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Gouvernement d'union nationale, un mois après : Copie zéro des mesures urgentes
04/07/2016 | 18:40
6 min
Gouvernement d'union nationale, un mois après : Copie zéro des mesures urgentes

Le nom de celui qui conduira la locomotive gouvernementale est encore matière à spéculations. Pourtant, le 4ème round des pourparlers en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale qui s’est tenu vendredi 1 juillet 2016 a permis l’émergence d’une copie zéro de l’initiative de Carthage codifiant les mesures urgentes auxquelles le futur gouvernement devra s’atteler.

 

Un mois après l’annonce de l’initiative présidentielle, on compte dans les rangs des adhérents à l’initiative présidentielle 9 partis politiques dont la coalition quadripartite au pouvoir : Nidaa Tounes, Ennahdha,  Afek et l'UPL, les autres partis indépendants Al Moubadara, Al Massar, Al Jomhouri, le MPT et le mouvement Echaâb auxquels s’ajoutent les organisations nationales : UGTT, UTICA et UTAP. C’est dans un esprit de concorde que les négociations autour de ce futur gouvernement sont à appréhender, enfin en théorie…

 

Le jeudi 28 juin 2016, l’équipe d'experts chargée de synchroniser le contenu des copies des parties prenantes à l’initiative présidentielle a mis en exergue les grandes lignes prioritaires du futur gouvernement. Cette copie zéro met en relief 6 points principaux qui seront les défis à relever par le gouvernement à venir :

-la proclamation de la guerre contre le terrorisme

-l’accélération du processus de développement et d’employabilité  par l’application du plan quinquennal 2016-2020

-la lutte effective contre la corruption

-la maitrise de l’équilibre monétaire et l’application d’une politique sociale efficace

-l’établissement d’une politique spécifique dans les régions intérieures

-la promotion du travail gouvernemental et l’achèvement de l’instauration des institutions.

 

La feuille de route indique que la lutte contre le terrorisme doit passer, en premier lieu, par l’augmentation des moyens au sein des deux institutions sécuritaire et militaire. Aussi le document met en exergue l’impératif de sensibilisation des citoyens tunisiens sur les dangers du terrorisme et leur implication dans ce secteur en particulier. La note gouvernementale admet  également que la lutte contre le terrorisme ne sera efficace que par l’identification de ses sources de financement, ainsi que le contrôle des transactions financières opaques et  la lutte contre le commerce parallèle comme le tabac et la vente de produits stupéfiants.

 

Pour sortir de la crise économique profonde que vit le pays, le document indique qu’il s’agira d’asseoir un nouveau modèle de développement pour favoriser l’employabilité et redynamiser l’économie. L’application du plan quinquennal 2016-2020 est nécessaire. Sur ce sujet, l’UTICA a proposé, le 2 juillet dernier, un schéma de sortie de crise en 18 points.

Le développement des régions intérieures, la stimulation de l’investissement privé, le retour à une production normale de phosphate, la cessation des grèves pendant une période de deux ans, la lutte contre la contrebande et l’accélération du processus de réconciliation économique sont autant de points sur lesquels les partis s’accordent pour sortir le pays de son enlisement économique. Les parties prenantes à l’initiative présidentielle s’accordent sur la nécessaire implication de la jeunesse dans ce volet précis.

 

 

Concernant la lutte effective contre la corruption et pour sortir de l’appellation de plus en plus utilisée « d’Etat mafieux », les partis s’accordent sur la volonté d’établir plus de transparence dans les établissements publics. La lutte contre l’enrichissement sans cause, l’égalité de tous devant la loi et l’implication de la société civile sont inscrites dans ce volet. La feuille de route de Carthage indique que, pour ce faire, l’utilisation des technologies de pointe est un procédé à démocratiser. Les partis ont, dans leurs propositions respectives, appelé à déclarer la guerre contre la corruption à travers l’audit des rapports des instances de contrôle. Parmi elles, l’instance de lutte contre la corruption présidée par Chawki Tabib.

