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Tunisie âEUR" Cité de la culture : A qui incombe la responsabilité de ces grands retards ?

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Parmi les spécificités dont la Tunisie peut être vraiment fière, on citera la haute capacité dans la réalisation des mégaprojets, notamment d’ordre infrastructurel. On citera l’autoroute reliant Tunis à Sfax et qui se prolongera jusqu’à Ben Guerdane, le pont La Goulette – Radès, les projets touristiques avec les investisseurs émiratis et bahreïnis, etc.
Parmi les autres spécificités dont la Tunisie peut être vraiment fière, on citera la rigueur dans l’exécution des projets programmés et le respect des délais impartis. Or, les retards enregistrés dans l’exécution du projet de l’édification de la Cité de la Culture semblent déroger à cette règle. Et heureusement qu’il s’agit d’une exception ! Les premières prévisions d’achèvement du projet tablaient sur la date d’août 2008 avant d’être reportées à la fin du premier semestre 2009, avec une probable inauguration officielle le 7 novembre, ce qui aurait constitué une apothéose pour célébrer et l’anniversaire du Changement et la réélection du Président Ben Ali pour un nouveau mandat 2009/2014.
Mais qu’est-ce qui s’est passé exactement pour que les travaux d’exécution dudit projet traînent en longueur sans que l’on puisse avancer une nouvelle date prévisionnelle ? Historique et état des lieux…
Le premier point évoqué par le Conseil ministériel, tenu le 18 août 2010 sous la présidence du chef de l’Etat, a été celui d’ordonner l’accélération du rythme du parachèvement des travaux de construction de la Cité de la culture , la création d'une cinémathèque et d'un musée de l'art vivant dans cette cité.
Le 17 août 2010, Slaheddine Malouche, ministre de l'Equipement, de l'Habitat et de l'Aménagement du territoire et Abderraouf Basti, ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine ont effectué une visite d'inspection à la Cité de la culture, au cours de laquelle ils ont pris connaissance de l'état d'avancement des travaux de réalisation des principales composantes de ce projet.
Le 3 juin, le 10 avril, pour ne citer que ces autres dates, de cette même année, les deux ministres y ont été aussi. La fréquence de visites de la part des deux premiers responsables des départements concernés reflète les soucis qu’ils se font pour en finir avec ce projet.
Il faut dire que les deux ministres se rendaient régulièrement, au cours des derniers mois, sur les lieux pour s’enquérir de la situation sur le terrain et de donner, ainsi, un coup de pouce moral aux maîtres d’œuvre du projet afin qu’ils redoublent d’efforts et rattraper, un tant soit peu, le temps déjà perdu.
Faut-il rappeler que dès le 29 janvier 1992, le président de la République a décidé de faire ériger dans la capitale une Cité de la Culture. Il faudra attendre une dizaine d’années pour commencer à voir les fondements de ce temple dédié à l’art et à la culture naître dans le sol. C’est, donc, sur un terrain de 8,6 hectares que les autorités ont décidé d’implanter cette cité. Un endroit stratégique car non loin du centre-ville sans pourtant en avoir les incommodités et inconvénients des embouteillages et des problèmes de stationnement.
La superficie totale à construire est de 70.836 m2 pour un budget prévisionnel arrêté à la date de 1994 à 120 millions de dinars. Et c’est un groupement de concepteurs tunisiens dont le mandataire est l’architecte Riadh El Bahri, qui a remporté le concours, sachant qu’il a été, également l’architecte du stade olympique de Radès et le rénovateur du stade d'El Menzah.
L’étape suivante, a été celle d’un premier appel d’offres pour la construction des fondations profondes. A ce propos, il est utile de noter qu’il a fallu chercher un bon sol de la profondeur de 60m, car le terrain étant vaseux, il a fallu couler 560 pieux sur lesquels on devait poser le projet. Il a fallu recourir à du béton spécial avec ciment n HRS qui résiste aux agressions chimiques du sol. Ce ciment, nous indique-t-on, est utilisé dans le béton exposé de façon intense aux sulfates, principalement dans le cas où le sol ou les eaux souterraines ont une forte teneur en sulfates.
Plus tard, pour la réalisation du projet, un deuxième appel d’offres a été lancé. Il a été remporté par une entreprise tchèque qui a démarré les travaux le 1er février 2006 pour un délai de 30 mois. La République tchèque participe, donc, à la grande aventure à travers l'entreprise Geosan (groupe Tunisie), à raison de 70 millions de dinars, et la banque commerciale Komercni banka par un prêt de 40 millions d’euros.
