Le conseil du marché financier, gendarme de la Bourse tunisienne, a publié jeudi 20 août 2015 un communiqué dans lequel il indique avoir décidé d’obliger Mohamed Frikha, actionnaire majoritaire de Syphax, d’organiser une Offre publique de retrait et de proposer aux actionnaires 3,900 dinars par action. Le nombre des actions en circulation sont de 2.402.671 actions. L’opération aura lieu du 21 septembre 2015 au 30 octobre 2015. A la suite de cette OPR, Syphax sera officiellement retirée de la Bourse de Tunis.
Pour justifier sa décision, le CMF a indiqué que Syphax Airlines a publié des informations financières ne reflétant pas la réalité pour l’exercice 2013. Les états financiers de cet exercice sont trompeurs et inexacts et l’entreprise n’a pas respecté ses engagements au moment de son introduction en bourse.
Le CMF relève que Syphax n’a pas publié ses états financiers de l’année 2014, ainsi que les états du dernier trimestre 2014 et des deux premiers trimestres 2015, ce qui est contraire aux principes de transparence et d’équité entre les épargnants.
Le CMF a convoqué le 17 août courant Mohamed Frikha, président de la société, pour lui proposer l’OPR et il a accepté, dès que l’on remplisse un certain nombre de conditions.
On rappelle que l’action a été proposée à son introduction, il y a à peine deux ans, au prix de 10 dinars. 1,25 million d’actions ont été alors introduites sur le marché ayant permis à Mohamed Frikha de lever 12,5 MDT. Les reprendre maintenant au prix de 3,9 dinars revient à dire qu’il va payer 4,875 MDT. La différence ? Raflée des poches des actionnaires qui ont fait confiance à Syphax et au CMF !
Le communiqué du jeudi 20 août 2015 du CMF accable Syphax de ne pas avoir publié ses états financiers et d’avoir donné des chiffres inexacts et lui imposer de racheter les actions en circulation. Mais quid de la responsabilité de ce même CMF dans ce qui est arrivé ? Pourquoi ce CMF n’a pas imposé l’application de la loi dans les temps ? Au moment de son introduction, il y a bien eu des voix pour dire que l’introduction est illégale au regard de la législation actuelle. Le CMF et son président, nommé fraichement par la troïka, alors au pouvoir, ont passé outre et ont quand même fait l’introduction, en dépit des textes de loi. Cette même troïka qui a donné le feu vert pour que la compagnie démarre ses activités.
Plus tard, ces mêmes responsables du CMF n’ont pas imposé, dans les temps, le respect de cette même loi par Syphax. Il a fallu que la compagnie arrive à une impasse et soit interdite de vendre ses billets d’avion, pour que le CMF somme M. Frikha de payer et ce après avoir suspendu l’action durant plusieurs mois.
Avec un tel scénario, les actionnaires de Syphax ne peuvent que pleurer leur argent et la confiance qu’ils ont donnée au marché financier tunisien et sa bourse. Un signal des plus négatifs que le gendarme donne aux investisseurs et qui va avoir des répercussions négatives sur les autres sociétés cotées ou qui s’apprêtent à s’introduire qui, elles, respectent bien la loi.
Sous d’autres cieux, pareil scandale aurait poussé à la démission des véritables responsables de cette débâcle au CMF!
