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Sortie de la Tunisie de la liste du Gafi : Les intérêts des avocats & co avant la patrie !
27/02/2019 | 19:59
5 min
Sortie de la Tunisie de la liste du Gafi : Les intérêts des avocats & co avant la patrie !

 

Un seul point bloquant se dresse contre la sortie de la Tunisie de la liste du Gafi et donc de celle de l’Union européenne : l’adhésion des professions non-financières et à leur tête les avocats aux efforts de l’Etat de lutte contre le financement du terrorisme et du blanchiment de capitaux.

 

Malgré tous les efforts consentis, le 13 février dernier, l’Union européenne a maintenu la Tunisie sur la liste noire pour le financement du terrorisme et du blanchiment de capitaux. Et en cause, le pays n’a pas fait le nécessaire pour répondre aux normes du Groupe d'action financière (Gafi). Il est épinglé pour 7 lacunes, mais une seule empêche la Tunisie de sortir du groupe non-coopératif établi par le groupement : que les professions non-financières (avocats, experts-comptables, notaires, joailliers, etc.) acceptent d’être vigilants et de lever le secret professionnel dans les affaires d’un cadre très précis celui du financement du terrorisme et le blanchiment de capitaux. Sauf que couvrir les évadés fiscaux semble être une ligne rouge pour ces professions et à leur tête les avocats, supposés être les premiers défenseurs du respect de la loi et surtout les premiers à la mettre en application, surtout lorsqu’il est question de préserver la nation des dangers qui la guettent.

 

Selon les informations recueillies par Business News, l’Italie qui copréside avec les Etats-Unis le Groupe d'examen de la coopération internationale (ICRG) avait proposé lors d’une des réunions d’envoyer un groupe d’experts du Mena Gafi pour une visite "on-site" en Tunisie en mai prochain, même si pour l’instant tous les critères ne sont pas complétement remplis. La proposition a été présentée au cours de la réunion de Paris et soutenue donc par l’Italie et la France, mais finalement les Américains ont opposé leur veto, jusqu’à la finalisation des travaux, considérant que la non adhésion des professions financières est un point bloquant et que la Tunisie ne peut pas faire l’exception.

Ainsi, il suffirait, selon nos sources, que cette loi passe pour que le Gafi Mena planifie sa visite afin qu’on soit présenté dans l’ordre du jour de la prochaine assemblée du Gafi (qui se tient deux fois par an, l’une en juin et l’autre en octobre) afin que la Tunisie soit retirée de la liste. Pour sa part, l’Union européenne a certifié à la Tunisie qu’elle sera retirée de sa liste noire, dans le mois qui suivra la décision du Gafi.

Certes, il y a 7 points sur lesquels la Tunisie doit faire des avancées, mais celui-ci est le seul qui représente un blocage, sachant que pour le Registre du commerce la loi est passée et il reste les textes applicatifs ; et puis pour le gel des avoirs des personnes et organismes soutenant le terrorisme, la loi a été entravée à l’Assemblée des représentants du peuple.

 

Il faut dire que le fait que le dinar ne soit pas convertible et que tous les mouvements en devises doivent transiter par la Banque centrale de Tunisie et systématiquement contrôlés, a été d’une grande aide pour convaincre les différentes parties prenantes qu’il n’y a pas de risque que le pays devienne une plaque tournante du financement du terrorisme et du blanchiment d’argent. Le seul petit point qu’on puisse nous reprocher est la quantité de liquidité qui circule via le circuit parallèle et qui pourrait justement être entravée par l’adhésion des professions non-financières aux efforts de l’Etat tunisien pour combattre l’évasion fiscale et la contrebande –NDLR des activités intimement liées au financement du terrorisme et au blanchiment d’argent–. Un travail devra aussi être fait par les experts-comptables sur les mouvements entre entreprises mères et filiales, pour vérifier qu’elles ne sont pas des plateformes de transition d’argents sales.

 

Pour résumer, ce qui se passe en Tunisie colle bien au dicton tunisien qui dit : «Il tue le mort et assiste à ses funérailles». Les mêmes personnes responsables de ce blacklistage se dressent aujourd’hui pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme étant l’inaction du gouvernement. Un comble.

Premiers responsables, les élus qui sont en train de bloquer certains projets de loi nécessaires pour que le pays avance, mais aussi les professions libérales et à leur tête les avocats, qui se sont élevés contre l’article 36 de la Loi de finances 2019. Ils ont même déposé un recours contre cet article pour inconstitutionnalité et ont eu gain de cause.

