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Chroniques
Affaire Zied El Héni : Un Etat-bandit
15/09/2013 | 1
min
Affaire Zied El Héni : Un Etat-bandit
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Par Sofiene Ben Hamida

On espérait, avec ce gouvernement, aller vers un Etat de droit, on se retrouve avec un Etat-bandit sur les bras. La séquestration du journaliste Zied El Héni qui ne peut être libéré que contre une rançon de deux mille dinars n’est qu’une énième manifestation du visage hideux de ceux qui nous gouvernent.

Jamais depuis déjà plus de trois décennies, il n’y a eu en Tunisie autant de journalistes impliqués dans des affaires judiciaires pour des délits de presse et qui encourent des peines de prison. C’est que le gouvernement actuel ne croit pas à la liberté de la presse et à la liberté d’expression en général. Pire encore, ses desseins inavoués jusque-là, qui consistent à instaurer un système totalitaire, ne sont réalisables que dans le cadre d’une omerta. Une presse libre est donc un ennemi qu’il faut combattre en usant de tous les moyens.

Rappelons-nous. Avec la réapparition des islamistes sur la scène politique après la révolution, eux qui n’ont pas participé à cette révolution, une campagne de dénigrement a été orchestrée avec une virulence inouïe contre la presse nationale. Il y a eu ensuite les agressions physiques contre les journalistes, les artistes et les intellectuels tunisiens. Le fameux sit-in devant le siège de la télévision s’en est suivi, payé trente dinars, par sit-inneur et par journée, à des comparses qui se nommeront par la suite ligues de protection de la révolution.
Après, et avec la montée du terrorisme, ils sont passés à menacer physiquement les journalistes et à vouloir les éliminer. Mais toutes ces tentatives ont échoué grâce à une communion surprenante enregistrée entre les médias et l’opinion publique nationale. Tous les sondages confirment aujourd’hui que les Tunisiens sont globalement satisfaits de la presse tunisienne, que le contrat de confiance entre l’opinion publique et les médias a été rétabli et que les Tunisiens accordent plus de crédit aux journalistes qu’aux politiques. La liberté d’expression et la liberté de la presse sont les principaux acquis de la révolution, sinon les seuls, et c’est pour cela que les Tunisiens, pas seulement les journalistes, défendent farouchement ces acquis.

Face à cette résistance, il ne restait à Ennahdha et à ses deux mauvais génies, Ali Laârayedh qui fait fonction de Chef de gouvernement agonisant et Noureddine Bhiri, qui est dans tous les subterfuges et les coups-bas politiques du moment, que d’instrumentaliser l’appareil judiciaire usant de circuits particuliers créés par le régime de Ben Ali et profitant de la lâcheté, de la cupidité et de l’opportunisme de certains magistrats.
C’est ainsi que Zied l Héni s’est trouvé en prison, lui qui sous le régime de Ben Ali, malgré son opposition farouche, parfois téméraire à ce régime, n’a pas connu une seule journée d’incarcération durant plus de deux décennies d’un règne totalitaire et absolu.

Entretemps, où sont passées les deux autres présidences de cette phase de transition ? Sans la justifier, on comprend que la pensée politique du Chef du gouvernement est totalitaire et n’accorde aucun intérêt aux libertés individuelles et publiques. On comprend aussi que sur le plan individuel, les longues années passées par M. Laârayedh en prison et ses mésaventures notoires durant cette période l’ont marqué à tel point qu’il pourrait nourrir une haine contre tous ceux qui sont restés dehors.
Mais pour Moncef Marzouki, président provisoire de la République et Mustapha Ben Jaâfar, président de l’ANC, ce silence de morts est douteux et endommage encore plus leurs images déjà lourdement écornées.
Les Tunisiens supportent mal ce silence de la part de deux militants pour les droits de l’Homme. Pire encore, par leur silence, Marzouki et Ben Jaâfar portent préjudice à l’idée même des droits de l’Homme et discréditent les militants, qui eux continuent de défendre leur idéal. Ces militants, les vrais, étaient présents vendredi dernier à Bab Bnet pour dénoncer cette parodie de justice, affirmer leur attachement à la liberté d’expression et défendre la liberté de la presse.


15/09/2013 | 1
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