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Tunisie âEUR" Journées de lâEUR(TM)Entreprise : Il est temps de repenser le rôle de lâEUR(TM)Etat
15/12/2009 | 1
min
Tunisie âEUR
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Ne pas toucher aux fondements d’une économie dite "libérale" d’un côté, repenser voire définir les moyens d’intervention appropriés permettant d'enclencher la sortie de l'économie mondiale d'une récession sans précédent, d’un autre côté. En voici deux exigences, apparemment contradictoires, que l’Etat est appelé à concilier, mais comment ?
La problématique est soulevée lors de la 24ème session des Journées de l'Entreprise 2009, organisée par l’Institut Arabe des Chefs d'Entreprises (IACE) les 11 et 12 décembre 2009, alors que l’économie mondiale entame une reprise timide et encore fragile. L’Initiative prise par l’IACE de lancer les journées sous le thème " L'Etat et l'Entreprise" est fort louable et éclairée, même si la question de l’interventionnisme de l’Etat a reçu un coup de vieux.
Cependant, la réflexion doit être menée à terme. Dans un monde économique sans cœur et en pleine crise éthique, de nouvelles déviations ne pourraient être écartées. C’est ce qui explique qu’un questionnement sur la révision du rôle de l’Etat durant et après la crise revient au cœur de tous les débats interpellant ainsi décideurs et acteurs économistes.


La thèse de l’infaillibilité des marchés, l’une des thèses fondamentales de l’économie libérale et tant défendue par les libéraux, s’est révélée, en fin de compte, comme le fruit d’une "idéologie" têtue.qui a fait la richesse d’une minorité dépourvue de toute éthique, dans un marché capitalistique, certifié "épileptique", au détriment du reste du monde.
Il a fallu que l’économie mondiale paie le prix fort et subisse les affres de la crise financière et économique pour réaliser l’ampleur des dégâts provoqués par un désengagement de l’Etat C’est à ce moment là que des voix ont commencé à s’élever et à se faire entendre : la crise a eu le mérite de relancer le débat sur l’importance de l’action publique.

Si les causes, les caractéristiques et les retombées de la conjoncture actuelle ont été le plat préféré de la littérature économique au cours de ces deux dernières années, les moyens d’intervention appropriés que doit déployer l’Etat ont été, jusqu’à peu, laissés pour compte. Pour Abderrazak Zouari, professeur à l’IHEC, Université 7 Novembre à Carthage, " la crise actuelle a été l'occasion de repenser les problèmes fondamentaux de politiques économiques auxquels les Etats devraient désormais répondre après la crise, plus particulièrement, les leçons de la crise pour les politiques monétaires et budgétaires.
Tout d'abord, la focalisation des Banques Centrales sur le seul objectif de stabilité des prix et de contrôle de l'inflation n'exempte pas les économies de la récurrence de crises financières, ce qui implique d'introduire la stabilité financière et la stabilisation des prix des actifs et du crédit dans les objectifs poursuivis par les Banques Centrales. Ensuite, les politiques monétaires résolument anti-déflationnistes s'avèrent indispensables. Enfin, et pour lutter contre la récession et répondre à la chute de la consommation privée et de l’investissement, la politique budgétaire doit, aussi, contribuer à la relance de l’activité".

Partant de ces constats, quelles corrections faut-il apporter au rôle de l’action publique pour la doter des moyens à même de la rendre plus efficace ? M. Zouari y répond sans coup férir en précisant qu’une coordination des politiques monétaire et budgétaire est plus que nécessaire afin de prévenir la récurrence des crises.
Il en ressort que l’Etat est appelé à mettre en place des politiques macroéconomiques saines qui tablent sur des objectifs économiques à long terme et non pas seulement des objectifs de court terme, à préserver les grands équilibres macroéconomiques en maintenant les réserves en devises au-dessus du plancher stratégiques de 6-7 mois d’importations et un déficit budgétaire soutenable, à rejeter un retour vers le protectionnisme, à encourager une concurrence loyale et transparente en améliorant la stabilité des différents marchés et, enfin, encourager les entreprises à poursuivre des objectifs de performance économique durable.
Une opinion largement partagée par les panelistes d’autant plus que Manuel Marin, ancien Vice président de la Commission Européenne se déclare partisan d’un Etat institutionnel. En ce sens, l’Etat doit s’approprier la régulation des marchés à travers ses institutions.