Le hic, c’est que partout dans le monde, du moins dans les pays démocratiques et qui se respectent, de tels mécanismes existent et les professions non-financières y adhérent : elles représentent un rempart contre ces activités illicites et aident leurs pays respectifs à mettre en lumière les comportements condamnables, tels que le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent. Mais, en Tunisie, nos compatriotes, et surtout les avocats censés être le modèle à suivre, ont estimé que cela relève du secret professionnel et qu’on doit protéger de telles pratiques !

 

Mais, il faut dire que la Tunisie va finir par devenir un cas d’école, car même les organismes officiels supposés être transparents et travailler pour cette cause ne le sont pas. Juste pour citer un cas concret, la Commission tunisienne des analyses financières (Ctaf) qui a refusé de se positionner dans l’affaire des Daïmi en publiant un communiqué flou. La commission n’a pas démenti l’existence d’un rapport les incriminant, mais a plutôt nié la publication de ce rapport qui établit que les frères Abdelmonem et Mounir Daïmi sont mouillés dans des affaires de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme et que d’importantes sommes d’argent ont transité par leurs comptes bancaires et servi à des fins autres que le secours humanitaire dont ils se prévalent.

La Ctaf, qui aurait dû être en première ligne pour dénoncer ce genre d’agissement et les mettre sur la table, a préféré se taire et appliquer la politique de l'autruche !

 

Un seul et unique pas sépare la Tunisie de sa sortie de la liste du Gafi et donc de celle de l’Union européenne. Mais, c’était sans compter sur le patriotisme de certains avocats & compagnie, qui estiment que défendre le financement du terrorisme et le blanchiment de l’argent relève du secret professionnel et donc doit être défendu bec et ongles. Tant pis pour le pays… il se débrouillera !

 

Imen NOUIRA

27/02/2019 | 19:59
5 min
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Commentaires (10)

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Crow
| 01-03-2019 16:36
Connaissant le marché bancaire tunisien, je peux vous assurer que la Tunisie est devenue une plaque torturante du blanchiment d'argent avec des dizaines de sociétés écran et des comptes servant uniquement à faire transiter l'argent d'un pays A vers un pays B en passant par la Tunisie..A titre d'exemple, les libyens qui connaissent une crise de liquidité sans commune mesure, ouvrent massivement des comptes en tunisien sans apporter la moindre source des revenus et puis transfèrent le tout dans d'autres pays...Le GAFI et l'Union Européenne savent pertinemment que nous n'appliquons pas les lois qu'on vote. quant à la BCT, laissez moi rire. Savez-vous combien y a t-il d'inspecteurs dédiés aux comptes en devises? uniquement 3 personnes. Elles étaient une vingtaine il y a quelques années mais les meilleurs éléments sont partis. Et vous pensez que 3 personnes sont capables de détecter les mouvements les plus suspects? Autre chose, les banques ont beau envoyer des déclarations de soupçons à la CTAF, celle-ci ne répond que rarement...bref un pays de corruption et d'incompétence.

Microbio
| 28-02-2019 20:07
Il est étonnant de rappeler ce que nos Avocats savent déjá trop bien, voilà ici un RAPPEL:
Les juges peuvent punir l'évasion fiscale d'amendes et de plusieurs années de prison (aussi les avocats!). Dans les cas particulièrement graves d'évasion fiscale, une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à dix ans est possible (comme c'est le cas ici avec les avocats et les médecins, après des décennies d'évasion fiscale!).

Il existe quatre "cas graves" différents:

1. Vous réduisez sévèrement les impôts pour votre propre intérêt ou obtenez des avantages fiscaux injustifiés à grande échelle.
2. Un agent des impôts abuse de sa position au sein de l'administration fiscale pour obtenir des avantages fiscaux.
3. Pour obtenir des avantages fiscaux, faites appel à un percepteur qui utilise son poste au sein de l'autorité fiscale.
4. Vous faites consciemment des documents imités ou vous falsifiez ceci.

Verstanden

URMAX
| 28-02-2019 18:38
.... prévoyez la construction de geôles en plus :
Il risque d'y avoir du monde à venir frapper à la porte !
...
De la volaille au frais, en perspective ...

mjr
| 28-02-2019 17:51
Certaines corporations sont en déficit de civisme et ont crée des lobbys puissants.
Les médecins ont refusé dans les années 70 les ordonnances numérotées du temps de feu Hedi Nouira.
Maintenant les avocats s'opposent au lever du secret professionnel dans les affaires de blanchiment. Les avocats qui fourmillent dans les partis ou qui sont à leur tète devraient balayer devant leur porte avant de vouloir se proposer comme sauveurs du pays.

