
« L'Afrique est bankable ! ». Cette phrase a marqué la 6e édition de l'Africa Investment Forum, qui s’est tenue cette année à Rabat (Maroc), une capitale en pleine expansion, du 4 au 6 décembre 2024.
Pendant ces trois jours de discussions, le Forum a enregistré un total de 29,2 milliards de dollars en nouvelles marques d’intérêt de la part des investisseurs. En tout, 2.300 investisseurs représentant plus de 200 institutions mondiales se sont réunis dans 41 salles de transaction, venant de 83 pays, dont la Tunisie. Cela représente une hausse de 60 % par rapport à l’édition précédente.
La présence de la Tunisie a été relativement modeste, avec peu de participants. Anis Jaziri, président du Tunisia-Africa Business Council (TABC), a été le seul panéliste tunisien à avoir part aux discussions. À cette occasion, il a annoncé le lancement en 2025 du Tunisian Consortium for African Development (TUDAC), un consortium qui regroupera des leaders tunisiens dans les secteurs de l'infrastructure, de l'énergie, de l’assainissement et des télécoms, et qui travaillera sur des projets structurants à travers le continent. La Tunisie, selon lui, a tout intérêt à intensifier son engagement sur le marché africain et à déployer l’expertise de ses entreprises pour saisir les nombreuses opportunités.
L'Afrique fait face à une demande sans précédent en matière de biens de consommation, de services numériques et de logements. La demande de logements, par exemple, représente une opportunité d’investissement de 1.400 milliards de dollars. Le marché africain de l’alimentation et de l’agriculture devrait atteindre 1.000 milliards de dollars d’ici 2030. De plus, la demande d’infrastructures, allant des transports à l’énergie, en passant par l’eau et l’assainissement, ouvre une porte à des investissements de 170 milliards de dollars par an.
L’Afrique est désormais devenue la destination privilégiée des investisseurs, attirés par les rendements générés par la transition énergétique mondiale, avait affirmé Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD). « Le continent joue un rôle clé dans cette transition grâce à ses vastes réserves de minéraux critiques, indispensables pour les technologies vertes ».
Dans son discours d’ouverture, Akinwumi Adesina a cherché à rassurer les investisseurs venus de tout le continent et au-delà. Habillé d’un costume bleu électrique et d’un nœud papillon coloré, il a affirmé que « l’Afrique n’est pas aussi risquée qu’on le croit. La perception n’est pas la réalité. » Il a insisté sur le fait que les chiffres soutiennent l’investissement en Afrique et qu'il est nécessaire de dépasser les idées reçues.
Une étude de Moody’s Analytics a montré que l'Afrique affiche les taux de défaut les plus bas au monde en matière d’investissements dans les infrastructures, avec seulement 1,9% de défaut sur 14 ans, contre 6,6% en Amérique du Nord, 10,1% en Amérique latine, et 12,4% en Europe de l'Est.
Akinwumi Adesina a également souligné l'énorme potentiel de l’Afrique en matière de minéraux critiques, essentiels à la transition verte. Le continent détient 95% du chrome, 90% des métaux du groupe du platine, deux tiers des réserves mondiales de cobalt, 30% du lithium et du manganèse, et 20% du graphite, tous nécessaires à la fabrication de véhicules électriques et de batteries de stockage d’énergie. D’ici 2050, la taille du marché des véhicules électriques et des systèmes de stockage d’énergie par batteries devrait passer de 7.000 milliards de dollars en 2030 à 59.000 milliards de dollars. L'Afrique, qui fournit actuellement des minerais bruts, a une occasion unique de monter dans la chaîne de valeur de ces minéraux, à condition d’investir dans des industries à forte valeur ajoutée.
En fin de compte, les investisseurs ont engagé des fonds pour 37 projets pour le développement du continent. Ces projets englobent des secteurs aussi variés que les transports, l’électricité, l’énergie, l’agro-industrie, l’industrie, l’exploitation minière, la pharmacie, le capital-investissement, le tourisme, les infrastructures urbaines et la gestion de l’eau…
S.T
