
Grande avancée dans le cadre des enquêtes sur les enlèvements récents dans le milieu des cryptomonnaies : 24 personnes sont en garde à vue au total depuis le début de semaine, et une nouvelle tentative de kidnapping, lundi 26 mai 2025 près de Nantes, a été déjouée.
Ces 24 personnes ont été interpellées lundi et mardi dans l’enquête menée par la Juridiction interrégionale spécialisée de Paris, portant sur la tentative d’enlèvement le 13 mai, dans le 11ᵉ arrondissement de Paris, visant la fille et le petit-fils du PDG de la société spécialisée Paymium.
Le ministère public a précisé qu’il communiquerait à nouveau à l’issue des gardes à vue, « probablement vendredi », et a critiqué comme souvent « les publications d’éléments du dossier » dans les médias qui « nuisent au bon déroulement et à la sérénité des investigations ».
Ce 13 mai au matin, une vidéo virale avait fait le tour des réseaux sociaux. Tournée peu après 8h, on y voyait une femme et un enfant — qui se sont avérés être liés au dirigeant de la plateforme d’échange de cryptomonnaies — échapper à un enlèvement en pleine rue par quatre personnes masquées, notamment grâce à l’intervention du compagnon de la femme.
Dans cette séquence spectaculaire, les victimes se sont défendues et ont réussi à mettre en fuite les ravisseurs.
Entre lundi et mardi, « tout le commando a été interpellé », a indiqué la source proche du dossier.
Signe qu’une menace forte pèse sur ce secteur, les enquêteurs de la Brigade de répression du banditisme (BRB), avec l’appui notamment de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI), ont réussi à déjouer in extremis, lundi en Loire-Atlantique, un projet d’enlèvement, selon une source proche du dossier, confirmant les informations de différents médias.
Le 1er mai déjà, le père d’un homme ayant fait fortune dans les cryptomonnaies avait été enlevé par quatre hommes cagoulés, dans le 14ᵉ arrondissement de Paris.
La victime, blessée par les ravisseurs et pour laquelle une rançon de plusieurs millions d’euros avait été réclamée, a été libérée 58 heures plus tard, lors d’un assaut de la BRI dans un pavillon de l’Essonne où elle était séquestrée.
Une enquête « d’anthologie »
Dans ce dossier, six suspects ont été mis en examen, selon une autre source. Au moins cinq d’entre eux, âgés de 18 à 26 ans, sont poursuivis pour extorsion en bande organisée, enlèvement et séquestration avec torture ou acte de barbarie commis en bande organisée.
Une source proche avait déjà évoqué début mai auprès de l’AFP une enquête « hors norme » et « d’anthologie », avec une centaine de policiers mobilisés, issus de plusieurs services de police judiciaire.
Ces interpellations et cet enlèvement déjoué sont les derniers épisodes en date d’une série de rapts ou de tentatives dans le secteur des cryptomonnaies, qui avait commencé fin janvier avec le kidnapping à leur domicile à Méreau (Cher) du cofondateur de Ledger, David Balland, et de sa compagne.
Séquestré à Châteauroux, David Balland avait été libéré le 22 janvier. Sa compagne a été retrouvée ligotée dans le coffre d’un véhicule dans l’Essonne le lendemain.
L’alerte avait été donnée par Éric Larchevêque, autre cofondateur de Ledger, qui avait reçu une vidéo d’un doigt coupé de David Balland, accompagnée d’une importante demande de rançon en cryptomonnaie.
« Réussir en France, que ce soit dans les crypto-actifs ou ailleurs, c’est se coller une cible dans le dos », a récemment déploré M. Larchevêque, cofondateur de Ledger, qui conçoit et commercialise des portefeuilles de cryptomonnaies. « Ces criminels n’ont plus aucune limite », avait-il estimé sur X.
Au moins neuf suspects ont été mis en examen dans cette affaire, dont le commanditaire présumé de cet enlèvement.
Mi-mai, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a réuni les professionnels du secteur pour « prendre ensemble des mesures pour les protéger ».
Sans en donner le détail, le ministère avait évoqué une « collaboration renforcée » entre forces de l’ordre et professionnels du secteur, avec notamment « un accès prioritaire au numéro d’appel d’urgence 17 » et une « consultation de sûreté de leurs domiciles par les référents sûreté de la police et de la gendarmerie nationales ».
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