 

Sur le plan local, régional et sectoriel et pour encourager le secteur privé à investir dans les régions de l’intérieur, la feuille de route indique qu’un plan de sauvetage doit être élaboré. Le changement de politique urbaine dans les zones défavorisées est aussi un objectif de taille que s’est fixé l’initiative présidentielle. Le document appelle à mettre en place une politique de discrimination positive en faveur des jeunes issus de ces zones. Le document indique également que les municipalités de ces régions doivent contribuer davantage à l’application effective des lois nationale sur tout le territoire.

 

 

Depuis son annonce, l’accueil réservé à l'initiative présidentielle a été mitigé. Dès le départ, le porte parole de la formation de gauche Hamma Hammami a montré des réticences. Pour lui, gouvernement d'union nationale rime avec mascarade et aveu d'échec. Echec dont les responsables sont avant tout la présidence de la République, la coalition quadripartite au pouvoir et le gouvernement. C'est donc sans surprise que le 22 juin 2016 le FP s'est retiré des pourparlers à la présidence. Hamma Hammami invoque « la volonté secrète d'imposer les plans du FMI » et la « médiocrité de la première version de la feuille de route du 15 juin dernier » qui selon lui ne répond pas aux besoins urgents de sortie de crise du pays pour justifier la décision de retrait du FP. Mais quelle aurait pu être la position du FP après une mise à jour de la feuille de route suite à la réunion de vendredi 1 juillet au palais de Carthage? La décision de retrait n'était-elle pas précipitée?

 

Après un moment de flottement durant lequel elle a estimé que pour des impératifs de neutralité elle ne participera pas au gouvernement d'union nationale, la centrale syndicale est revenue sur sa décision.  Houcine Abassi, conscient que la participation de l'UGTT au futur gouvernement est primordiale pour BCE, a décidé d’ajuster ses conditions. C'est lors du 3ème round des pourparlers 29 juin 2016 qu'il a remis au chef de l'Etat sa copie codifiant les propositions de l'UGTT. Houcine Abassi a ajouté, lors de cette réunion, qu'il consentait à la cessation des grèves pendant deux ans et qu'elle sera réalisable en fonction des travaux gouvernementaux en cours.

 

Le leader d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, principal allié de l'initiative présidentielle, pose ses conditions. Selon lui, le futur gouvernement d'unité nationale doit impérativement prendre en considération le poids politique d'Ennahdha à l'ARP. Il ajoute que ce futur gouvernement est l'occasion d'établir un nouveau pacte social entre les politiques tunisiennes dans leur ensemble et les organisations nationales....C’est dans ce nouveau pacte social que réside toute l’importance du futur gouvernement selon le leader de Ennhdha.

 

Le parti Nidaa Tounes constitue par ses frasques en interne et ses querelles intestines un important obstacle à la formation du futur gouvernement. Le 1 juillet, sept ministres nidéistes en exercice ont signé un document officiel dans lequel ils expriment leur soutien total à l’initiative du président de la République de former un gouvernement d’union nationale.  L’intérêt de ce document officiel est justement de faire taire les rumeurs à propos du futur échec de l’initiative présidentielle. Perçue comme de l’opportunisme par certains commentateurs, le papier rappelle que ces ministres accordent leur pleine confiance au président et se tiennent prêt pour la concrétisation  de son initiative. L'enfant indésirable du parti, HCE sème encore la discorde au sein du parti et fragilise l’initiative du père.

