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L'honneur est sauf pour Youssef Chahed !
28/07/2018 | 21:14
4 min
L'honneur est sauf pour Youssef Chahed !

Tous les regards sont braqués sur l’hémicycle du Bardo, en ce samedi 28 juillet 2018, avec la plénière du vote de confiance pour le nouveau ministre de l’Intérieur, Hichem Fourati désigné par le chef du gouvernement. De longues semaines de tiraillements et de guerres intestines ont précédé cette séance parlementaire. Retour sur une plénière aux coulisses riches en rebondissements.


La plénière tant attendue par les différents acteurs de la scène politique s’est tenue, aujourd’hui, sous la coupole du Bardo avec, pour objet, le vote de confiance au nouveau ministre de l’Intérieur, Hichem Fourati.

En temps normal, rien ne justifierait autant de tension et de calculs politiques : le candidat présenté par le chef du gouvernement est un vrai technocrate. Enarque et pur produit de l’administration tunisienne, M. Fourati fait l’unanimité autour de lui. Cependant, le problème est tout autre, il s’agit de la guerre déclarée au chef du gouvernement, notamment, par le directeur exécutif autoproclamé de Nidaa Tounes Hafedh Caïd Essebsi et ses acolytes.

Malgré cela, le chef du gouvernement s’est présenté devant le parlement pour obtenir la confiance pour son ministre. Armé du soutien clair du parti Ennahdha, du bloc national, de l’UPL et de certains députés de Nidaa, Youssef Chahed a choisi l’affrontement direct.

D’ailleurs, le chef du gouvernement était conscient de tous les reproches et les critiques qu’il allait encaisser. Il a, donc, préféré donner un aperçu du rendement de son gouvernement en se basant sur des données et des chiffres concrets, ne cachant pas les difficultés et entraves de la période actuelle. Dans une élégante manœuvre, il a rappelé les fameuses paroles du chef de l’Etat « la patrie avant les partis ». Une manière subtile rappelant à ses détracteurs que l’objet de la plénière étant le pourvoi d’une vacance au niveau d’un département des plus critiques, à savoir le ministère de l’Intérieur. Il y va donc, de l’intérêt suprême de l’Etat et de la sécurité du pays.

 

De leur côté, tous les députés s’opposant au maintien de Youssef Chahed n’ont pas hésité à lui rappeler un bilan négatif qu’il traîne : inflation, dégradation du pouvoir d’achat, manque des ressources hydrauliques, pénurie des médicaments…

Cela dit, certains semblent omettre que le passage du chef du gouvernement devant le parlement n’est point obligatoire dans ce cas de figure. En effet, juridiquement et constitutionnellement parlant rien n’oblige le chef du gouvernement à soumettre le nouveau ministre au vote de confiance. C’est une procédure d’usage adoptée à l’époque du gouvernement Essid. Toutefois, cela demeure un exercice qui permet à Youssef Chahed de mesurer le degré du soutien parlementaire, dont il bénéficie.

Au moment où plusieurs personnes sortaient leur calculette pour savoir si le nouveau ministre obtiendrait les 109 voix requises pour son passage, un coup de théâtre réalisé par les députés de Nidaa s’annonce au cours de la plénière. Le bloc de Nidaa tient une conférence de presse pour dire qu’il votera pour Hichem Fourati. C'était pourtant loin d'être la tendance du parti quelques heures auparavant. D’ailleurs, le directeur exécutif de Nidaa était présent ce matin au Bardo pour dissuader ses députés et les convaincre pour ne pas accorder la confiance au candidat de Chahed. Ils les a même menacés de dissoudre le parti s'ils ne respectaient pas la consigne de vote, selon les voix en coulisses.

Cependant, au vu de la mobilisation d’Ennahdha à travers ses 66 députés présents et tenant compte de leur discipline exemplaire, les jeux semblent faits. Ainsi, le parti s’est rétracté préférant sauver la face en optant et prétextant l’intérêt suprême de l’Etat.

Cela dit, le parti a annoncé que s'il vote la confiance au nouveau ministre de l'Intérieur, il maintient sa position par rapport au chef du gouvernement, en lui sommant de se présenter devant le parlement dans un délai n’excédant pas les dix jours pour un renouvellement de la confiance. Dans ce contexte, le député Mohamed Fadhel Omrane s’est lancé dans une intervention hystérique contre Youssef Chahed, l’accusant de mensonge et d’avoir fourni de faux chiffres et indicateurs.

 

Certains députés de l’opposition ont contesté la déviation du débat, qui est parti d’un vote de confiance pour le ministre de l’Intérieur vers une évaluation du gouvernement et un règlement de compte entre le chef du gouvernement et ses détracteurs. Dans ce contexte, le député Imed Daïmi a ouvertement accusé le chef du gouvernement d’avoir exploité le département sécuritaire pour profiter une confiance déguisée du parlement.

 

En tout état de cause, cette plénière ordinaire, en apparence, reflète la réalité de la scène politique actuelle et l’équilibre des forces qui penche incontestablement vers le parti islamique qui détient les ficelles par sa rigueur et sa discipline. Quant au fils protégé du président de la République, il sort plus que jamais fragilisé de cette épreuve durant laquelle il n’a pas réussi à avoir le dernier mot. Cependant, certains s’attendent à une riposte violente du camp adverse, tandis que d’autres affirment que Hafedh Caïd Essebsi ne pourra remonter la pente après le fiasco qu’il a essuyé. 

 

Sarra HLAOUI

28/07/2018 | 21:14
4 min
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Commentaires (5)

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Ali Baba au Rhum
| 01-08-2018 19:41
Il y a eu des députés absents, abstentionnistes, et opposants , lors de ce vote de confiance ; alors, de quelle unanimité, DIABLE , parlez vous?

Mannou
| 29-07-2018 22:59
un homme intègre et courageux. Félicitations.

Aksel
| 29-07-2018 12:09
Une unanimité de khobzistes face a un ministre de façade

TATA
| 29-07-2018 10:34
vous avez une expression très intelligente, une expression d'un homme d'esprit et je vous prie/conseille de ne pas vous laisser guider par certains de nos ignorants de la scène politique tunisienne, méfiez vous des clans RG et HCE! Avec ces deux clans il faut avoir une main de fer dans un gant de velours, ==> il faut leur montrer dès le premier jour que vous n'êtes pas leur marionnette et que vous ne le serez jamais! '?vitez de vous laisser prendre à leur piège!


Nous avons une très grande confiance en vous, Si Fourati! Bonne Chance!

Mounir13
| 28-07-2018 22:43
C'est donc le jeune chahed qui remporte le match après quelques cacophonies de son adversaire dont les parents pensaient avoir le nouveau Federer en herbe. Voila, un nouveau chapitre de ces zizaneries. Entre temps, les zaoualis souffrent toujours du chômage, de l'inflation galopante et du manque de perspectives. Pour eux, rien ne change. Mais, ils y sont aussi pour quelque chose car au final ce sont eux qui par un vote chétif ont laissé le club d'ennahdatounes et leur supporters se partager le gâteau. En Tunisie, on a les kressi mais pas la démo. Quant à Hafedh, comment te le dire pour que tu comprennes: si tu présentais à la présidence des hammassa de Tunisie, tu ne trouverai pas un pois-chiche pour voter pour toi. Alors toi aussi, pense à ta dignité et va faire autre chose, la politique c'est pas ton truc