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BCE, l'interview de trop !
16/07/2018 | 19:59
6 min
BCE, l'interview de trop !

 

L’interview controversée, accordée par le président de la République, Béji Caïd Essebsi, à la chaîne Nessma TV, ne cesse d’alimenter la polémique. Les positions des différents acteurs de la scène nationale ont été mitigées, selon les intérêts et les calculs de chacun.

 

Le président de la République ne s’est pas prononcé depuis la suspension des tractations de l’Accord de Carthage II. Une décision qu’il a prise, lui-même, suite à un blocage concernant le maintien ou pas du chef du gouvernement Youssef Chahed. Soutenu principalement, d’une part par Ennahdha et l’Utica et rejeté par la centrale syndicale et le fils du président, Hafedh Caïd Essebsi de l’autre.

A vrai dire, la guerre entre le locataire de la Kasbah et le fils du président n’échappait plus à personne. Et elle a même jeté son dévolu sur le parti au pouvoir qui s’est trouvé partagé entre les deux hommes.

Ainsi, plusieurs voix ont réclamé l’intervention du chef de l’Etat, afin de débloquer la situation et donner sa position par rapport à la bataille déclarée entre son fils et l’homme qu’il a choisi à la tête du gouvernement d’union nationale.

 

Mais, à la grande surprise, ou pas, de tout le monde, et après un discours tant attendu, le chef de l’Etat décide de se prononcer dans des conditions très controversées, allant du choix du média au contenu du discours diffusé.

 

Béji Caïd Essebsi a, donc, accordé son interview à la chaîne Nessma TV, connue pour son parti pris contre le chef du gouvernement, et à la radio Mosaïque Fm, qui a finalement décidé de ne pas diffuser l’entretien puisqu’elle n’a pas reçu la copie originale de l’enregistrement, suspectant un montage portant atteinte à sa crédibilité.

Sitôt diffusée, les réactions n’ont pas tardé à tomber, révélant au grand jour les tendances et les orientations de plusieurs parties, d’autant plus que le contenu de l’interview a démontré une prise de position de Béji Caïd Essebsi contre son chef du gouvernement.

 

Ainsi, l’ancien dirigeant à Nidaa Tounes, Lazhar Akremi a exprimé, son étonnement et sa stupéfaction du contenu de l’interview. « Monsieur le président, je ne vous ai pas connu si affaibli et aussi désemparé. On vous a aimé et respecté. Cependant, on ne s’attendait pas à ce que vous évoquiez une neutralité invraisemblable, et que vous vous positionniez du côté de votre fils dans une bataille futile, dont le seul vrai perdant est le pays », indique Lazhar Akremi.

 

Une position adoptée, également, par la députée Hager Ben Cheikh Ahmed estimant qu’il n’existe aucun article dans la Constitution qui permet au président de la République d’appeler le chef du gouvernement à démissionner, ou encore à se présenter devant l’Assemblée.

 

Le député Machrouû Tounes, Sahbi Ben Fraj a critiqué l’interview, dans un premier temps, sur le plan de la forme, soulignant que le montage a déformé les informations, notamment, en ce qui concerne la position du chef de l’Etat par rapport à son fils. Quant au contenu, il a estimé que le changement du gouvernement ne permettra pas de résoudre la crise politique.

Faut-il encore noter, l’amertume ressentie par les plus fervents défenseurs du président de la République, et des premiers militants de Nidaa Tounes. Des personnalités qui ont accompagné le parti depuis ses débuts se sentent trahies à la suite de cette intervention, estimant qu’il a été manipulé par la chaîne de Nabil Karoui.

 

Cependant, l’autre son de cloche vient, en l’occurrence, de la part du député Abdelaziz Kotti qui a indiqué que Mosaïque FM et El Hiwar Ettounsi ont subi d’énormes pressions et menaces de la part du gouvernement pour ne pas diffuser l’interview du président de la République. Abdelaziz Kotti estime qu’on cherche à isoler le chef de l’Etat et préparer un putsch contre le processus démocratique. « Ce qui se passe est très grave. Le chef du gouvernement est sur le mauvais chemin. Il y a des hommes en Tunisie et vous ne passerez pas ! », s’est-il exclamé.

