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Covid-19 : une contamination crescendo malgré les mesures
19/03/2020 | 20:13
6 min
Covid-19 : une contamination crescendo malgré les mesures

 

Le quotidien du Tunisien est rythmé par l'actualité liée au coronavirus. Des mesures drastiques ont été mises en place pour endiguer la contamination, notamment un couvre-feu et la fermeture des frontières. Sauf qu’on constate que le nombre de contamination est en train de se multiplier. La population, inquiète, se demande si les mesures prises sont suffisantes et si le confinement s'impose. Qu’en disent les spécialistes ?

 

La propagation du virus Covid-19 suit une courbe exponentielle et les mesures mises en place ne semblent pas freiner cette tendance. De 1 à 2 cas par jour, on est passé à 4 ou 5. Aujourd’hui, on enregistre 10 contaminations quotidiennes. Le chiffre a été annoncé par la directrice de l'Observatoire des maladies nouvelles et émergentes Nissaf Ben Alaya lors du point de presse quotidien au ministère de la Santé, ce jeudi 19 mars 2020. 86 analyses ont été effectuées la veille, portant le nombre de personnes contaminées par le Covid-19 à 39 cas : 25 cas importés et 14 par contagion locale étant des proches des premiers. 3.159 sont en confinement en ce moment, dont certains bravant l’interdiction. Ces derniers sont la cause de nos malheurs étant en majorité des personnes qui ont séjourné à l’étranger ou ayant eu des contacts directs avec des individus infectés. Mettant en péril toute la population, ils sont ainsi passibles d’une peine d'emprisonnement allant d’un à trois ans. Entre temps et en attendant leur jugement, d’autres moyens dissuasifs sont utilisés. Le ministre de l’Intérieur Hichem Mechichi avait décidé la veille d’assigner à résidence 4 personnes qui n’ont pas respecté les mesures de confinement à Jendouba, Sfax et Mahdia.

En outre, 16 personnes arrêtées et 53 autres restées en état de liberté ont été déférées devant la justice pour n’avoir pas respecté les décisions de fermeture des établissements commerciaux dans les heures prévues. 69 commerces n’ayant pas respecté les horaires de fermeture exceptionnelle ont été fermés.

 

Le directeur général des soins de santé de base au ministère de la Santé, Chokri Hammouda, a tenté d’expliquer l’augmentation importante des contaminations. Il présente deux lectures.

La première lecture est que la courbe de contamination est ascendante et tous les deux à trois jours, le nombre de malades double. Il s’interroge sur la véracité de l’échantillon sur lequel ils travaillent : «Les 39 cas donnés par une méthodologie particulière, est-il un chiffre exact ou faudra-t-il le multiplier au moins par 2 ?».

Ceci les conforte dans les mesures préventives prises car «toute mesure préventive ne donne de résultat que dans 2 à 3 semaines», a-t-il précisé. Il a soutenu qu’il y a une probabilité pour opter pour un confinement total les prochaines semaines.

Et d’affirmer que «jusqu’à cette heure, je peux dire que les dispositions ont été prises au moment opportun. Est-ce que ces mesures sont suffisantes ? Non, on attend de voir les deux prochains jours, si le nombre reste le même ce sera bon, sinon on devra durcir davantage les mesures».

La deuxième lecture est de comparer la semaine avec celle d’un autre pays contaminé. Dans ce cas de figure,  Chokri Hammouda trouve que les mesures anticipatives ont été prises avant les autres pays et donc le nombre de contaminés est moindre.

 

S’agissant de l’efficacité d’un confinement, M. Hammouda a affirmé qu’il faudra une trentaine jours de confinement pour éradiquer la maladie : les symptômes se déclarent parfois après 14 jours, dans les faits, il faut compter 35 jours, du jour de la contamination jusqu’au jour de la guérison.

 

 

Le professeur spécialisé dans l'épidémiologie et ancien directeur de l'Observatoire des maladies nouvelles et émergentes, Mohamed Chahed, a estimé, pour sa part, que notre système de santé va tenir le coup et ne va pas être dépassé.

Il a expliqué ainsi que notre pays a été très réactif dans sa gestion des risques, en précisant que certes la maladie est nouvelle, mais que les 200 épidémiologistes du pays ont suivi toutes les nouveautés ainsi que les réussites de la Chine et de la Corée du Sud qui ont réussi à freiner la maladie.

«Notre riposte obéit à deux règles : les évidences scientifiques (leçons Corée du Sud et Chine) et l’article de Ferguson», a-t-il indiqué, en soutenant que «le défi est de recenser les cas importés et les risques liés à une contamination locale».

