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Le nouveau manège tunisien dans le trafic du dinar libyen

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La restriction par la Banque Centrale de Tunisie (BCT), depuis mardi 8 mars 2011, du change manuel du dinar libyen aux ressortissants ayant passé moins de 24 heures en Tunisie, a mis fin à un business fructueux, celui de la spéculation. Cependant, une autre activité fait son apparition, celle du « recyclage » du dinar libyen !
Désormais, c’est à la rue Al-Jazira, fief traditionnel du change du dinar algérien, de se convertir en marché de change du dinar libyen. Ainsi, des bureaux de change à ciel ouvert se sont improvisés au vu et au su de tous.
Certes, les habitués de cette artère sont familiarisés avec ce genre de spectacle. Cependant, ce qui étonne le plus c’est le nombre de ces préposés au change, qui s’accroît quotidiennement et d’une façon spectaculaire.
Car, malgré la-non convertibilité du dinar libyen, et ce en vertu de la réglementation des changes en vigueur, tout un business « filou » s’est créé autour.de cette monnaie.
Mais voyons les faits dès leur début. Compte tenu des circonstances exceptionnelles par lesquelles passe la Libye, la BCT a décidé, depuis le 23 février, de permettre aux citoyens tunisiens travaillant en Libye et l’ayant quitté dès le 17 février 2011, de bénéficier d’une seule opération de change manuel dans la limite de1000 dinars libyens.
Depuis, l’affluence sur les comptoirs de la Banque centrale, notamment dans les zones frontalières, a été exceptionnelle : A Médenine, la foule était spectaculaire. A Sfax, les guichets ne désemplissaient pas, idem à Gabès ou à Jendouba A Tunis, les commerces (notamment les cafés, les restaurants et autres fast-foods) se sont adaptés à cette demande.
« Une affluence record qui a intrigué les responsables de la BCT ! », souligne un cadre de la banque ayant préféré garder l’anonymat.
«Dès lors, ajoute t-il, une enquête a été menée et l’on s’est aperçu que des individus, ayant fait du change anarchique leur fonds de commerce ont profité de cette mesure pour assurer des bénéfices ».
Et l’opération est de toute simplicité : des sous-mains ont été recrutés parmi les Tunisiens résidant en Libye revenus au pays avec des sommes d’argent inférieures à 1000 dinars libyens. La différence est fournie par les spéculateurs qui les conduisent vers les comptoirs de la BCT ou le siège central de Tunis.
Sitôt l’opération de change effectuée, le spéculateur reprend son argent, le comparse est « récompensé » de primes variant entre 20, 30 ou 50 dinars et ce, selon l’importance du différentiel.
Quant aux dinars libyens, ils proviennent des « sarraf » (changeurs) des zones limitrophes de la Libye ;
Par ailleurs, un autre filon a été découvert, en l’occurrence l’achat de devises dans les « camps des réfugiés » où le troc et la vente de dinars libyens ont fait leur apparition.
Les Egyptiens sont réputés être des as en la matière. Sachant, que les pécules qu’ils possèdent ne devraient plus valoir grand chose en Libye, ni dans leur pays d’origine, ils n’hésitent pas à échanger les dinars libyens en dinars tunisiens même à perte.
Le manque à gagner sera rétribué dès leur arrivée en Egypte. Le change est une opération libre (comme en Tunisie d’ailleurs) et détenue par le secteur privé. Alors toute monnaie provenant d’un pays stable ou « solvable » a son prix. En l’occurrence, le dinar tunisien demeure plus rentable.
D’autre part et selon des témoins, avant la restriction de cette mesure à ceux qui n’ont pas passé plus qu’une journée en Tunisie, les gains dans cette affaire étaient « pour le moins faramineux ».