 

Le gouvernement d'union nationale, s'il parvient à se concrétiser, permettra de relancer l'activité économique, il s'agit de l'une de ses plus fortes priorités avec la lutte contre le terrorisme et la corruption.“La sortie du carrefour des impasses” semble donc proche et l'optimisme est de rigueur. Alors qu'on s'attendait à connaître le nom du futur chef du gouvernement avant l'avènement de l'Aid soit le 5 ou 6 juillet 2016 il apparaît qu'il faudra attendre le 25 juillet prochain pour connaître son nom, la composition de son futur gouvernement et son programme. L'attente se prolonge mais elle est nécessaire...pour redonner sa chance au prestige de l’Etat tunisien.

04/07/2016 | 18:40
6 min
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Commentaires (11)

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Gainsbourg à ses heures perdues
| 06-07-2016 20:26
Chamailleries enfantines et douteuses,coups bas, scénarios tirés par le cheveux......
bref comment va émerger le futur chef du gouvernement dans cette ambiance de bled comique!!!!

Dictatorius
| 05-07-2016 20:52
Et donc quid de Habib Essid rien sur lui...est ce par compassion?

Ali dharrab
| 05-07-2016 13:52
Gouvernement de l'union nationale contre les miserable set l'UGTT....FiQ. Yaaa. Rafik

DIEHK
| 05-07-2016 12:29
La montagne accouchera d'une souris verte!
Et le show must go one!

alpha1
| 05-07-2016 10:34
Au vote de 2014 , On nous promettait des compétences de quoi former 4 gouvernement au final Pfsssssst.

Croire q'un président de 85 ans est en mesure de résoudre des problèmes complexes est du simplisme de l'esprit


Ceux qui ont fait erreur dans leur vote de 2014 doivent bien se regarder en miroir.

Mais c'est le juste prix

Nouri Kamoun
| 05-07-2016 09:25
Avoir le programme du prochain gouvernement tel que vous le présentez, on ne peut que rester perplexe. Aucune décision concrète en vue.Mettre en place un nouveau gouvernement pour déclarer la guerre au terrorisme. mais ils plaisantent ou quoi. Est ce que la guerre n'est pas encore déclarée contre le terrorisme?
Le problème de ce pays est que les compétences,l'intelligence et l'excellence ont été mis à l'écart.D'autres dont le seul souci est de gouverner ont verrouillé le système en optant pour un système électoral qui se base sur les listes . La suite on la connait: une grande qualité des députés et la meilleure constitution du monde. Nous sommes les meilleurs.

CONQUERANT
| 05-07-2016 09:05
Bravo Kameleon 78 ! Votre analyse est juste.

Pendant longtemps on avait cru que la dilection de R. GHANNOUCHI pour le régime parlementaire était une fidélité au "God save the Queen" ou une conséquence directe de son séjour forcé en Angleterre, berceau du parlementarisme et des débats feutrés et très British.
En réalité, c'est plus subtil que cela! Cette configuration, aux allures faussement démocratiques, permet au leader du parti islamiste de peser de tout son poids sur les débats en jouant les "Deus ex machina" (Expression tirée du vocabulaire théâtral désignant un personnage agissant dans l'ombre qui dénoue comme par miracle des situations inattendues).
Vous remarquerez qu'après les blocages orchestrés parfois par le groupe ANNAHDHA à l'ARP, soudain un dénouement se dessine sortant de je ne sais d'où. C'est l'empreinte du Cheikh.
Ainsi il est et sera. Maître du jeu faisant et défaisant les carrières, même au sein des formations politiques adverses. Alors, on pourra courir derrière la chanson du moment: "Gouvernement d'unité nationale"; c'est le jeu préféré de Ghannouchi.
Cette chorégraphie, car c'en est une, lui permet de rester le chef d'orchestre loin, très loin du Président de la république dont le rôle reste -quoi qu'on en dise et malgré les nets progrès apportés par la constitution de 2014- honorifique (SABBAB MA 3ALA AL YADAYN, Comme on dit dans notre jargon bien Tunisien).

Tel est pris celui qui croyait prendre.

