La chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis a rendu son verdict à l’aube du 19 avril 2025, dans l’affaire de « complot ». Des peines particulièrement lourdes, pouvant aller jusqu’à 66 ans de prison, ont été infligées aux accusés à l’issue d’un procès vivement contesté par la défense.

Dans un communiqué, le mouvement Ennahdha condamne fermement ce qu’il qualifie de mascarade judiciaire, estimant que des peines sévères ont été infligées à des figures politiques respectables, sans preuves tangibles ou sur la base d’une interprétation abusive de comportements ordinaires, requalifiés à tort en infractions pénales. Le mouvement y voit un complot manifeste du pouvoir visant à réduire au silence l’opposition et toute voix libre. Il accuse le régime d’avoir trahi les principes de la Constitution et d’avoir anéanti les acquis démocratiques issus de la révolution, après avoir échoué à améliorer les conditions économiques et sociales du pays.

Ennahdha considère également que l’acharnement à masquer les falsifications, les montages et les calomnies, ainsi que la manipulation de la justice pour rendre des verdicts de vengeance, ne fait que renforcer l’innocence des accusés. Ces jugements, selon lui, resteront gravés dans l’histoire comme des symboles d’injustice, d’arbitraire et de répression politique, caractéristiques des régimes autoritaires.

Le mouvement met en garde contre l’aggravation de la dérive autoritaire. Le recours systématique à la répression, tant à l’encontre des opposants politiques que des mouvements sociaux réclamant des droits fondamentaux, prive le pouvoir de toute légitimité. Cette situation constitue une menace sérieuse pour l’avenir du pays.

Il exige par ailleurs la libération immédiate de tous les prisonniers politiques et détenus d’opinion, parmi lesquels figurent des journalistes, des syndicalistes et des hommes d’affaires. Ennahdha appelle les autorités à cesser d’instrumentaliser la justice à des fins de diversion, dénonçant une stratégie visant à détourner l’attention de l’échec du pouvoir dans la gestion de l’État, marqué par un déficit financier croissant, une stagnation économique, des tensions sociales persistantes et un isolement diplomatique.

Enfin, le mouvement appelle toutes les forces politiques et civiles à dépasser leurs divergences pour défendre ensemble les droits et libertés fondamentaux et relancer un véritable processus démocratique. Il met en garde contre un populisme destructeur qui, selon lui, entraîne le pays vers une impasse politique, la perpétuation des crises économiques et l’aggravation des tensions sociales.

M.B.Z