Car les spéculateurs gagnent tant sur le prix d’achat que sur celui de la vente. A titre d’exemple, fixé à 1131.1 millimes par la BCT (le 11 mars), le dinar libyen se négocie au « au noir » entre 600 et 700 millimes. De la sorte, pour chaque opération effectuée, les gains oscillaient entre 300 et 400 dinars !
En attendant le décompte final, l’on parle de quelques milliards de dinars libyens amassés dans les coffres de la BCT. Il s’agit « des sommes qui seront prises en charge par la BCT car les chances de les convertir ou de les rétrocéder à la Libye demeurent infimes », précise notre source.
Maintenant que les choses se sont compliquées, pour maintenir cette activité, il fallait une solution « bis », celle de la rue Al-Jazira où on achète le dinar libyen au tiers de son prix.
Questionnée sur le sort des dinars achetés, un « cambiste » de la rue Al-Jazira nous informe que « ces sommes retourneront en Libye par l’intermédiaire de filières clandestines très bien organisées ».
Là-bas, ils transiteront pour revenir, en Tunisie, sous la forme de marchandises : «Ils serviront, particulièrement à l’achat d’hydrocarbures (essences et huiles de moteurs), notamment, qui seront ensuite revendus en Tunisie. A cause du conflit en Libye, les prix de ces derniers ont grimpé pour atteindre les 28 dinars pour le galon de 20 litres, contre 19 dinars habituellement », ajoute-il.
Rappelons, qu’en vertu du décret n°77-608 du 27 juillet 1977 tel que modifié par le décret n°2007-394 du 26 février 2007, l'importation et l'exportation des dinars tunisiens en billets ou en pièces de la BCT sont interdites sauf en cas de conclusion d'accords par la BCT avec ses homologues ou toute autre autorité spécialisée dans le pays étranger.
Par ailleurs, c’est dans ce cadre qu'un accord a été conclu entre la BCT et la Banque Centrale de Libye (BCL) en date du 18 février 2007 relatif à l'échange des billets de banque en dinars tunisiens et dinars libyens, autorisant les voyageurs tunisiens à destination de la Libye à transférer l'allocation touristique en espèces soit en dinars tunisiens ou en dinars libyens, suivant les conditions et les procédures fixées par la circulaire de la BCT aux IA n° 2007-06 du 15 mars 2007.
Désormais, c’est à la rue Al-Jazira, fief traditionnel du change du dinar algérien, de se convertir en marché de change du dinar libyen. Ainsi, des bureaux de change à ciel ouvert se sont improvisés au vu et au su de tous.
Certes, les habitués de cette artère sont familiarisés avec ce genre de spectacle. Cependant, ce qui étonne le plus c’est le nombre de ces préposés au change, qui s’accroît quotidiennement et d’une façon spectaculaire.
Car, malgré la-non convertibilité du dinar libyen, et ce en vertu de la réglementation des changes en vigueur, tout un business « filou » s’est créé autour.de cette monnaie.
Mais voyons les faits dès leur début. Compte tenu des circonstances exceptionnelles par lesquelles passe la Libye, la BCT a décidé, depuis le 23 février, de permettre aux citoyens tunisiens travaillant en Libye et l’ayant quitté dès le 17 février 2011, de bénéficier d’une seule opération de change manuel dans la limite de1000 dinars libyens.
Depuis, l’affluence sur les comptoirs de la Banque centrale, notamment dans les zones frontalières, a été exceptionnelle : A Médenine, la foule était spectaculaire. A Sfax, les guichets ne désemplissaient pas, idem à Gabès ou à Jendouba A Tunis, les commerces (notamment les cafés, les restaurants et autres fast-foods) se sont adaptés à cette demande.
« Une affluence record qui a intrigué les responsables de la BCT ! », souligne un cadre de la banque ayant préféré garder l’anonymat.
«Dès lors, ajoute t-il, une enquête a été menée et l’on s’est aperçu que des individus, ayant fait du change anarchique leur fonds de commerce ont profité de cette mesure pour assurer des bénéfices ».