Il est à souligner, à cet égard, que le défi le plus urgent est de savoir remédier définitivement à l’érosion de la compétitivité des économies nationales" en œuvrant notamment à : sauvegarder un tissu d’entreprises compétitives ; rehausser la productivité des entreprises et la qualité du capital humain, par l’encouragement de l’innovation et du degré d’adaptation aux mutations technologiques à travers notamment, l’encouragement de la recherche-développement ; créer des emplois suffisants et renforcer le soutien aux plus vulnérables et développer le marché intérieur par l’existence ou la sauvegarde d’une classe moyenne élargie", a articulé M. Zouari.

D’autres problématiques épineuses ne peuvent être abordées que par l’Etat, notamment la sécurité énergétique et les changements climatiques. Sans oublier que pour garantir une sortie salutaire et définitive de la crise, l’action publique doit être fondée sur une vision stratégique à long terme plutôt que sur des considérations immédiates, au jour le jour.
Vu sous cet angle, qu’en est-il du rôle de l’Etat tunisien dans le contexte de la crise actuelle ?
Malgré les mesures d’ordre conjoncturel et structurel prises par l’Etat tunisien dès l’apparition des prémisses de la crise actuelle, les risquent persistent encore. Au vu des dires des intervenants, on présage que les canaux de transmission de la crise à la Tunisie vont continuer à opérer au moins à court terme. Ceci est dû au fait que l’incapacité des mesures gouvernementales prises les pays partenaires de la Tunisie à sortir de l’état de crise actuelle.
Là encore, "les agents économiques (Etat et entreprises) doivent se préparer et de surtout de se mobiliser pour parer aux effets de la poursuite de la crise sur l’économie nationale", précise M. Zouari. Le risque le plus important, pour un pays comme la Tunisie réside dans la réduction des réserves en devises dont le montant conditionnerait la capacité de l’économie tunisienne à adopter la convertibilité totale à l’horizon 2014.

M. Zouari avance quelques recommandations : améliorer la compétitivité de l’économie par un partenariat plus poussé entre le Public et le Privé, favoriser le développement du marché intérieur, favoriser la sécurité énergétique et lutter contre les effets des changements climatiques et surtout poursuivre la politique d’ancrage à l’Europe grâce à une plus grande ouverture du secteur des services.
Cette dernière idée a été disséquée par Gianni De Michelis, ancien ministre italien qui s’est proclamé en faveur des politiques de voisinages, d’une intégration régionale, notamment la création d’une zone Euro-Maghreb, en dépit des différences linguistiques et culturelles. Il s’agit de repenser le nouvel ordre mondial vers une régionalisation de la mondialisation. "Si on doit penser Tunisie, c’est par ce que l’économie de ce pays peut contribuer efficacement à l’amélioration de la nôtre ", ajoute l’orateur italien.
De même, Manuel Marin a porté toute son attention sur l’opacité qui risque d’absorber les pays de la région s’ils n’arrivent pas à coordonner leurs actions et mesures gouvernementales en empruntant le chemin d’une solidarité interrégionale. "Aucun d’entre nous n’a le poids suffisant pour peser, tout seul, sur les règles internationales", a-t-il précisé.

En Tunisie, on le sait déjà : une seule main ne peut pas applaudir toute seule. A cet effet, il est plus que primordial de renforcer la sensibilisation sur tous les fronts. Selon qu’il s’agisse de notre cuisine interne, en l’occurrence, la relation entre l’Etat et les Entreprises, ou de l’ancrage de la Tunisie dans son environnement, on est, aujourd’hui plus que jamais, appelé à consolider les meilleures pratiques de la bonne gouvernance. Celle-ci est garante d’une réactivité imminente face aux aléas de la conjoncture, d’une paix sociale et d’une meilleure compétitivité.

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