A la Une
Tunisie âEUR" Quels atouts de la finance islamique face à la finance classique ?

{legende_image}
Dans les années 70, les financiers musulmans créèrent la Finance islamique, un nouveau système islamo-compatible puisque certains produits du système financier classique sont considérés comme illicites.
Se répandant telle une trainée de poudre incandescente, la finance islamique doit sa propagation à "sa moralité" et à son code "éthique". En ce sens que, contrairement à la finance classique, la finance islamique, formellement conforme à la Chariâ, la loi coranique, promeut le commerce d’actifs concrets et le partage des risques et des pertes, encourage l’entrepreneuriat, décourage les comportements spéculatifs et insiste sur l’inviolabilité des contrats. Mieux encore, la finance islamique, bien que musulmane, est également ouverte aux non-musulmans. Avec 1,5 milliard de musulmans dans le monde, il y a un énorme potentiel de croissance pour les produits financiers basés sur des critères religieux. L’investissement chariâ compatible est l’un des nouveaux domaines de la finance globale à la plus forte croissance. Quels sont ses enjeux ? C’était le thème du débat organisé jeudi 15 avril 2010 à Tunis.
La montée en puissance de la finance islamique a soulevé un tas de questions quant à sa capacité à compléter et à calmer la fougue de certaines pratiques financières traditionnelles, à corriger les dérives du capitalisme financier libéral ou encore à son apport à l’économie tunisienne et son aptitude à répondre aux besoins des différents agents économiques.
C'est dans ce maillage qui lie contexte, stratégie, pratiques et apports que l’Ecole Supérieure de Commerce (ESC), l’Institut des Hautes Etudes Commerciales de Carthage (IHEC) et SKEMA Business Scool, ont organisé, jeudi 15 avril 2010, une journée internationale sur "La Finance Islamique : Réalités et Perspectives".
Bien que le thème soit vu et revu, la manière, avec laquelle les conférenciers, représentant le gotha de l’économie et de la finance en Tunisie, l'ont abordé, était fondamentalement différente et originale. Les présentations et les témoignages étaient là pour recadrer les dimensions d’une industrie renfermant tous les ingrédients d’une fulgurante réussite actuelle et future.
Née dans les années 70, la finance islamique n’a cessé, depuis, d’enregistrer des taux de croissance à deux chiffres. D’après Anouar Hassoune, vice-président de Moody’s Investors Service, les actifs islamiques ont augmenté de 11% en moyenne annuelle au cours des dix dernières années dans les pays du Golfe.
Globalement, ces actifs ont atteint une masse d’environ 500 milliards de dollars en 2007 (banques islamiques et compagnies de takaful, mais hors fonds). Toutes classes d’actifs confondues, on se situe aujourd’hui autour de 900 milliards de dollars (822 milliards de dollars hors fonds). "D’aucuns y voient une vaste supercherie, et au mieux une opération marketing réussie; d’autres y reconnaissent l’avenir financier du monde musulman…", a-t-il ajouté.
S’il est vrai que le monde musulman n’a pas beaucoup contribué à la civilisation mondiale depuis Averroès, la finance islamique semble être, à entendre les conférenciers, la plus grande contribution contemporaine à la pensée islamique. Seulement, la question d’une cohabitation " pacifique" entre la finance traditionnelle, telle qu’on connaît, et la finance islamique ne cesse de provoquer des polémiques.
Quels atouts présente la finance conforme à la Chariâ par rapport à la pratique classique ? Moncef Cheikh-Rouhou, professeur d'Economie et de Finance Internationale à HEC Paris, nous fait savoir que cette finance obéit, texto, à la loi coranique : interdiction de percevoir des intérêts pour le simple motif de l’écoulement du temps ; interdiction de financer ou d’investir dans des secteurs aux activités prohibées (armes, alcool, pornographie, porc), interdiction de prendre un risque élevé, soit en souscrivant à des contrats risqués, soit en se livrant à une activité de pari, donc de spéculation, obligation d’adosser toute activité à un actif réel et obligation de partager les pertes et les profits entre les parties impliquées.