 

D’autre part, l’ancien chef du cabinet de Béji Caïd Essebsi, Ridha Belhaj a, entièrement, approuvé les propos du chef de l’Etat, estimant qu’il a répondu en toute transparence à toutes les interrogations des Tunisiens.

Et puis comme prévu, le porte-parole de Nidaa Tounes, non reconnu par le comité politique, Mongi Harbaoui a estimé que le discours du président était positif et réconfortant, estimant qu’il fait porter à Ennahdha la responsabilité de la crise politique actuelle.

 

Par ailleurs, certains journalistes ont exprimé leur point de vue par rapport à cette interview, à l’instar du journaliste Zied Krichen qui a tenu à commenter le contenu diffusé, estimant que le président de la République a laissé de côté son rôle d’arbitre neutre en se positionnant dans le camp de son fils.

 

Le journaliste, Elyes Gharbi a, quant à lui, rappelé certains principes de base: « le président de la république et la présidence de la république, n'ont absolument pas le droit d'intervenir sur le contenu journalistique d'une interview, qui de surcroît devrait être en direct live, et non pas enregistrée. La règle de base c'est de rencontrer l'équipe du président la veille ou l'avant-veille et de se mettre d'accord sur des axes mais jamais sur les questions. A la fin de l'enregistrement, les rushs appartiennent au diffuseur et la présidence ne doit avoir aucun droit de regard sur le montage. Il s'agit d’une prestation journalistique et non pas de propagande ou de Com’. Si l'interviewé n'est pas bon, c'est son problème, pas celui de la chaîne, encore moins du journaliste, au contraire en principe gêner et bousculer sont le principal moteur de l'exercice. Celle d'aujourd'hui n'est pas une interview, c'est un deal. […] Ce qui devait arriver arriva, c'est parti tellement loin que certaines chaînes ne veulent plus assumer et elles ont bien raison. Moncef Marzouki faisait du direct et il n'a jamais censuré une seule interview… », indique-t-il en substance.

 

Après cette interview tant controversée et commentée, une réunion consultative a eu lieu, ce matin, sous la présidence du chef de l’Etat au palais de Carthage, en présence de Youssef Chahed, du président de l’assemblée, Mohamed Enaceur, du président de l’Utica, Samir Majoul, du secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, du président d’Ennahdha Rached Ghannouchi, du directeur exécutif de Nidaa Tounes Hafedh Caïd Essebsi et du chef du cabinet présidentiel Slim Azzabi.

Même si cette réunion avait pour objectif de débloquer la situation de crise actuelle et de rapprocher les points de vue des principales parties politiques et sociales du pays, elle n’a abouti à rien, puisque chaque partie a campé sur sa position.

 

En tout état de cause, la rupture semble être consommée entre les deux têtes de l’exécutif, la bataille déclarée achèvera l’un des deux hommes, si ce n’est les deux. La course vers 2019 a bel et bien commencé, et tous les moyens semblent permis.

 

Sarra HLAOUI

16/07/2018 | 19:59
6 min
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Commentaires (14)

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OLM
| 20-07-2018 14:48
Seigneur Tout Puissant, on vous implore à genoux, au nom des martyrs, des enfants et bébés de la Tunisie, au nom de tous ceux qui travaillent dans cette Tunisie, avec sincérité, sans relâche, en silence et dans la canicule (et il y en a !), de faire en sorte pour que ce calvaire que nous endurons depuis tellement longtemps s'arrête au profit d'une nouvelle scène politique à la hauteur des aspirations nobles des vrais Tunisiens !!!!!!!!!!

TOUNSI
| 20-07-2018 08:40
COMNBIEN DE SAIDA SASSI MR LE PRESIDENT A DANS SON PALAIS ?

TATA
| 17-07-2018 19:22
J'ai l'impression que tous ses discours durant les élections de 2014 n'étaient que de purs baratins! Nous avons cru en lui, nous l'avons suivi mais il nous a déçu.

A force d'avoir voulu être le président de tous, BCE n'a su être le président de personne. Ceci est la conséquence d'une succession de choix superficiels (sans fondement) et incohérents entre eux.

