
70. C’est le chiffre qui devrait faire la une des journaux et par lequel devraient débuter toutes les émissions de débat et de politique. 70 jours de cours pour l’année scolaire 2020-2021. Avec l’accumulation des grèves, des mouvements de protestation, l’avènement de la crise sanitaire, les élèves, collégiens et lycéens n’ont totalisé qu’un peu plus de deux mois de cours sur une année.
Ce qui faisait la fierté de la Tunisie est devenu sa plus grande honte. Ce n’est pas tant la masse de connaissances perdues qui inquiète, c’est plutôt le fait que des milliers de jeunes ont évolué en dehors des structures et des cadres qui leur permettent de se former, d’acquérir un minimum de discipline. Le fait qu’il n’y ait pas de cours perturbe la construction de milliers de personnes en devenir. Les syndicats de l’enseignement et le ministère se disent préoccupés par l’intérêt de ces enfants, par leur avenir ou par leur éducation. Mais il n’en est rien dans les faits, puisque ces mêmes enfants sont les premières victimes de l’incompétence, de l’entêtement et de la perfidie. Ils auront beau tenter de se justifier, de donner des explications, de parler des conséquences de la crise sanitaire mais le chiffre est là. L’un des ministères qui emploie le plus de personnes, qui engloutit une part non négligeable du budget, c’est-à-dire de l’argent des contribuables tunisiens, des syndicats farouches, pour au final un seul résultat : 70 jours de cours assurés sur une année scolaire. Aujourd’hui, les parents rescapés des années précédentes, qui ont laissé leurs enfants inscrits dans les établissements scolaires publics vont allégrement migrer vers l’enseignement privé, quitte à s’endetter, quitte à emprunter. Il n’est plus supportable pour des parents, qui se saignent aux quatre veines pour leurs enfants, de supporter une situation aussi grotesque. Ceux qui pourront se défaire de cette situation le feront, sinon il y a les autres. Tous ceux qui ne peuvent pas se permettre de tels sacrifices, ceux qui croient encore à l’existence d’un ascenseur social, ceux qui comptent sur l’école publique et républicaine pour l’éducation de leurs enfants et pour qu’ils s’assurent un avenir. Pour tous ceux-là, il va falloir repasser. La Tunisie amorce minutieusement la mise en place d’une éducation à deux vitesses, une pour les « riches » qui se base sur les établissements privés, une autre pour le reste de la population, basée sur les établissements publics.
L’un des effets, déjà visibles, de la faillite de l’Etat et de ses systèmes est cette violence endémique qui secoue périodiquement la société tunisienne. Généralement, les personnes non éduquées sont les plus enclines à faire usage de violence vu qu’elles n’ont pas d’autre réponse à offrir. Le nombre de crimes odieux augmente en Tunisie. Les femmes sont la cible traditionnelle des excès de violence à tous les niveaux, les circonstances du décès de la psychologue Aroua Troudi en sont une preuve suffisante. Cette violence s’exprime aussi, et surtout, dans les stades, ou plutôt à ses alentours. Aujourd’hui, Tunis est sur les nerfs à cause de ce qui pourrait arriver à la suite du match opposant le Club Africain au Stade Tunisien, ainsi que celui opposant le Club Bizertin à celui de Ben Guerdène. Une explosion de violence est attendue de part et d’autre, et probablement quel que soit le résultat des matchs. On y verra ces enfants à peine pubères casser et affronter la police, ces enfants rejetés par ce système éducatif défaillant et livrés à eux-mêmes. Ce seront les mêmes enfants qu’on avait vus lors de manifestations nocturnes en se demandant assez bêtement : Mais où sont leurs parents ? On y verra aussi tous ceux qui veulent en découdre avec l’Etat qui vont trouver un prétexte pour laisser libre cours à leur haine et à leur désespoir.
Il y aura, comme d’habitude, une réponse sécuritaire à tous ces dépassements mais la crise sociale ne peut être résolue par cet unique moyen. L’Histoire nous l’a démontré à plusieurs reprises. Pourtant, l’Etat tunisien n’arrive toujours pas à endiguer cette violence sociale, pire, il prépare son terreau par l’abandon, le désistement et l’absence. C’est toute une génération qui en fera les frais pendant les prochaines années, et donc, toute la Tunisie.
La Tunisie n'est pas un électron libre qui gravite tout seul...la preuve en est l'effet papillon Bou Azizi, les attentats, etc.
Parole de scout!
Depuis une dizaine d'années, c'est en effet l'ignorance qui est de mise.
Bourguiba a tout misé sur l'éducation, le savoir et la sortie du sous-développement.
Le monstrueux Machiavel et sa secte font tout pour nous déposséder de notre libre arbitre, de notre intelligence et de notre indépendance.
Une bonne partie de la population, la moins éduquée, la moins instruite, la plus fragile et la plus endoctrinée mord à cette fumeuse et rétrograde "philosophie". Au grand bonheur des facho-islamistes qui capitalisent et qui continuent leur conquête au détriment de la démocratie, de la République, du bon sens, de l'humanisme et des valeurs universelles.
Bonne journée à vous !
Ecrit par A4 - Tunis, le 23 Janvier 2019
Moi je plains tous ces enfants
Je plains ces pauvres marmots
Qui sautillent insouciants
Les pieds nus dans les flaques d'eau
Je plains ces petits gamins
Qui rigolent tous en ch'?ur
Qui barbouillent des dessins
Y mettant plein de couleurs
Moi je plains ces petits qui
Par malchance ont des parents
Qui s'inventent des acquis
Archaïques et aberrants
Des parents qui veulent tout
Mais qui n'ont rien dans la tête
Mis à part des désirs fous
Ne laissant que plein de dettes
Je les plains car moi je sais
Que quand finit la récré
Pas de tirelire à casser
Aucun trait n'est à tirer
Moi je sais que c'est à eux
De vider toutes leurs poches
Pour payer les goûts ruineux
De papa, maman et proches
Ils seront bien sûr contraints
De travailler comme des fous
Pour rembourser les emprunts
Des fainéants et des voyous
Ils ne seront qu'obligés
De se griller les méninges
Pour trouver comment payer
Avec cette monnaie de singe
Je suis sûr qu'ils auront honte
De cette lignée de ratés
Qui n'a laissé dans ses comptes
Que des trous à colmater
Je les plains ces pauvres mômes
Qui se font bien arnaquer
Par des ignares, des sous-hommes
Voraces et mal éduqués
Je plains ce maudit pays
Sans ressort et sans déclic
Où chacun nous envahit
Avec ses plans diaboliques
Puis avec délectation
Et en toute insolence
Il met en application
Son pouvoir de nuisance
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