On peut comprendre, aisément, que la finance islamique est basée sur deux principes : l'interdiction de l'intérêt, aussi appelé usure et la responsabilité sociale de l'investissement. Elle lie plus étroitement la rentabilité financière d'un investissement avec les résultats du projet concret associé. L’islam interdit les transactions tant civiles que commerciales faisant recours à l'intérêt (ribâ), à la spéculation (gharar) ou au hasard (massir). La particularité de la finance islamique est qu’elle permet une rémunération à la fois intéressante et conforme à la Chariâ. Pour rester dans la légalité islamique, les banques islamiques et les compagnies d’assurances ont développé des mécanismes juridico-financiers. Ces derniers se fondent sur des concepts nommés moudharaba, mousharaka, mourabaha, ijara.
Suite aux dysfonctionnements et multiples dérives du capitalisme financier libéral, la finance islamique, « halal » ou « alternative » s’impose comme une finance « anti-risque systémique » car elle est tangible et ancrée dans le réel.
Selon Dhafer Saidane, SKEMA Business School, la finance islamique puise dans les fondements même de l’Islam. En témoignent les multiples sourates, prohibant l’usure (ribâ), génératrice d’effets de levier inconsidérés, comme n’étant pas un acte économique et commercial légal.
Par ailleurs, l’Islam ne rejette pas la richesse et l’enrichissement. En plus, l’économie islamique repose sur une complétude des contrats et une transparence des transactions. In fine, c’est une finance de" proximité ", de "petite taille " pour les petits projets, centrée sur les individus, "propre " et éthique.
C’est ce qui explique l’exode de l’Occident à l’assaut de la finance "Halal". C'est au Royaume-Uni que s'est développée la première industrie de la finance islamique. Le FTSE, le Dow Jones et le MSCI ont développé des indices islamiques qui suivent un panier d’entreprises respectant la Chariâ.
La Tunisie, quant a elle, a connu les produits islamiques avant l’implantation des banques islamiques et "ce depuis 1983 avec deux institutions financières islamiques off-shore, en l’occurrence BEST BANK devenue en 2009 AL BARAKA BANK TUNISIA et BEST RE, exerçant respectivement dans le secteur bancaire et dans celui de la réassurance", avance Mahfoudh Barouni, président du Conseil d'Administration de la banque Zitouna.
En 2009 la Banque Zitouna a été créée. Elle met à la disposition de ses clients des instruments financiers en parfaite harmonie avec ses principes et valeurs à savoir la mourabaha, moudharaba, ijara et mousharaka. En ce sens qu’il n’y a ni de placement dans des produits dangereux, prohibés par la loi islamique, ni de taux d’intérêt usuraire. En s’adressant à une clientèle de particuliers, professionnels et entreprises, Banque Zitouna offre des solutions conformes à la Chariâ dans de nombreux domaines, tels que l’immobilier, les véhicules de tourisme, utilitaires et industriels, les besoins d’exploitation : stocks, matières, produits intermédiaires, les équipements professionnels et / ou privés.
Si la finance islamique semble devenir la « solution » pour remédier aux dysfonctionnements de l’économie internationale, d’après les "Fatwa" et avis des économistes et financiers, musulmans ou non, il n’en demeure pas moins que cette industrie financière islamique est immunisée contre les risques de concentration (par secteurs, par métiers, par produits, par régions), les risques de liquidité (notamment la difficile gestion du bilan et l’illiquidité de la plupart de ses classes d’actifs) et, surtout, les risques qui lui sont spécifiques (réputation, obsolescence stratégique, standardisation, taille).
A entendre un conférencier, il n’est pas du tout concevable qu’un dirigeant d’une banque islamique soit coincé dans un casino à Las Vegas ou un verre de whisky à la main. Morale de l’histoire : les émetteurs d’instruments financiers islamiques peuvent (et doivent) toujours s’adapter aux contraintes locales et régionales qui s’imposent à eux en matière de conformité à la Chariâ.