Maintenant la question qui se pose avec insistance : pourquoi tant de retard de plus de deux ans déjà, sans compter la période restante puisqu’aucune partie ne tient à se hasarder à avancer une nouvelle date d’achèvement des travaux, sachant que la partie première concernée par l’exécution des travaux est le ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire.
En effet, la responsabilité du ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine réside dans la gestion du fonctionnement de la Cité, une fois le projet finalisé. D’ailleurs, on nous indique que la Direction, à la tête de laquelle on retrouve Dr Mohamed Zinelabidine, est déjà à pied d’œuvre en vue d’être à opérationnelle le jour « J ».
Encore une fois, un manque de communication de la part de qui de droit. Ce qui est de nature à susciter les polémiques et les supputations les plus fantaisistes.
Ce qui est sûr, est que les différentes parties prenantes s’activent à accélérer le rythme des travaux d’exécution du projet. Mais nous restons persuadés que rien ne vaut la transparence. Et une rencontre avec la presse, pour faire l’état des lieux, désigner les éventuels responsables d’un tel retard, donner une idée chiffrée sur retombées financières de ce retard et éclairer l’opinion publique, ne peut être que salutaire.
Il y va de la crédibilité officielle dans un domaine, en l’occurrence les mégaprojets et les projets infrastructurels en général, où la Tunisie est passée championne, notamment sous la conduite du Président Ben Ali.
Pour revenir à la carte d’identité de cet espace, notons qu’il sera multifonctionnel. Le bâtiment comprendra, en effet, un ensemble d’espaces de spectacles scéniques : une salle d’opéra, un auditorium, une salle de théâtre expérimental de 400 places, et des studios de production de musique, de théâtre et de danse, une galerie d’exposition ainsi qu’un musée d’Arts modernes et contemporains. Par ailleurs, le nouvel édifice sera doté d’une tour de 60 m de haut appelée Tour de la Culture, d’un parking couvert et d’espaces commerciaux. Reste à savoir si notre production culturelle nationale va pouvoir être à la hauteur de cette immensité affichée. Les hommes de culture qui applaudissent, en majorité, la création d’un tel espace sauront-ils donner le coup d’accélérateur nécessaire à leurs productions?
La cité de la culture doit constituer un stimulant à nos créateurs et changer la donne du paysage culturel, sinon la nouvelle Cité risque de se transformer en coquille vide. A mois que, comme le prévoient les organisateurs de spectacles, les stars étrangères, que l’on n’osait inviter jusque-là, faute d’espaces, se chargeront de meubler et d’animer les planches des nouveaux lieux !
Parmi les autres spécificités dont la Tunisie peut être vraiment fière, on citera la rigueur dans l’exécution des projets programmés et le respect des délais impartis. Or, les retards enregistrés dans l’exécution du projet de l’édification de la Cité de la Culture semblent déroger à cette règle. Et heureusement qu’il s’agit d’une exception ! Les premières prévisions d’achèvement du projet tablaient sur la date d’août 2008 avant d’être reportées à la fin du premier semestre 2009, avec une probable inauguration officielle le 7 novembre, ce qui aurait constitué une apothéose pour célébrer et l’anniversaire du Changement et la réélection du Président Ben Ali pour un nouveau mandat 2009/2014.
Mais qu’est-ce qui s’est passé exactement pour que les travaux d’exécution dudit projet traînent en longueur sans que l’on puisse avancer une nouvelle date prévisionnelle ? Historique et état des lieux…
Le premier point évoqué par le Conseil ministériel, tenu le 18 août 2010 sous la présidence du chef de l’Etat, a été celui d’ordonner l’accélération du rythme du parachèvement des travaux de construction de la Cité de la culture , la création d'une cinémathèque et d'un musée de l'art vivant dans cette cité.
Le 17 août 2010, Slaheddine Malouche, ministre de l'Equipement, de l'Habitat et de l'Aménagement du territoire et Abderraouf Basti, ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine ont effectué une visite d'inspection à la Cité de la culture, au cours de laquelle ils ont pris connaissance de l'état d'avancement des travaux de réalisation des principales composantes de ce projet.
Le 3 juin, le 10 avril, pour ne citer que ces autres dates, de cette même année, les deux ministres y ont été aussi. La fréquence de visites de la part des deux premiers responsables des départements concernés reflète les soucis qu’ils se font pour en finir avec ce projet.
Il faut dire que les deux ministres se rendaient régulièrement, au cours des derniers mois, sur les lieux pour s’enquérir de la situation sur le terrain et de donner, ainsi, un coup de pouce moral aux maîtres d’œuvre du projet afin qu’ils redoublent d’efforts et rattraper, un tant soit peu, le temps déjà perdu.
