
À chaque flash info et à chaque bulletin d’information, nous nous attendons, désormais, à une annonce relayant une agression ayant eu lieu au sein d’un établissement scolaire. Le phénomène s’est propagé à un point où il est devenu courant d’entendre parler d’un acte impliquant une arme blanche.
Les agressions en milieu scolaire font malheureusement partie de la réalité tunisienne. Ce phénomène a toujours été présent et n’a pas fait son entrée dans les milieux scolaires après la révolution du 14 janvier 2011. Avant cela, on n’entendait peut-être pas parler des bagarres et des échanges d’insultes entre élèves ou entre parents et enseignants en raison de la censure et de l’impossibilité d’accéder à certaines plateformes internet et sites d’information. Nous avons, toutes et tous, assisté, au moins une fois dans notre vie, à un spectacle pareil au sein d’une école ou d’un collège.
Néanmoins, il est important de noter que récemment les agressions et les actes de violence signalés au sein des établissements scolaires sont devenus de plus en plus inquiétants. Prenons quelques exemples : il y a de cela quelques jours à Bir Ali Ben Khelifa, une élève s’attaque à l’arme blanche à son professeur puis s’inflige à son tour des blessures. Quelques jours avant cela, un élève s’attaque à son enseignante et l’agresse avec une chaise. Près d’un mois avant, un autre élève tente d’agresser un enseignant en utilisant un couteau. Il ne s’agit là que de trois exemples pris au hasard et surtout ayant fait l'objet d’un traitement médiatique à l’échelle nationale. C’est à s’interroger sur le nombre réel d’agressions enregistrées de façon continue au sein de nos écoles, collèges et lycées !
D’ailleurs, ce chiffre est-il communiqué de façon officielle par les autorités tunisiennes ? Malheureusement, et en consultant le site web du ministère de l’Éducation, nous nous apercevons rapidement que ce département est complètement à côté de la plaque en matière de violence dans l’espace scolaire. Sur le site, il existe une rubrique intitulée « Indicateur sur les situations éducatives dans les régions ». En s’y rendant, nous sommes face à des données portant sur cinq régions uniquement. Pire ! Les données qui nous sont présentées datent d’avril 2018. Pour rappel, de 2018 à 2024, cinq ministres de l’Éducation se sont succédé en charge de ce portefeuille.
Par la suite, il y a eu, en 2023, une initiative visant à lutter contre la propagation de la violence dans les établissements scolaires. Néanmoins, ce programme, baptisé « Non à la violence dans l'espace scolaire » est sujet à plusieurs critiques. En premier lieu, il ne s’agit pas d’une réforme structurelle visant à faire de l’école un espace sécurisé et de renforcer la relation entre l’élève et l’enseignant, mais de plusieurs formations se déroulant sur moins d’une année et destinées au personnel éducatif et aux élèves. Il présente dans ses objectifs une approche noble, mais qui se limitera à ceux ayant bénéficié de ses formations. Les élèves et enseignants n’ayant pas eu la chance d’y participer ne seront ni sensibilisés à la question de la violence dans l’espace scolaire ni initiés aux bonnes pratiques et à la liberté d’expression des enfants. De plus, seulement 1.500 cadres éducatifs participeront au programme et seront chargés d’organiser des ateliers au profit de 200.000 élèves alors qu’en 2023 le nombre total d'élèves dépassait les 2,3 millions.
Nous pourrions nous attarder sur l’analyse des défaillances au niveau de cette initiative, notamment le fait qu’elle repose sur des données collectées dans le cadre du rapport national sur la situation de l’enfant en Tunisie de 2020 et 2021. Mais, l’élément le plus marquant serait le rôle des structures syndicales dans la lutte contre ce fléau. Il est important de pointer du doigt la dégradation de la relation entre le ministère de l’Éducation et les Fédérations générales de l’enseignement de base et de l’enseignement secondaire notamment sous l’ère Fethi Sellaouti et Mohamed Ali Boughdiri. Le ministère et les syndicats étaient occupés à se chamailler et les crises successives ont évincé tout espace de coopération et d’approche inclusive dans ce domaine. D’un côté, les structures syndicales multiplient les appels au dialogue et les communiqués dénonçant la prolifération de ce phénomène alors que d’un autre côté, le ministère se limite aux promesses d’étudier le phénomène et de s’efforcer de fournir un meilleur encadrement des élèves et du personnel éducatif.
Depuis quelques années, nous avons pris l’habitude de banaliser les actes de violence et de normaliser ce genre de comportement. Les tristes événements du genre sont devenus fréquents à un point où la chose ne choque plus les Tunisiens et les Tunisiennes. Certains considèrent que c’est la faute des médias, du cinéma et des feuilletons télévisés. Or, si ces derniers ne font que reprendre des faits réels et raconter ce que vit le citoyen lambda et à quoi assiste tout élève dans l’école, dans la rue ou même dans son foyer, le problème ne se situe-t-il pas ailleurs ? Ne devrions-nous pas nous interroger sur notre comportement violent en tant qu’adultes et sur ses conséquences ? Ne devrions-nous pas revoir notre attitude, notamment lorsque nous sommes face à des élèves ?
Le ministère de l’Éducation, à titre d’exemple, ne devrait-il pas proposer un débat inclusif et mettant l’élève et l’enseignant au centre de l’échange afin de revoir l’intégralité des méthodes d’enseignement et du fonctionnement de chaque établissement scolaire de façon à en faire un espace d’expression libre, de créativité et plus que tout un espace où chacun se sent en sécurité et est capable de développer ses pensées et d’évoluer au lieu de se soucier des punitions et des heures de détention.
Actuellement, la nouvelle ministre de l’Éducation, Salwa Abassi, à la tête de ce département depuis le 1er avril 2024, est face à un véritable défi. Il est vrai que la ministre semble vouloir faire la paix avec les syndicats et calmer les tensions. Néanmoins, nous attendons encore d’avoir plus de détails sur la façon dont elle imagine l’école tunisienne et sur la lutte contre la violence dans l’espace scolaire. Certaines voix s’élèvent pour encourager le déploiement de forces sécuritaires et d’unités policières aux alentours des établissements scolaires. Il serait judicieux de se pencher sur une approche plutôt réformiste que répressive !
Sofiene Ghoubantini
Et je vois tous les jours soit dans le centre ville, soit sur la route, et même entre un artisan et son employer des bagarres, des insultes.
Tout le monde est a deux doigts de s'entretuer.
Il n'y a rien a faire malheureusement. Chaque individu dans notre société, haït l'autre.
L'état est absent. Ils courent derrière les migrants au lieu d'éduquer et punir sa propre population.
Entre nous.... Adhrab ou akhta rassi.
- Certains feuilletons tunisiens doivent être interdits aux moins de 18 ans, pour ne pas dire les interdire jusqu'à nouvel ordre.... ;
- Pas d'heures creuses devant les collèges et lycées...les élèves soit qu'ils assistent aux cours, soit la permanance.... revoir également les emplois du temps...
- .....
Merci