DIEHK
| 28-02-2019 13:27
Y en a pour tout le monde sauf pour le pauvre Tunisien qui est tenu en Otage par la Boulitique de toujours d'ailleurs.
1 chose que les Boulitiques Tunes ont comprise depuis belle lurette:
Qu'ils ne sortiront jamais de cette punition divine, car le Dieu du Monde est plus puissant que l'autre des Barbus et je ne sais pas si les extra-terrestres Takfiristes vivants en Tunisie comprendront le langage de ce Dieu "Gafi" pour les Intimes!!!!
Post pour Intelligents & Incultes si vous arrivez à décoder entre les mots?

HatemC
| 28-02-2019 10:43
Rien à ajouter espérons une prise de conscience des Tunisiens contre ces groupes mafieux...
Ils veulent protéger les fuites de capitaux et couvrir l'évasion fiscale qui leur rapportent un pécule en dessous de table, ils ne veulent pas payer l'impôt sur le revenu etc... Des avocats hors la loi et comme tu le dis si bien au pays des ânes parlant tout marche de travers..
Bien sur qu'il faut un état fort qui leur marche sur l'estomac et marche ou crève.. Bonne journée... HC

mansour
| 28-02-2019 10:38
ce sont les profils et intérêts des lobbys économiques,politiques et islamistes freres musulmans salafistes pour garder un pouvoir indéboulonnable et influencer sur les 3 pouvoirs

Belha
| 28-02-2019 10:07
merci pour votre article , les avocats sont partout et font en sorte d'avoir la main sur tous les rouges du pays.
ils ne lâcheront pas leur beefsteak et puis qui se soucie du pays aujourd'hui , vraiment personne , hélas!

DHEJ
| 28-02-2019 09:53
Qui va colmater les cassures?!


Bab ezzira
| 28-02-2019 08:28
J'invite mes compatriotes à réfléchir sur les points suivants.
1- Je ne cesse de rappeler que la goujaterie, le corporatisme et le lobbyisme sont les plus grands fléaux du pays.
2- Certains corporatismes relèvent même le statut d'associations de malfaiteurs vu les débordements, les dépassements des lois et l'influence exercée sur la société à travers même des personnes occupant des postes de haut niveau au sein des 3 pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.
3- Parmi ces dangereux corporatismes on cite les avocats ou ils ont leurs propres élus, leurs propres ministres et bien sûr des amis juges. Ils se sont opposés à la réforme du régime fiscale demandant meme des textes spécifiques pour la protection des fraudeurs et des évadés fiscaux qu'ils obtiennent chaque année sous forme d'articles dans la loi de finance.
4- Aujourd'hui ce même corporatisme s'oppose à la transparence et s'obstine à protéger les évadés fiscaux, les blanchisseurs, et les financiers du terrorisme.
5- Cette position contre nature d'homme de lois et qui n'existe qu'au pays des ânes parlants, nous a couté le black listage du pays.
6- Ce black listage aura des répercutions majeure sur la relation de la Tunisie avec le reste du monde et notamment l'arrêt des crédits pour un pays sur la voie de la banqueroute qui est intimement lié à ces financements.
7- Le plus dangereux dans l'affaire est le laisser faire laisser aller de l'Etat : Un laxisme qui met en péril la souveraineté nationale
8- Bientôt l'état n'aura plus à financer les 700 000 fonctionnaires à cause de l'entêtement des avocats.
9- Quand les familles de ces fonctionnaires n'auront plus rien à mettre sous les dents et qu'ils n'arriveront même plus à acheter un pain, on ne leurs offrira pas des brioches comme le demandait Marie Antoinette, mais plutôt on les invitera à manger de l'Avocat, ce beau et délicieux fruit.
10- Nos amis avocats n'ont pas une marge de man'?uvre avec la GAFI. LE MOT D'OREDRE EST MARCHE OU CREVE, car bientôt le peuple des ânes parlants crevera de faim, et finira par comprendre et découvrir l'histoire de l'influence mafieuse de certains corporatiste et lobbyistes et se servira généreusement et sans retenu dans le panier du fruit « Avocat » faute de retrouver les brioches promises par Marie Antoinette lors de sa compagne électorale.