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Chroniques
Union civile, un autre pavé dans la mare
28/01/2018 | 16:37
3 min

Onze partis politiques, des associations de la société civile et des indépendants ont annoncé la création d’une coalition électorale en prévision des prochaines élections municipales appelée «Union civile ».

Du coup, ceux qui espéraient que les prochaines élections apportent plus de visibilité doivent patienter encore un peu. Visiblement, dans ce pays, nul n’est pressé d’apporter un peu de clarté à un paysage politique tumultueux et chaotique.

 

Initiée au départ par deux figures indépendantes, notamment Fethi Jelassi et Mounir Charfi, cette coalition devrait regrouper des indépendants et des membres d’associations de la société civile en plus des partis centristes d’Afek, Al Badil, Joumhouri, le mouvement démocratique, le parti du travail patriotique et démocratique, la rencontre démocratique, Al Moubadara, Al Massar, Al Mostakbal, le MPT et Tounes awalan.

Initialement aussi, cette coalition électorale devait présenter 48 listes, deux par gouvernorat, dans le chef lieu et la circonscription la plus peuplée. Il semble toutefois que le succès était au rendez-vous et on s’orienterait désormais vers la présentation de deux cents listes sous la bannière de l’Union civile.

Les partis politiques, de leur côté, ont annoncé qu’en plus des listes coalisées, ils présenteront dans les autres circonscriptions, leurs propres listes ou soutiendront des listes indépendantes.

 

Bien entendu, cet engouement pour l’Union civile a pour objectif annoncé de faire face à la coalition Nidaa-Ennahdha, néfaste, dangereuse même, pour notre jeune démocratie balbutiante. Il n’en reste pas moins que cette « union », civile soit-elle, pose quelques interrogations.

D’abord, concernant les indépendants, il est tout de même curieux que dans un pays qui pullule de partis politiques, plus de 200, il existe encore autant d’indépendants qui ne trouvent pas de formations attrayantes à leurs goûts, qui n’ont pas franchi le pas, le cas échéant, pour créer leurs propres partis politiques et continuent, contre toute logique, à vouloir jouer un rôle politique tout en s’attachant à leur « indépendance ».

S’ils sont autant jaloux de leur indépendance, pourquoi ces indépendants acceptent-ils de former des listes communes avec les partis politiques dans le cadre d’une coalition électorale certes, mais qui est aussi, dans une large mesure, une coalition politique ? Cette alliance électorale est-elle un aveu d’impuissance de la part de ces indépendants face à une logistique électorale, lourde, énergivore et onéreuse, qui dépasse largement leurs moyens comparés aux moyens dont disposent les partis politiques? Dans tel cas, l’alliance indépendants-partis politiques devient chargée d’un zeste d’intérêt et d’opportunisme et ne répond plus à la seule exigence annoncée initialement, de faire face au rapprochement malsain et contre nature entre les partis Nidaa et Ennahdha.

 

Du côté des partis politiques, il y a lieu de se demander pourquoi ils ont passé tout ce temps et attendu l’imminence de l’échéance électorale pour se rendre compte de l’existence de ces indépendants et de leur rayonnement dans leurs environnements.

En principe, le rôle essentiel des partis politiques dans les périodes d’accalmie électorale est de dénicher les éléments les plus actifs sur le terrain et les enrôler. Mais en l’absence de chasseurs de têtes hardis, les partis recourent au rafistolage de dernière minute, qui repose sur le marchandage plus que sur une vision globale cohérente et transparente surtout.

D’un autre côté, cette alliance électorale entre les partis politiques et les indépendants n’est-elle pas la preuve de la faiblesse d’implantation et de la déstructuration des partis politiques incapables de présenter leurs propres listes dans un peu moins de trois cent cinquante circonscriptions ?

 

En se cachant derrière cette coalition électorale, les partis politiques tentent de maquiller leurs propres carences et préparent un alibi, acceptable, à leur éventuel échec. En refusant de se présenter devant le verdict des urnes d’une manière claire et limpide, les partis politiques contournent, en quelque sorte, les règles du jeu démocratique et privent les citoyens de faire véritablement leurs choix.

Les prochaines élections municipales, qui de surcroit risquent de se dérouler en l’absence d’une nouvelle loi sur les collectivités, pourraient, par la faute de ces calculs politiques exagérés, ne plus intéresser grand monde. Mais qui s’en soucie ?

28/01/2018 | 16:37
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