
La CEO du Centre de Recherche, d’Ingénierie et du Travail (CRIT Tunisie), Wafa Laamiri, est intervenue mardi 8 avril 2025 sur les ondes d’Express FM à propos de l’intérim, de la sous-traitance et, plus précisément, de l’amendement du Code du travail.
« Personnellement, je représente une agence d’intérim, et il faut avant tout distinguer entre l’intérim et la sous-traitance », a expliqué l’invitée de l’émission Midi Express, tout en précisant que l’intérim est qualifié par l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (APII) comme un travail temporaire.
Wafa Laamiri a également indiqué que la sous-traitance de la main-d’œuvre souffre d’un vide juridique, contrairement à la sous-traitance de services, régie par une loi datant de juillet 1996. « En Tunisie, tous les secteurs ont opté pour la sous-traitance, qu’il s’agisse de services ou de main-d’œuvre. Cela répond à un besoin du marché », a-t-elle ajouté, tout en rappelant que l’absence de cadre légal en la matière est la principale cause des abus constatés.
« En mars 2024, lors du discours du président de la République à ce sujet, nous avions dit, enfin, ce dossier va être réglé une bonne fois pour toutes », a déclaré Mme Laamiri. Elle a toutefois précisé qu’« après avoir consulté le projet de loi interdisant le travail temporaire, les acteurs du secteur ont été surpris par cette orientation ».
Elle a également souligné que « le monde compte près de trente millions d’intérimaires » et que « quarante États ont ratifié une convention de l’Organisation internationale du travail (OIT) relative à ce sujet ». La Tunisie, quant à elle, « ne l’a pas encore ratifiée, bien qu’elle encadre ce secteur ».
Concernant les abus, l’invitée de Myriam Belkadhi a affirmé que « le travail par intérim est une modalité d’emploi très utilisée à l’étranger, y compris dans des pays à tradition socialiste comme la France ou l’Allemagne ». Elle a ajouté que « tout le monde reconnaît qu’il y a eu des abus, et nous les avons nous-mêmes dénoncés ». Elle a appelé les autorités à « publier les chiffres et les résultats de l’inventaire réalisé par l’inspection du travail, afin de connaître le nombre total d’intérimaires et d’identifier les besoins réels du marché ».
« La législation tunisienne a abouti à une situation où le recours aux intérimaires et aux sous-traitants diffère complètement de ce qui se fait ailleurs dans le monde », a déploré Mme Laamiri. Elle a expliqué que « ces dispositifs sont devenus un moyen d’éviter la titularisation et d’augmenter les profits, profitant d’un vide juridique ».
Elle a enfin précisé que « la meilleure solution consisterait à instaurer, dans la loi, deux conditions lors de l’embauche d’un intérimaire : fixer une durée maximale et garantir une rémunération équivalente à celle des autres employés de l’entreprise ou du secteur concerné ».
« Prenons l’exemple d’une entreprise confrontée à une hausse de son activité, et qui a besoin de 300 employés supplémentaires. C’est là que l’intérim est une solution pertinente : il est illogique que, face à une simple hausse conjoncturelle, l’entreprise soit obligée de proposer des CDI », a conclu Mme Laamiri, en appelant les autorités à « tenir compte de la compétitivité des entreprises tunisiennes ».
H.K