BCE est très hésitant. Il ne sait plus prendre de décisions, il préfère plutôt quand la décision vient toute seule ou quand tous les autres la proposent et l'acceptent. Au point de se laisser manipuler par le "journaliste" Khelifa Ben Salem. Oui Khelifa Ben Salem a mis ses paroles en la bouche de BCE qui a fini par les reprendre/redire sans la moindre hésitation ou résistance! Franchement, j'avais l'impression que BCE a été hypnotisé par le clan Nébil Karoui!

Je résume: durant l'interview BCE était la marionnette de Khelifa Ben Salem qui lui a mis ses paroles dans la bouche!

Monder Chadi
| 17-07-2018 19:01
Monsieur le Président de la République Béji Caied Essibsi ,
Votre intervention à la Télé Nesma dimanche 15 juillet suggéré ( ou plutôt manipulée par Nabil Karoui dois-je dire ) a confirmé ma déception quant à votre attitude de diriger ce cher Pays, comme toujours vous avez parlé pour ne rien dire de concret alors que vous êtes le garant de sa stabilité .
Il est vrai que la « Constitution » ne vous donne pas les pleins pouvoirs mais elle vous les donne par le biais de votre Premiers Ministre Chef du Gouvernement qui doit suivre vos directives.
La Tunisie n'a jamais connu autant de corruptions, de trafics, d'enrichissements illicites, de malversations, de criminalité, que depuis 2011 , elle ne l'a pas connu du temps de la dictature de Ben Ali , et vous étiez élu pour rétablir tout cela , or c'est le contraire s'est passé , vous vous êtes caché derrière vos « pouvoirs constitutionnels » et vous avez laissé faire
Réveillez-vous, Monsieur le Président, réveillez-vous, j'ai plus de 60 ans j'en ai marre de cette politique de l'autruche et j'ai pas envie de mourir désespéré pour mon Cher Pays.
Ci-dessous un post que j'ai publié il y a quelques jours
Monder Chadi NV
11 juillet, 08:35 '?'
Beji Caid Essebsi - '?'? '?' '?'? , L'Histoire retiendra que tu as été le 5ème Président de la République tunisienne certes , mais retiendra aussi , la politique controversée pendant ton mandat ( car il ne sera pas renouvelé ) , que l'expérience que tu as eu avec le Combattant Suprême Habib Bourguiba n'a servi à rien , je ne doute pas de ton patriotisme , mais je doute de tes capacités à diriger un Pays comme la Tunisie qui a besoin d'un meneur d'Hommes et malheureusement tu n'en est pas un.
En 2013, et après la période désastreuse de la Troïka ( Ennadha , Ettakatol et le CPR) la population a cru en toi, a cru au changement, a cru à la séparation de la religion de la politique, et le premier accord que tu as conclu est de t'allier avec le Parti qui a une Histoire douloureuse avec le peuple, de cette alliance sont nées des divergences , politiques, économiques, sociales et même sécuritaires, dans un de tes discours tu as dit que tu ne changeras rien curieux pour un Président qui appelle au changement !!!!
Vient ensuite « l'adhésion » de ton fils chéri à ton Parti, qui poussé par Ennahdha s'y est imposé comme un légitime héritier du trône, pour le faire éclater et écarter tous les fondateurs sans que tu bouges le petit doigt.
En ces 4 ans de ton mandat , la Tunisie n'a connu aucun programme net et clair sauf, peut-être, celui de la #COLIBE dirigée par Maitre Bochra Bel Haj Hmida et dont Ennahdha imposera son veto à l'ARP.
Il est, donc, temps que tu bouges avant la fin de ton mandat pour le bien de la Tunisie.
TAHYA TOUNIS
Monder Chadi NV

1/3i
| 17-07-2018 17:35
si comme l'affirment ces journalistes, le gouvernement les a menacé de mort (sic !), ils ont forcément des preuves.

Qu'ils les publient.

Et une interview, pas en direct donc montée.. à la sauce Bouteflika ?

Non, mais allo ? quoi !!

Mais où va la Tunisie ?

