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Moez Laâbidi : le flou politique empêche le déblocage de la situation économique
23/05/2022 | 09:24
4 min
Moez Laâbidi : le flou politique empêche le déblocage de la situation économique


Le professeur en sciences économiques et membre du conseil d’administration de la Banque centrale (BCT), Moez Laâbidi, a expliqué que les confinements et autres mesures sanitaires avaient provoqué une baisse de l’inflation. « Néanmoins, la levée de ces mesures a donné un rebond économique d’où la hausse du taux de l’inflation… La guerre russo-ukrainienne a conduit à un blocage au niveau des chaînes de valeurs et une hausse des prix », a-t-il ajouté.

Invité le 23 mai 2022 par Wassim Ben Larbi sur les ondes de la radio Express FM, Moez Laâbidi a considéré que la fin du conflit en Ukraine ne conduira pas à une stabilisation des prix et à un ralentissement de la hausse du taux d’inflation. Il a souligné l’impact de la transition énergétique à ce sujet. Il a évoqué la hausse de la demande en matières premières permettant la production d’énergies renouvelables telles que le cuivre et l’aluminium.

« L’usage d’énergies fossiles sera, dans le futur, sanctionné. Ceci conduira à une baisse de l’investissement au niveau de ce secteur… Nous ne sommes pas encore préparés à la transition énergétique alors que le prix du baril de pétrole continue à progresser… Ce phénomène peut avoir des répercussions à l’échelle sociale. Nous avons vu cela en France avec les gilets jaunes qui s’opposaient à la taxe sur le carburant », a-t-il déclaré.


Moez Laâbidi a souligné le blocage au niveau de la mise en place de réformes en Tunisie. Il a, également, mis l’accent sur l’absence d’impact de l’introduction de modification au niveau du taux d’intérêt ou de la taxation en raison du flou politique et institutionnel. Les politiques de relance, selon lui, peuvent avoir un impact dans les pays développés contrairement à la Tunisie où l’encouragement de la consommation peut provoquer une hausse du déficit de la balance commerciale.


« Nous sommes dans une situation un peu particulière… La hausse de l’inflation en Tunisie limite la marge de manœuvre et ne permet pas de baisser le taux d’intérêt… Les hausses de l’endettement et du taux d’intérêt empêchent le recours à des prêts au sein des marchés internationaux. Le secteur financier est fragile, ce qui perturbe la relance économique », a-t-il poursuivi.




Le membre du conseil d’administration de la BCT a expliqué que la hausse des prix du baril de pétrole provoquait une hausse des coûts de transport. Ceci conduira à une hausse des prix de vente des marchandises et de l’inflation sous-jacente. Il a expliqué que le climat d’investissement était impacté par l’incertitude politique, sociale et des doutes au sujet des sources de financement du budget de l’Etat.


« Dire que les individus endettés auprès des banques seront impactés par la hausse du taux d’intérêt est vrai. Néanmoins, nous devons étudier la balance des risques. Nous devons comparer entre l’impact de la hausse du taux d’intérêt et l’inaction… Nous avons remarqué un phénomène de stockage et de sur-stockage en Tunisie en raison de la hausse des prix et des risques de la dévaluation du dinar… Nous devons étudier l’impact de l’inaction... La politique monétaire doit être épaulée par la politique financière publique… Nous ne devons pas continuer de la sorte… La Banque centrale a besoin d’un appui de la part des politiques gouvernementales… Le Fonds monétaire international pourra nous aider à sortir de la crise. Néanmoins, nous devons penser aux étapes suivantes », a-t-il insisté.

Moez Laâbidi a appelé à réfléchir en profondeur afin de garantir l'efficacité des politiques monétaires et financières. Il a, également, affirmé que cet élément, combiné à l'absence d'un programme de réformes en collaboration avec le FMI, représentait un grand péril.

 

S.G

23/05/2022 | 09:24
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