alexametrics
vendredi 20 septembre 2024
Heure de Tunis : 00:59
Dernières news
Tunisie - Fitch Ratings : la hausse des bénéfices des banques dissimule des risques de solvabilité
06/11/2023 | 21:34
5 min
Tunisie - Fitch Ratings : la hausse des bénéfices des banques dissimule des risques de solvabilité


L’agence de notation Fitch Ratings a considéré que les bénéfices en hausse des banques en Tunisie, enregistrés au cours du premier semestre de 2023, dissimulaient des risques croissants de liquidité et de solvabilité. Fitch a expliqué que le pouvoir en place faisait appel aux banques pour répondre à ses besoins en financement en raison de l’absence d’un accord avec le Fonds monétaire international (FMI). La Tunisie était parvenue à un premier accord portant sur un programme de réformes à hauteur de 1,9 milliard de dollars qui n’a finalement pas vu le jour.

Dans un communiqué du 6 novembre 2023, Fitch Ratings a considéré que le recours à un financement du budget et des dépenses auprès des banques représentait un risque et pouvait affaiblir leur liquidité et augmenter les risques de solvabilité. La même source a indiqué que le rendement annualisé moyen des fonds propres des dix plus grandes banques de Tunisie était passé à 13,6 % au 1er semestre 2023 contre 11,9% au premier semestre de 2022. « Cette hausse a été stimulée par des revenus d'intérêts nets plus solides, ayant enregistré une hausse de 16 % en glissement annuel puisque les banques ont bénéficié de marges positives avec la hausse des taux d'intérêt. Cependant, nous ne prévoyons pas d'amélioration significative de la rentabilité au cours du 2e semestre 2023 et en 2024 en raison de la hausse des charges de dépréciation et de la taxe supplémentaire sur les bénéfices des banques annoncée en octobre 2023 », a ajouté l’agence de notation.


Fitch Ratings a affirmé que la performance améliorée du secteur durant le premier semestre de 2023 démontrait une exposition élevée des banques à la faible note de souveraineté et aux conditions d'exploitation incertaines. Les créances du secteur bancaire sur l'État ont atteint vingt milliards de dinars à fin mai 2023. Ce chiffre représente 12% du PIB, 13% des actifs du secteur et 73% des capitaux propres du secteur. Il englobe des bons du Trésor en dinar tunisien, des obligations gouvernementales d'une valeur de près de quatorze milliards de dinars, des prêts directs au ministère des Finances de trois milliards de dinars et d'autres prêts d’un montant total égal à deux milliards de dinars.

En cas de défaut de paiement, une restructuration de la dette, détenue en monnaie locale, pourrait affaiblir considérablement la capitalisation des banques. Fitch Ratings a estimé qu’une décote de 50 % sur les avoirs des banques en dette souveraine en monnaie locale entraînerait le non-respect des exigences minimales de fonds propres réglementaires par certaines banques. Ce scénario nécessite la prise, par les autorités, de mesures visant à limiter les pertes de valeur actuelle nette subies par les banques afin de préserver la stabilité financière.


Pour ce qui est des prêts directs des banques accordés au ministère des Finances, ils sont en devises étrangères et présentent également un risque. Ils ont considérablement augmenté pour atteindre 11% des capitaux propres à fin mai 2023, contre 1% à fin 2020. Un prêt syndiqué supplémentaire de 236 millions de dollars a été récemment contracté par le gouvernement auprès des banques locales, continuant ainsi d’augmenter le risque d’exposition des banques. Fitch Rating a estimé qu’une décote totale des expositions souveraines en devises étrangères en cas de défaut souverain en devises étrangères affaiblirait considérablement le ratio de fonds propres total du secteur. Toutefois, ce scénario ne signifie pas une insolvabilité des banques.


L’agence de notation a, aussi, évoqué les prêts accordés par les banques aux entreprises publiques. Fitch Ratings a considéré que ces structures étaient considérablement endettées. « Selon les estimations de Fitch, la dette des entreprises publiques représente près de 40% du PIB de la Tunisie, dont environ la moitié est due aux banques et aux fournisseurs. Les prêts aux entreprises publiques sont souvent garantis par l'État, mais nous ne tenons pas compte de ces garanties dans notre analyse compte tenu de la faiblesse de ce dernier », a poursuivi l’agence de notation.


Fitch Ratings a considéré que la probabilité d’un accord entre la Tunisie et le FMI d’ici fin 2023 était faible. Selon les informations détenues par l’agence de notation, la majeure partie du plan de financement extérieur de la Tunisie, pour l’année 2024, est tributaire d’un accord avec le FMI. La même source a estimé les besoins de financement du gouvernement à environ 17% du PIB (environ 7,7 milliards de dollars) en 2024. Fitch a tenu à préciser que la capacité des banques à absorber l'écart de financement était limitée en raison des faibles dépôts. De plus, ceci accentue la dépendance au financement de la Banque centrale de Tunisie. Fitch Ratings a, également, évoqué une hausse des coûts de financement des banques en raison de la concurrence pour la liquidité limitée. L’agence a indiqué que le financement continu et élevé de l'État par les banques nuisait au financement du secteur privé.


S.G



06/11/2023 | 21:34
5 min
sur le fil
Tous les Articles
Suivez-nous
Commentaires
Negi
Patriotisme oblige
a posté le 07-11-2023 à 00:28
Nous, tunisien, avons la possibilité de nous en sortir même avec difficulté à rembourser la dette extérieure comme le dit si vaillamment notre président patriote. Nous refusons d'être à la merci du fmi avec leurs réformes esclavagiste.
Bob
Au delà du patriotisme
a posté le à 00:13
La possibilité "de nous en sortir par nous même", oui mais comment ? En supprimant l'indépendance de la banque centrale pour faire tourner la planche à billet comme en Argentine (109 % d'inflation par an), au Liban (269 % d'inflation par an) ou au Venezuela (436 % d'inflation par an) ?
En quoi les réformes proposées par le FMI (réduction de l'une des masses salariale de la fonction publique les plus élevée au monde / remplacement du système de compensation, qui opère une redistribution des richesses à l'envers, c'est à dire vers les plus riches, par une aide directe aux ménages les plus pauvres / restructuration des entreprises publiques) sont-elles "esclavagistes" ?