 

M. Chahed estime que les mesures prises en Tunisie sont bonnes et inspirées de celles prises en Chine et en Corée du Sud et qui sont 5 mesures phares : l’isolement de tous les malades, la mise en quarantaine des familles des contaminés ainsi que des contacts et entourage des contaminés, la fermeture des écoles et l'écartement du milieu de travail des personnes à risque (hypertendus, diabétiques, etc.).

«Actuellement, on est dans une phase d’observation des cas importés et leur effet local sur les contaminations et surtout s’il y a eu des infectés locaux sans avoir de contact avec des cas importés. Ce sont les éléments clés du suivi de la situation. On raisonne en incertitude et en vraisemblance : c’est la probabilité. En médecine, ne peut pas être affirmatif !», a-t-il déclaré.

 

L’épidémiologiste précise que selon l’observatoire, il y a 10.000 Tunisiens qui sont entrés en Tunisie, dont une partie est infectée (des porteurs-seins ou des symptômes très légers assimilés à ceux d’une grippe normale) mais qui peuvent contaminer.

«Je pense que le nombre de cas infectés va augmenter, le dernier vol de rapatriement étant prévu demain. Quand on bloque les stocks d’entrants, on ne va pas déborder. Selon nos prévisions, nous ne pensons pas que notre système de santé va être dépassé», estime-t-il.

 

 

Mohamed Chahed estime que dans le cas actuels, les mesures restent suffisantes. «Les règles de l’épidémiologie stipulent que lorsqu’il y a un nouveau virus humain, il va aller à la rencontre de toute la population humaine. Nous sommes en train de donner des coups de frein. Par exemple, le virus H1N1, il lui a fallu 3 saisons pour s’installer : hémisphère nord, hémisphère sud, 30 à 40 % de la population, avant de refaire un tour, jusqu’à atteindre l'immunité de groupe. Donc, actuellement, nous cassons l’épidémie avec des coups de freins», a-t-il expliqué, en affirmant qu’il n’est pas inquiet quant à la gestion de crise et à la veille épidémiologique et scientifique que sont nos épidémiologistes.

Ceci dit, il a souligné le rôle du citoyen dans cette affaire : «Sur le plan scientifique, on est au maximum. L’orientation du comportement de l’opinion publique est vital. (..) Assumons nos responsabilités civiques pour se protéger et protéger les autres». Et de soutenir que la clé de la riposte est un changement de comportement.

 

En effet, le spécialiste considère qu’il faudra cohabiter avec cette menace pendant une année au moins : «Notre population restera vulnérable. Si on rouvre nos frontières, il y aura un nouveau stock et il va y avoir de nouveaux cas. On ne va obtenir une immunité stable qu’après le vaccin. Il faudra compter 12 à 18 mois pour y arriver, puis débuteront les négociations sur le quota de la Tunisie en nombre de doses. La Tunisie doit se positionner dès maintenant dans ce chantier de vaccin, de production et de quota».

 

La prochaine période sera décisive dans le combat contre le coronavirus. Appliquer les directives est notre seule issue pour sortir indemne, sachant que la Tunisie a enregistré ce jeudi 19 mars 2020 le premier décès lié à la pandémie. En ce qui concerne les dégâts économiques, il est très tôt pour se prononcer. Mais, il n’est pas tard pour épauler les services sanitaires du pays et pour sauver des vies, tout simplement en changeant certains de nos comportements. 

 

Imen Nouira

 

 

19/03/2020 | 20:13
6 min
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Commentaires
Microbio
A mon avis..
a posté le 20-03-2020 à 14:36
Le comportement des citoyens le week-end prochain déterminera en grande partie si des couvre-feux seront également imposés en Tunisie en raison de la crise corona.

Il faut regarder le comportement de la population ce week-end. Le dimanche est un jour crucial que nous devons surveiller.

Il a été constaté que la semaine dernière, malgré de multiples demandes des politiciens pour éviter autant que possible les contacts sociaux en raison du risque d'infection, de nombreuses personnes ont continué à se réunir en groupe, par exemple dans les marchés publics et les discothèques du matin.

Plus récemment, des politiciens ont exhorté les citoyens à respecter les restrictions imposées par le gouvernement à la vie publique. Les gens se fréquentent traditionnellement le dimanche parce qu'ils ont du temps libre.