Une leçon à méditer par ceux qui n'ont pas lu suffisamment "Hobbes", philosophe Anglais auquel on doit le "Léviathan", accessoirement l'écrivain préféré de Ghannouchi, père de cet aphorisme célèbre: "L'homme est un loup pour l'homme". Le Léviathan repose sur l'idée que les hommes ne peuvent pas s'entendre car trop méfiants et dominateurs pour cela. Il faut donc un tiers pour les faire se respecter l'un l'autre. Le Léviathan est ce tiers, cette force tutélaire qui s'impose aux contractants.
R.G est la puissance tutélaire apte à résoudre tous les conflits. Il est plus retors et plus intelligent que la moyenne de ces caricatures d'hommes politiques qui gesticulent à longueur de journée pour rien.

Le vrai maître de céans c'est Ghannouchi.

Seuls les stupides et les inventeurs de l'eau tiède pensent le contraire.

Regardez sa dernière tournée des popotes. Après Paris et le faste qui l'a accompagné, Riyad où il a été reçu par le numéro UN du royaume comme s'il s'était agi d'une visite d'État. Et qui sait, si demain il ne sera pas l'hôte du Président Barack Hussein OBAMA dans le bureau ovale à Washington?

Ghannouchi a trouvé dans le régime d'assemblée, la solution idoine pour gouverner les hommes (En négociant, l'adjectif verbal est à prendre dans la double acception du terme) et s'emparer du pouvoir de manière invisible.

C'est le constitutionnaliste Yadh Ben Achour, père putatif du régime d'assemblée à l'ANC, qui lui a mis le pied à l'étrier.

Un type qui ne sait pas lire un seul texte juridique s'est ouvertement moqué d'un professeur émérite en droit constitutionnel.
Bravo l'artiste.
"LAWAL A3MAHOM MA N3ICHOU M3AHOM" (N'était leur cécité légendaire, nous ne pourrions pas vivre avec eux) doit se dire en son for intérieur le père Ghannouchi.
Saha lih.
Bravo l'artiste !

zohra
| 05-07-2016 07:32
Ce bateau ivre en train de couler sur lesquels certains veulent rester et l'incroyable de voir les prétendus capitaines du navire se faire hélitreuiller sans pouvoir un rien faire. RABI MAA TOUNES

3ABROUD
| 05-07-2016 07:05
L'union nationale existe déjà, solide et sacrée. Elle n'est pas à mettre en question. Ce sont les moyens et le plan d'action qui manquent à l'équipe en place. Mais les architectes de ce chambardement sont obnubilés par l'image de Nid Da Tunisie et son implosion, espérant que la partie choyée puisse accrocher pour émerger du brouhaha. Pour pallier à ses déficiences et dissimuler l'échec, cette partie du parti, appuyée par les nadhaouis, transpose son image éclatée sur la question de l'union nationale. En tout cas, nous devons garder à l'esprit :
* La Tunisie est unie et bien soudée de Benzarte à Ben gardane. L'usage erroné du concept d'union nationale n'y donne guère de suspicions.
* Si le gouvernement présumé d'"union nationale" échoue, il n'aura aucune répercussion sur l'Union Nationale sacrée.

kameleon78
| 04-07-2016 22:08
C'est l'effet pervers du régime des partis où chacun veut tirer la couverture à soi et vous rajoutez les syndicats, les partis d'oppositions c'est la cacophonie générale, en attendant le gouvernement ne travaille pas puisque l'énergie est dirigée vers ce fameux gouvernement d'Union Nationale qui n'existe que sur le papier et si cela se faisait ce sera la salle de classe à l'école, une chambre de députés introuvable, des départs et des arrivées, des compositions de gouvernement suivant l'humeur d'un chef de parti. Ghannouchi a compris avant tout le monde que cette situation de chambre introuvable lui profitait, il fait la pluie et le beau temps et en attendant le pays sombre dans la récession économique, le chaos sécuritaire et la débâcle sociale. Bravo l'artiste Ghannouchi, tu es le plus fort.