qui se sont inscrits que sans inscription.
A cette question, Kamel Jendoubi ne tarit pas d’éloges sur l’opération d’inscription. Pour lui, elle traduit d’abord ‘la volonté des citoyens de participer à la transition démocratique dans leur pays’. ‘Ce n’est pas trop de demander aux citoyens d’aller s’inscrire auprès de l’un des bureaux de l’instance des élections et permettre ainsi à cette instance de disposer d’un fichier actualisé qui faciliterait l’opération électorale, le 23 octobre prochain’, ajoute-t-il.

Le président de l’ISIE fait même des reproches à peine voilées à ceux qui rechignent à aller s’inscrire : ‘C’est un devoir citoyen acquis de la révolution. Finis les temps où les cartes électorales sont distribuées par les présidents des cellules du RCD, voire par les ‘omdas’, qui sont eux-aussi au service du même RCD et qui se permettent de dérober les cartes électorales des contestataires de tous bords’, explique-t-il, en insistant sur le fait que ‘chacun doit faire un petit effort pour réussir le rendez-vous du 23 octobre’ et que ‘ce n’est pas vraiment dur que de répondre à ce souhait d’inscription’.

Un expert étranger, présent en Tunisie en marge des élections, nous a soufflé dans l’anonymat que ‘cette opération d’inscription est importante, dans la mesure où la personne qui se déplace pour s’inscrire, exprime un désir de participer aux élections’. ‘C’est déjà un pas sur la voie de réconciliation entre le peuple et la vie politique, de laquelle il a été exclu pendant des décennies’, poursuit-il. ‘L’inscription volontaire va aider à avoir un meilleur taux de participation aux élections’, conclut-il.
Reste que cette opération d’inscription n’a pas drainé la grande foule et elle plafonne à quatre jours de sa clôture à près de trois millions d’inscrits. Ils sont exactement 2.819.608 à s’être inscrits jusqu’au lundi 8 août à 16 heures, sur les sept millions 600.000 électeurs potentiels. Par quoi explique-t-on ce manque d’enthousiasme face à l’opération électorale ?
Sans trop politiser les choses, il s’agit d’une confirmation du grand fossé qui sépare encore le Tunisien de la politique. Ce n’est nullement un rejet de l’option Constituante comme essaient de véhiculer certaines tendances. La réaction serait, à mon avis, la même pour tout choix politique.

Pire encore, rien n’indique que ceux qui se sont inscrits, savent pertinemment qu’ils l’ont fait pour édifier une nouvelle République sur la base d’une nouvelle Constitution.
Une telle situation traduit, par ailleurs, le processus incertain traversé par la Tunisie. Les citoyens vivent encore dans le flou. Plusieurs ont expliqué leur non-inscription par le fait qu’ils ne sont pas encore sûrs pour qui ils vont voter. Donc, ils ne distinguent pas entre l’inscription et l’élection.
Si l’on ajoute le fait que les partis politiques naviguent, eux-aussi, à vue et ne disposent pas de programmes, comment voulez-vous que le simple citoyen puisse distinguer entre deux, voire plusieurs candidats défendant les mêmes slogans et n’ayant pas encore cherché à approfondir leurs feuilles de route respectives pour aider les citoyens à voir plus clair ?
En rapport avec tout ça, la question de l’inscription facultative a également aidé à simplifier les enjeux des élections du 23 octobre dans les esprits des citoyens. A force de tapage médiatique, ils ont compris que la voix de la nouvelle Tunisie n’a pas été encore tracée et que leurs voix la détermineraient dans une certaine mesure.

En plus, et même s’il y a encore de la réticence par rapport à la politique, la multiplication des voix et des options proposées montre à tous et à toutes que quelque chose a changé et que c’est à nous tous de sceller cette transition vers une véritable démocratie. Il faut croire et, surtout, œuvrer pour que ça réussisse.
11/08/2011 | 1
min
Suivez-nous