Faut-il rappeler que dès le 29 janvier 1992, le président de la République a décidé de faire ériger dans la capitale une Cité de la Culture. Il faudra attendre une dizaine d’années pour commencer à voir les fondements de ce temple dédié à l’art et à la culture naître dans le sol. C’est, donc, sur un terrain de 8,6 hectares que les autorités ont décidé d’implanter cette cité. Un endroit stratégique car non loin du centre-ville sans pourtant en avoir les incommodités et inconvénients des embouteillages et des problèmes de stationnement.
La superficie totale à construire est de 70.836 m2 pour un budget prévisionnel arrêté à la date de 1994 à 120 millions de dinars. Et c’est un groupement de concepteurs tunisiens dont le mandataire est l’architecte Riadh El Bahri, qui a remporté le concours, sachant qu’il a été, également l’architecte du stade olympique de Radès et le rénovateur du stade d'El Menzah.
L’étape suivante, a été celle d’un premier appel d’offres pour la construction des fondations profondes. A ce propos, il est utile de noter qu’il a fallu chercher un bon sol de la profondeur de 60m, car le terrain étant vaseux, il a fallu couler 560 pieux sur lesquels on devait poser le projet. Il a fallu recourir à du béton spécial avec ciment n HRS qui résiste aux agressions chimiques du sol. Ce ciment, nous indique-t-on, est utilisé dans le béton exposé de façon intense aux sulfates, principalement dans le cas où le sol ou les eaux souterraines ont une forte teneur en sulfates.
Plus tard, pour la réalisation du projet, un deuxième appel d’offres a été lancé. Il a été remporté par une entreprise tchèque qui a démarré les travaux le 1er février 2006 pour un délai de 30 mois. La République tchèque participe, donc, à la grande aventure à travers l'entreprise Geosan (groupe Tunisie), à raison de 70 millions de dinars, et la banque commerciale Komercni banka par un prêt de 40 millions d’euros.
Maintenant la question qui se pose avec insistance : pourquoi tant de retard de plus de deux ans déjà, sans compter la période restante puisqu’aucune partie ne tient à se hasarder à avancer une nouvelle date d’achèvement des travaux, sachant que la partie première concernée par l’exécution des travaux est le ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire.
En effet, la responsabilité du ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine réside dans la gestion du fonctionnement de la Cité, une fois le projet finalisé. D’ailleurs, on nous indique que la Direction, à la tête de laquelle on retrouve Dr Mohamed Zinelabidine, est déjà à pied d’œuvre en vue d’être à opérationnelle le jour « J ».
Encore une fois, un manque de communication de la part de qui de droit. Ce qui est de nature à susciter les polémiques et les supputations les plus fantaisistes.
Ce qui est sûr, est que les différentes parties prenantes s’activent à accélérer le rythme des travaux d’exécution du projet. Mais nous restons persuadés que rien ne vaut la transparence. Et une rencontre avec la presse, pour faire l’état des lieux, désigner les éventuels responsables d’un tel retard, donner une idée chiffrée sur retombées financières de ce retard et éclairer l’opinion publique, ne peut être que salutaire.
Il y va de la crédibilité officielle dans un domaine, en l’occurrence les mégaprojets et les projets infrastructurels en général, où la Tunisie est passée championne, notamment sous la conduite du Président Ben Ali.
Pour revenir à la carte d’identité de cet espace, notons qu’il sera multifonctionnel. Le bâtiment comprendra, en effet, un ensemble d’espaces de spectacles scéniques : une salle d’opéra, un auditorium, une salle de théâtre expérimental de 400 places, et des studios de production de musique, de théâtre et de danse, une galerie d’exposition ainsi qu’un musée d’Arts modernes et contemporains. Par ailleurs, le nouvel édifice sera doté d’une tour de 60 m de haut appelée Tour de la Culture, d’un parking couvert et d’espaces commerciaux. Reste à savoir si notre production culturelle nationale va pouvoir être à la hauteur de cette immensité affichée. Les hommes de culture qui applaudissent, en majorité, la création d’un tel espace sauront-ils donner le coup d’accélérateur nécessaire à leurs productions?
La cité de la culture doit constituer un stimulant à nos créateurs et changer la donne du paysage culturel, sinon la nouvelle Cité risque de se transformer en coquille vide. A mois que, comme le prévoient les organisateurs de spectacles, les stars étrangères, que l’on n’osait inviter jusque-là, faute d’espaces, se chargeront de meubler et d’animer les planches des nouveaux lieux !
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