Malheureusement, cela n'est actuellement pas possible en dehors de la famille restreinte. Cela doit être arrêté maintenant. Si cela ne se produit pas, d'autres mesures pourraient être décidées à travers le pays, bien que l'on veuille réellement l'éviter.

Le gouvernement voulait en fait éviter un couvre-feu. Tout d'abord, il est important que la population comprenne les mesures et soit prête à limiter sa vie sociale. Et quand on regarde les pays qui ont déjà imposé des couvre-feux, il devient clair que ce serait un énorme fardeau supplémentaire.

Peu de gens, surtout dans les villes, ont un jardin ou une grande propriété. Par conséquent, les gens devraient être appelés à nouveau à prendre à c'?ur les mesures qui ont été décidées jusqu'à présent et à les mettre en '?uvre. Et cela signifie, en dehors de la famille restreinte, éviter si possible tous les contacts sociaux.

Cependant, on s'attend à ce que la population fasse confiance au gouvernement, ne se laisse pas berner par de fausses nouvelles et applique systématiquement les recommandations officielles.
Zohra
Mr Chahed
a posté le 20-03-2020 à 09:31
Heureusement que l'autosatisfaction ne tue pas ! Pour vous, tout va bien dans le meilleur des mondes. '?a fait plaisir de lire vos dires, en espérant que votre optimisme et ce que vous dites se réalise. Vous dites ce que les autres on dit ou on fait, vous ne nous apprenez rien en citant Ferguson ou les mathématiciens de France ou d'Italie, mais ça fait bien. Puisque vous utilisez le NOUS, dites nous ou en est la Tunisie avec le vaccin ?
Mounira
Evidement
a posté le 20-03-2020 à 09:04
D'une part, tous les pays, sans exception, ont rapatrié leurs ressortissants. Ils sont tunisiens, c'est à la Tunisie de les prendre en charge et pas les autres pays.
D'autre part, Mr Chahed devrait prendre l'exemple de pays qui nous ressemble au niveau comportementale, telle que l'Italie ou la France, plutôt que de citer la Chine et la Corée qui, quand on dit A à la population, c'est A et ce n'est pas B.
Ce Mr rêve et devrait se réveiller !
Toubi
Super et bravo
a posté le 20-03-2020 à 08:34
Dommage que tous les pays européens avec leurs milliers de morts n'ont pas fait appel à vous, cher Monsieur, pour leurs faire part de vos suggestions et leurs permettre d'endiguer la catastrophe. Il n'est jamais trop tard, proposez votre aide !
Le Sphynx
Non les frontières ne sont pas fermées,les rapatriements continuent
a posté le 20-03-2020 à 05:22
Si le nombre de cas augmente c'est parce que les autorités tunisiennes se sentent obligées de ramener au pays les tunisiens imprudents qui sont partis à l'étranger en pleine crise sanitaire.Je vous livre un scoop ce matin ,durant cette journée du 20 mars un avion va ramener une cargaison de tunisiens d'Angleterre ,pays lourdement infecté,et demain samedi on va nous annoncer 10 ou 20 cas positifs de plus ,sachez qu'en Turquie pays très atteint malgré le déni des autorités turques 500 tunisiens sont en attente de rapatriement, ils vont nous ramener 20 ou 40 autres cas.Un point que les autorités sanitaires semblent négliger c'est le confinement dés l'embarquement dans les pays étrangers l'interdiction de servir de la nourriture et des boissons à bord des avions s'impose .Enfin,la cacophonie qui règne en Tunisie actuellement témoigne d'un manque de maturité des soit disant élites ;pour preuve les appels répétés de H ben Hamouda à l'instauration du confinement de toute la population,il est économiste il doit savoir que cela signera la mort de la Tunisie,en plus ce Mr n 'a aucun savoir médical et encore moins virologique .MM titulaire du certificat d'études spéciales de virologie,Faculté de médecine de Paris Sud année 1981,ancien directeur de labo de bactério-virologie dans plusieurs pays étrangers
YJones
...porteurs-sains...
a posté le 19-03-2020 à 22:02
...dont une partie est infectée (des porteurs-SEINS ou des symptômes très légers assimilés à ...
DHEJ
Le mec parle de STOCK...
a posté le 19-03-2020 à 21:16
ROBOCOP responsable des affaires étrangères détient-il le chiffre exact de ce STOCK ( nombre de tunisiens a l'étranger)?

Police de frontières...

Et une fois de retour au pays pourquoi ne pa s'inspirer de l'expérience coréenne : retrait du passeport et LOCALISATEUR DE POSITION?