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Tunisair : malgré ses bons résultats, Nabil Chettaoui se fait critiquer par ses actionnaires
19/06/2009 | 1
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Tunisair : malgré ses bons résultats, Nabil Chettaoui se fait critiquer par ses actionnaires
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En cette période de conjoncture morose de ciel orageux, il est très difficile d’être PDG d’une compagnie aérienne. Publique de surcroît.
Nabil Chettaoui, PDG de Tunisair, n’est cependant pas du type à se plaindre. Devant des actionnaires mécontents de leur dividende, il oppose chiffres, conjoncture et réalité du terrain, répétant à l’envi qu’il ne fait que suivre ce que font les plus grandes compagnies dans le monde.
En clair, mais sans le dire, il invite ses actionnaires à cesser d’avoir la tête dans les nuages et à réclamer ce qui est du domaine du possible.

Dans le transport aérien, il n’est un secret pour personne que la conjoncture est des plus moroses. Que le ciel est orageux. Les déficits des compagnies aériennes se comptent par dizaines, tout comme les faillites. Il est vrai que les événements se succèdent et ne servent guère ces compagnies : crise économique et financière mondiale, grippe aviaire, grippe porcine, hausse vertigineuse des prix du carburant… Les plus prestigieuses compagnies souffrent. La dernière en date, cette semaine, British Airways demande à son personnel de prendre une semaine à un mois de congé.
Dans ce ciel ombrageux, Tunisair réussit à tirer son épingle du jeu et à dégager un résultat net positif de 22 millions de dinars pour le groupe et de 32,8 MD pour la compagnie. Le nombre de ses passagers a atteint pour la première fois les 3,8 millions de dinars et le coefficient de remplissage s’est élevé à 70% et les produits d’exploitation ont dépassé le milliard de dinars.

C’est une performance historique, commente Nabil Chettaoui, obtenue grâce à la stratégie mise en place par le gouvernement.
La stratégie en question a commencé en 2003 avec la restructuration de la compagnie. En 2006, rappelle M. Chettaoui, on a révisé la politique commerciale pour axer sur les lignes les plus rentables et abandonner les lignes déficitaires. En 2009, et grâce à la sollicitude du président de la République, la compagnie n’aura pas à payer d’impôts sur les bénéfices pendant cinq ans.
Aussi, la compagnie modernise sa flotte avec l’acquisition de 16 nouveaux appareils plus performants et plus économiques en carburant et, surtout, une flotte plus homogène.
Pour l’avenir, le PDG de Tunisair indique qu’il y aura trois actions majeures avec une correction légère de la stratégie commerciale, la compression des charges et l’amélioration de la productivité.
Autre aspect important, la création d’une nouvelle filiale spécialisée dans l’informatique (AISA) qui aura pour tâche de mettre en place le nouveau site web doté d’une plateforme de paiement moderne et, surtout, d’un système d’information capable de répondre aux exigences d’une compagnie de la taille de Tunisair.

En dépit de tous ces résultats, Nabil Chettaoui n’a pas du tout été épargné par ses actionnaires. Les critiques et les interrogations ont fusé de toutes parts.
Parmi les points qui ont été relevés à plusieurs reprises : le déficit de 11 MDT de Mauritaniya Airways. Le plan de financement de la nouvelle flotte, l’aéroport d’Enfidha, la vente du terrain jouxtant la Banque Centrale, à Tunis, la stratégie pour les marchés déficitaires, la plateforme de paiement du site web et les salaires jugés élevés du personnel, ont été également relevés. Le point sur lequel ont cependant insisté les actionnaires est celui des dividendes, jugés trop maigres (50 millimes). « Tout augmente chez Tunisair sauf nos dividendes », remarque un actionnaire. « Nos remarques ne sont jamais prises en considération », renchérit Mustapha Chouaïb qui monte à la tribune pour réciter une série de remarques.
M. Chouaïb relève entre autres les montants élevés de la redevance versée à l’OACA, les montants élevés d’achat de kérosène, l’absence de promotions et de gratuités pour les actionnaires et les prix très avantageux des concurrents. L’actionnaire cite le cas des Turcs avec leur aller-retour à 200 dinars, tout en étant bénéficiaires. Un autre actionnaire profite de l’occasion pour réclamer un billet d’avion pour le pèlerinage, au moins une fois dans sa vie.

A toutes les questions, et sourire aux lèvres, Nabil Chettaoui a répondu.
Pour ce qui est des redevances aéroportuaires, il admet qu’elles sont élevées et que toutes les compagnies partagent cet avis. Cela étant, il indique que l’OACA a fait des efforts et a réduit, pour Tunisair, de 25% la redevance de survol.
Pour le site web, il admet également que la part de 2% dans le chiffre d’affaires est très réduite, mais que des efforts sont actuellement fournis, par l’AISA, et en coordination avec la BCT et les entités concernées, pour que ce site soit modernisé et conforme aux standards internationaux.
Abordant le sujet de Mauritaniya Airways, Nabil Chettaoui indique que la compagnie a démarré en 2007 et qu’elle jouit actuellement d’une excellente image et d’une bonne notoriété en Afrique de l’Ouest. Il rappelle que la compagnie est la première expérience d’une filiale à l’étranger pour Tunisair et que sa naissance a coïncidé avec des difficultés administratives. Cela étant, la compagnie atteindra son équilibre l’année prochaine et génèrera dès lors des dividendes.
Pour le terrain jouxtant la BCT, le PDG indique qu’il a fait l’objet de trois appels d’offres et qu’il est hors de question de le brader.

Quant aux prix, Nabil Chettaoui invite ses actionnaires à comparer le comparable, car 90% des charges des compagnies aériennes sont identiques : elles achètent les avions et le kérosène au même prix. Pour ce qui est des 200 dinars communiqués par une compagnie étrangère, il souligne que quelques places seulement sont vendues à ce prix et à des conditions spécifiques. Tunisair aussi propose des bas prix lorsque le billet est réservé bien à l’avance et à une date ferme, non modifiable et non remboursable.
La question du dividende est balayée rapidement par le PDG qui rappelle la conjoncture mauvaise et qu’en dépit de cette conjoncture, le titre Tunisair a un rendement de 11%.
Enfin, et par rapport aux avantages et gratuités réclamées et à haute voix par les actionnaires, le PDG indique que ceci est impossible à appliquer et, surtout, que ce type d’avantage n’existe nulle part ailleurs. Il est vrai qu’il est impossible d’offrir une gratuité à un actionnaire qui ira vendre ses parts à un autre qui viendra, à son tour, réclamer une gratuité lui aussi.

Autre élément abordé durant l’AG, celui de la communication de Tunisair. Nabil Chettaoui l’admet et avoue même que la part de la communication de Tunisair (0,2% du chiffre d’affaires) est inférieure aux standards des compagnies (3%). Il promet de remédier à ce problème et il est à espérer que sa communication touche les médias sur le web (plus visibles à l’international) et aide les représentations à l’étranger à trouver une place parmi les campagnes agressives de la concurrence.
19/06/2009 | 1
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