Se répandant telle une trainée de poudre incandescente, la finance islamique doit sa propagation à "sa moralité" et à son code "éthique". En ce sens que, contrairement à la finance classique, la finance islamique, formellement conforme à la Chariâ, la loi coranique, promeut le commerce d’actifs concrets et le partage des risques et des pertes, encourage l’entrepreneuriat, décourage les comportements spéculatifs et insiste sur l’inviolabilité des contrats. Mieux encore, la finance islamique, bien que musulmane, est également ouverte aux non-musulmans. Avec 1,5 milliard de musulmans dans le monde, il y a un énorme potentiel de croissance pour les produits financiers basés sur des critères religieux. L’investissement chariâ compatible est l’un des nouveaux domaines de la finance globale à la plus forte croissance. Quels sont ses enjeux ? C’était le thème du débat organisé jeudi 15 avril 2010 à Tunis.
La montée en puissance de la finance islamique a soulevé un tas de questions quant à sa capacité à compléter et à calmer la fougue de certaines pratiques financières traditionnelles, à corriger les dérives du capitalisme financier libéral ou encore à son apport à l’économie tunisienne et son aptitude à répondre aux besoins des différents agents économiques.
C'est dans ce maillage qui lie contexte, stratégie, pratiques et apports que l’Ecole Supérieure de Commerce (ESC), l’Institut des Hautes Etudes Commerciales de Carthage (IHEC) et SKEMA Business Scool, ont organisé, jeudi 15 avril 2010, une journée internationale sur "La Finance Islamique : Réalités et Perspectives".
Bien que le thème soit vu et revu, la manière, avec laquelle les conférenciers, représentant le gotha de l’économie et de la finance en Tunisie, l'ont abordé, était fondamentalement différente et originale. Les présentations et les témoignages étaient là pour recadrer les dimensions d’une industrie renfermant tous les ingrédients d’une fulgurante réussite actuelle et future.
Née dans les années 70, la finance islamique n’a cessé, depuis, d’enregistrer des taux de croissance à deux chiffres. D’après Anouar Hassoune, vice-président de Moody’s Investors Service, les actifs islamiques ont augmenté de 11% en moyenne annuelle au cours des dix dernières années dans les pays du Golfe.
Globalement, ces actifs ont atteint une masse d’environ 500 milliards de dollars en 2007 (banques islamiques et compagnies de takaful, mais hors fonds). Toutes classes d’actifs confondues, on se situe aujourd’hui autour de 900 milliards de dollars (822 milliards de dollars hors fonds). "D’aucuns y voient une vaste supercherie, et au mieux une opération marketing réussie; d’autres y reconnaissent l’avenir financier du monde musulman…", a-t-il ajouté.
S’il est vrai que le monde musulman n’a pas beaucoup contribué à la civilisation mondiale depuis Averroès, la finance islamique semble être, à entendre les conférenciers, la plus grande contribution contemporaine à la pensée islamique. Seulement, la question d’une cohabitation " pacifique" entre la finance traditionnelle, telle qu’on connaît, et la finance islamique ne cesse de provoquer des polémiques.
Quels atouts présente la finance conforme à la Chariâ par rapport à la pratique classique ? Moncef Cheikh-Rouhou, professeur d'Economie et de Finance Internationale à HEC Paris, nous fait savoir que cette finance obéit, texto, à la loi coranique : interdiction de percevoir des intérêts pour le simple motif de l’écoulement du temps ; interdiction de financer ou d’investir dans des secteurs aux activités prohibées (armes, alcool, pornographie, porc), interdiction de prendre un risque élevé, soit en souscrivant à des contrats risqués, soit en se livrant à une activité de pari, donc de spéculation, obligation d’adosser toute activité à un actif réel et obligation de partager les pertes et les profits entre les parties impliquées.