LARIO
| 17-07-2018 15:06
-Constatant que notre président "bajbouj" n'a pas tenu ses promesses en faisant fi à la majortté des TUNISIENS qui ont voté pour lui et qui ont été les acteurs de son élection à la présidence TANT obsédé pour elle ? IL L' A EUE, SAHA LIH, mais ça suffit. --constatant que son parti qui l'a constitué est disloqué et éclaté- -constatant qu'ennahdha, joue sur toutes les cordes et elle a osé exiger au chef du gouvernement mr chahed de ne pas se présenter auX éléctions présidentielles de 2019, ce qui est illégal et illogique, cheikh gannouchi s'est égaré et a oublié que seul le peuple tunisien est apte à décider et à élire son président -constatant que "BAJBOUJ" n'a pas voulu pigé, et accepté que la majorité des TUNISIENS ont horreur et un fort dénigrement à n'importe quel proche du président de la REPUBLIQUE , car ils ne peuvent oublier, leurs dépassements , leurs délits et leurs crimes durant l'ancien régime. Devant toutes ces constatations, et plusieurs autres, on ne doit pas perdre du temps , c'est le moment ou jamais de tout renouveler et ne pas attendre ni 2019 ni 2020, Notre chére TUNISIE a besoin d'un nouneau président qui a, quoi dire et faire dans les domaines économiques et sociaux, un nouveau ARP réduit le maximum, avec des conditions et des critéres bien précis pour se porter candidat durant seulement ce mandat, et un nouveau gouvernement avec tout juste le nécessaire de ministres connaisseurs ,bosseurs et courageux . Dés maintenant il n' y a plus de places pour les nullards; les proches, les indécis, et les égoistes

ntc
| 17-07-2018 13:03
Quand est-ce que le président BCE comprenda que le futur de Nidaa appartient à YC et non à HCE. C'est le bon sens Mr le président .

AJ34
| 17-07-2018 10:46
C'est ça le tiers monde et la dictature:....tu fais confiance à un président.. il se transforme en dictateur .malheureusement..même à 91 ans !!!!
Il est temps que les journalistes honnêtes s'occupent du cas BCE car ses agissements deviennnent dangereuses pour le pays...c'est une question d'Etat.....les journalistes, les politiciens et les citoyens sont libres depuis quelques années mais ils gardent (pour une majorité) malheureusement les mauvais vieux réflexes....
Il faudrait lui faire respecter la fonction présidentielle et lui faire comprendre, en lui mettant la pression nécessaire, d'une manière civilisée, qu'il y a une ligne rouge qu'il doit respecter....le respect du fonctionnement de l'Etat Tunisien et de ses institutions....Personne n'a le droit de franchir cette ligne rouge... BCE est en train de la franchir en toute illégalité (inteview en exclusité pour une chaine interdite, soutien à un fils incompétent et soutenu par un réseau douteux, .destruction d'un parti politique, ..non respect des institutions politiques, ..etc)
Les vrais journalistes ont une grande responsabilité dans cette situation. Ils doivent la dénoncer jour et nuit et alerter les citoyens sur ce qui est en train de se dérouler dans le pays, ils doivent mettre hors de nuire HCE en exposant des arguments et des preuves .. s'il n'y arrivent pas à déloger HCE, c'est parce que certains "vivent" du réseau HCE....
Dans aucune démocratie, on laisserait un parasite comme HCE dicter la politique du pays....ou un président assurer ce type de soutien à son fils... nos journalistes (majorité) regardent le réseau mafieu tracer l'avenir du pays.
Pendant ce temps, les tunisiens regardent....nous sommes et nous demeureront un pays d'assistés malheureusement....

point de vue
| 17-07-2018 09:50
Ce qui se passe actuellement dans ce pays se passe de tout commentaire. A qui pourrions nous adresser nos reproches? au sage président de 91 ans? A son fils handicapé qui ose autant? A Youssef CHAHED, de tout son poids, qui ne sait pas sur quel pied danser? A Noureddine Tabboubi l'homme des 70.000 lignes rouges? A Mohamed Naceur présent que par son mutisme?...
C'est tout ce que mérite ce pays?
Dieu, c'est pour quand la fin de la récréation?

KLM
| 17-07-2018 08:32
Charles de gaule disait que " la vieillesse est un naufrage ". Et effectivement le président El Baji est apparu dans cette interview apparemment bidonnée ne plus posséder toutes ses facultés intellectuelles et apparemment bien manipulé.