Et l’opération est de toute simplicité : des sous-mains ont été recrutés parmi les Tunisiens résidant en Libye revenus au pays avec des sommes d’argent inférieures à 1000 dinars libyens. La différence est fournie par les spéculateurs qui les conduisent vers les comptoirs de la BCT ou le siège central de Tunis.
Sitôt l’opération de change effectuée, le spéculateur reprend son argent, le comparse est « récompensé » de primes variant entre 20, 30 ou 50 dinars et ce, selon l’importance du différentiel.
Quant aux dinars libyens, ils proviennent des « sarraf » (changeurs) des zones limitrophes de la Libye ;
Par ailleurs, un autre filon a été découvert, en l’occurrence l’achat de devises dans les « camps des réfugiés » où le troc et la vente de dinars libyens ont fait leur apparition.
Les Egyptiens sont réputés être des as en la matière. Sachant, que les pécules qu’ils possèdent ne devraient plus valoir grand chose en Libye, ni dans leur pays d’origine, ils n’hésitent pas à échanger les dinars libyens en dinars tunisiens même à perte.
Le manque à gagner sera rétribué dès leur arrivée en Egypte. Le change est une opération libre (comme en Tunisie d’ailleurs) et détenue par le secteur privé. Alors toute monnaie provenant d’un pays stable ou « solvable » a son prix. En l’occurrence, le dinar tunisien demeure plus rentable.
D’autre part et selon des témoins, avant la restriction de cette mesure à ceux qui n’ont pas passé plus qu’une journée en Tunisie, les gains dans cette affaire étaient « pour le moins faramineux ».
Car les spéculateurs gagnent tant sur le prix d’achat que sur celui de la vente. A titre d’exemple, fixé à 1131.1 millimes par la BCT (le 11 mars), le dinar libyen se négocie au « au noir » entre 600 et 700 millimes. De la sorte, pour chaque opération effectuée, les gains oscillaient entre 300 et 400 dinars !
En attendant le décompte final, l’on parle de quelques milliards de dinars libyens amassés dans les coffres de la BCT. Il s’agit « des sommes qui seront prises en charge par la BCT car les chances de les convertir ou de les rétrocéder à la Libye demeurent infimes », précise notre source.
Maintenant que les choses se sont compliquées, pour maintenir cette activité, il fallait une solution « bis », celle de la rue Al-Jazira où on achète le dinar libyen au tiers de son prix.
Questionnée sur le sort des dinars achetés, un « cambiste » de la rue Al-Jazira nous informe que « ces sommes retourneront en Libye par l’intermédiaire de filières clandestines très bien organisées ».
Là-bas, ils transiteront pour revenir, en Tunisie, sous la forme de marchandises : «Ils serviront, particulièrement à l’achat d’hydrocarbures (essences et huiles de moteurs), notamment, qui seront ensuite revendus en Tunisie. A cause du conflit en Libye, les prix de ces derniers ont grimpé pour atteindre les 28 dinars pour le galon de 20 litres, contre 19 dinars habituellement », ajoute-il.
Rappelons, qu’en vertu du décret n°77-608 du 27 juillet 1977 tel que modifié par le décret n°2007-394 du 26 février 2007, l'importation et l'exportation des dinars tunisiens en billets ou en pièces de la BCT sont interdites sauf en cas de conclusion d'accords par la BCT avec ses homologues ou toute autre autorité spécialisée dans le pays étranger.
Par ailleurs, c’est dans ce cadre qu'un accord a été conclu entre la BCT et la Banque Centrale de Libye (BCL) en date du 18 février 2007 relatif à l'échange des billets de banque en dinars tunisiens et dinars libyens, autorisant les voyageurs tunisiens à destination de la Libye à transférer l'allocation touristique en espèces soit en dinars tunisiens ou en dinars libyens, suivant les conditions et les procédures fixées par la circulaire de la BCT aux IA n° 2007-06 du 15 mars 2007.
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