On peut comprendre, aisément, que la finance islamique est basée sur deux principes : l'interdiction de l'intérêt, aussi appelé usure et la responsabilité sociale de l'investissement. Elle lie plus étroitement la rentabilité financière d'un investissement avec les résultats du projet concret associé. L’islam interdit les transactions tant civiles que commerciales faisant recours à l'intérêt (ribâ), à la spéculation (gharar) ou au hasard (massir). La particularité de la finance islamique est qu’elle permet une rémunération à la fois intéressante et conforme à la Chariâ. Pour rester dans la légalité islamique, les banques islamiques et les compagnies d’assurances ont développé des mécanismes juridico-financiers. Ces derniers se fondent sur des concepts nommés moudharaba, mousharaka, mourabaha, ijara.
Suite aux dysfonctionnements et multiples dérives du capitalisme financier libéral, la finance islamique, « halal » ou « alternative » s’impose comme une finance « anti-risque systémique » car elle est tangible et ancrée dans le réel.
Selon Dhafer Saidane, SKEMA Business School, la finance islamique puise dans les fondements même de l’Islam. En témoignent les multiples sourates, prohibant l’usure (ribâ), génératrice d’effets de levier inconsidérés, comme n’étant pas un acte économique et commercial légal.
Par ailleurs, l’Islam ne rejette pas la richesse et l’enrichissement. En plus, l’économie islamique repose sur une complétude des contrats et une transparence des transactions. In fine, c’est une finance de" proximité ", de "petite taille " pour les petits projets, centrée sur les individus, "propre " et éthique.
C’est ce qui explique l’exode de l’Occident à l’assaut de la finance "Halal". C'est au Royaume-Uni que s'est développée la première industrie de la finance islamique. Le FTSE, le Dow Jones et le MSCI ont développé des indices islamiques qui suivent un panier d’entreprises respectant la Chariâ.
La Tunisie, quant a elle, a connu les produits islamiques avant l’implantation des banques islamiques et "ce depuis 1983 avec deux institutions financières islamiques off-shore, en l’occurrence BEST BANK devenue en 2009 AL BARAKA BANK TUNISIA et BEST RE, exerçant respectivement dans le secteur bancaire et dans celui de la réassurance", avance Mahfoudh Barouni, président du Conseil d'Administration de la banque Zitouna.
En 2009 la Banque Zitouna a été créée. Elle met à la disposition de ses clients des instruments financiers en parfaite harmonie avec ses principes et valeurs à savoir la mourabaha, moudharaba, ijara et mousharaka. En ce sens qu’il n’y a ni de placement dans des produits dangereux, prohibés par la loi islamique, ni de taux d’intérêt usuraire. En s’adressant à une clientèle de particuliers, professionnels et entreprises, Banque Zitouna offre des solutions conformes à la Chariâ dans de nombreux domaines, tels que l’immobilier, les véhicules de tourisme, utilitaires et industriels, les besoins d’exploitation : stocks, matières, produits intermédiaires, les équipements professionnels et / ou privés.
Si la finance islamique semble devenir la « solution » pour remédier aux dysfonctionnements de l’économie internationale, d’après les "Fatwa" et avis des économistes et financiers, musulmans ou non, il n’en demeure pas moins que cette industrie financière islamique est immunisée contre les risques de concentration (par secteurs, par métiers, par produits, par régions), les risques de liquidité (notamment la difficile gestion du bilan et l’illiquidité de la plupart de ses classes d’actifs) et, surtout, les risques qui lui sont spécifiques (réputation, obsolescence stratégique, standardisation, taille).
A entendre un conférencier, il n’est pas du tout concevable qu’un dirigeant d’une banque islamique soit coincé dans un casino à Las Vegas ou un verre de whisky à la main. Morale de l’histoire : les émetteurs d’instruments financiers islamiques peuvent (et doivent) toujours s’adapter aux contraintes locales et régionales qui s’imposent à eux en matière de conformité à la Chariâ.
sur le fil
Dans la même Rubrique
Commentaires