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Chroniques
Trois femmes, deux destins et une seule vérité
Par Sofiene Ben Hamida
08/12/2019 | 15:56
4 min
Trois femmes, deux destins et une seule vérité

Par Sofiene Ben Hamida

 

Trois femmes ont défrayé dramatiquement la chronique cette semaine. Il s’agit de l’inattendue Jamila Ksiksi, de la très prévisible Abir Moussi et de la grande Radhia Nasraoui, qui a fait partie de ce trio d’une manière inopinée et indépendante de sa volonté. Pour ces trois dames, il existe trois profils différents qui les guideront vers deux destinées diamétralement opposées et vers une seule conclusion, une seule vérité, vérifiée en politique depuis la nuit des temps.

 

Trois profils.

 

Il y a d’abord Jamila Ksiksi, membre du bloc parlementaire du parti islamiste Ennahdha qui n’a pas trouvé mieux, plus conforme à son statut de représentante du peuple, plus respectueux des Tunisiens qui suivaient son intervention en direct à la télévision, que de traiter d’autres députés, en l’occurrence les membres du bloc du parti destourien libre - avec mention spéciale pour sa présidente - de clochards. La virulence de l’attaque de la députée islamiste, qui n’est pas connue pour son éloquence, ni pour son leadership, suppose deux choses. D’une part, que son vocabulaire est dégradé et pauvre ; et d’autre part, qu'elle n’est qu’une doublure mandatée pour jouer un rôle dans un dessein qu’elle ne maîtrise pas, quitte à en être le bouc émissaire à la clôture de cet épisode tragicomique.

 

Il y a ensuite la présidente du PDL, Abir Moussi qui n’attendait pas plus pour monter sur ses grands chevaux et s’installer dans un jeu sordide qu’elle affectionne, celui de la polémique et de la surenchère. Elle a commencé par exiger des excuses pour les refuser ensuite, a annoncé l’entrée de son bloc parlementaire dans un sit-in qui s’est avéré être itinérant, se déplaçant là où il y a une activité parlementaire dans le but de la gâcher. A l’ouverture de la plénière ce dimanche, elle et les députés de son bloc parlementaire ont investi le perchoir pour tenter de bloquer la séance, ce qui constitue un acte de sabotage caractérisé.

Ceux qui soutiennent le comportement de Abir Moussi par calculs politiciens ou par rejet épidermique des islamistes ne servent pas la démocratie en définitive. En effet, par son comportement, Abir Moussi ne défend que sa propre personne et les siens. Elle ne défend aucune valeur, aucune cause noble. Ailleurs, il y eu certes des sit-in des députés. Mais c’était pour des dossiers d’une acuité autrement plus brûlante. Quand les députés démocrates ont entamé un sit-in au Congrès américain, c’était pour protester contre l’immobilisme des Républicains sur la question des armes à feu et pour demander l’examen de deux lois durcissant l’acquisition et l’usage des armes à feu après l’attentat d’Orlando qui avait fait 29 victimes au début de juin 2016.

 

Il y a enfin Radhia Nasraoui qui a passé plus de quatre décennies de sa vie à s’opposer à l’oppression du régime destourien et à défendre ses victimes, des islamistes notamment. Cela lui a valu des tracasseries, des maltraitances et des coups qui ont laissé leurs traces et causé des dégâts irréversibles sur sa santé. La semaine prochaine, elle sera à l’étranger pour évaluer l’étendue des dégâts et ses maigres chances de résilience.

 

Deux destins.

 

Pour son courage, ses qualités de femme d’honneur, le destin de Radhia Nasraoui est tout tracé. Comme hier et aujourd’hui, son nom sera inscrit  demain dans l’histoire du long et douloureux cheminement de notre pays vers la liberté et la démocratie. On retiendra de Radhia Nasraoui qu’elle a combattu vaillamment l’oppression et qu’elle a par la suite refusé crânement d’être récompensée pour son combat.

 

Les deux autres, elles n’ont visiblement pas de place dans l’histoire de ce pays. Pour Abir Moussi, elle se frayera, au mieux, une place dans la petite histoire en tant que prototype de la politique contre-productive. Quant à Jamila Ksiksi, il y a fort à parier que dans quelques semaines, son nom sera tout simplement  effacé de la mémoire collective.

 

Une vérité.

 

Le militantisme n’est pas une chose aisée et un statut qui n’est pas accessible à tous. Seuls les plus méritants, ceux qui portent profondément leurs valeurs et qui ont la témérité, la conviction et la grandeur d’âme pour en payer le prix fort, peuvent prétendre au statut de militants. Les autres, ceux qui ont fait leur apprentissage sous la dictature, s’y sont plu, s’y sont adaptés et en ont tiré profit, sont plus proches du mercenariat que du militantisme. De même pour ceux qui acceptent de jouer aux petits bras en espérant récolter quelques miettes du gâteau raflé par leurs chefs de gangs.          

        

 

 

 

Par Sofiene Ben Hamida
08/12/2019 | 15:56
4 min
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Commentaires (14)

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Zarbout
| 09-12-2019 15:01
Voilà un journaliste professionnel qui sait mesurer la part des choses et essaye de remettre enfin l´église au milieu du village indépendamment des jeux partisans.

Merci Monsieur Ben Hamida

progressiste indépendant
| 09-12-2019 11:33
Votre article résume bien l'atmosphère politique actuelle dans notre pays. Vos remarques sont souvent pertinentes. Les valeurs et orientations que vous défendez me semblent justes et vont dans le bon sens. Continuez à les défendre pour nous soulager.

max
| 09-12-2019 10:59
Un concentré de haine contre les destouriens et Abir moussi en particulier. Et vous en faites trop pour être crédible. En plus, vous vous contredisez:

Si vous reconnaissez que la ksiksi est victime(la pauvre innocente) "d'un dessein qu'elle ne maitrise pas", c'est qu'il y a eu une volonté criminelle d'agresser le pdl en usant de la crédulité de la sainte-nitouche.

Reste ce que vous et beaucoup d'autres égos énormes reprochez vraiment au pdl. Un miroir qui reflète l'erreur commise par beaucoup de 'progressistes' en pactisant avec le diablislamisme. La reddition. La soumission. La compromission. Miroir porté par une femme en plus. La solution: Vous essayez de casser le miroir!

" Errare humanum est, perseverare diabolicum : L'erreur est humaine, persévérer [dans son erreur] est diabolique."


Robin des bois
| 09-12-2019 01:32
J'en ai lu des betises dans ma vie mais des pareilles c'est inédit. La nasraoui imposteur faux jeton qui avec son mari et une autre d'un acabit bien pire. Je cite la Ben sedrine sont devenus de courageux et vaillants opposants au flic ex président déchire ? Alors qu'en réalité ils ont en faut un fonds de commerce juteux qui leur avait rapporte et aujourd'hui une cagnotte multipliée. Quand au reste de cette diatribe inintéressante je ne commenterai pas. C'est du journalisme ça ? Heureusement pour BN qu'il y a de nombreux autres chroniqueurs et chroniqueuses et journalistes qui sont intéressants et valent la peine d'être lu

Karmon
| 09-12-2019 00:22
Si Sofiène Ben Hamida... Il fut un temps où je suivais vos chroniques que j'appréciais... Puis... vous avez pris comme un "virage"... Et cet article ci-dessus me fait poser beaucoup de questions sur l'évolution et la pertinence de vos analyses... Vous êtes libre de votre avis, soit, mais en tant que chroniqueur de l'actualité, je suis désolé de vous dire que vous avez tapé à côté de la plaque... Pas très sérieuse votre contribution, et il y aurait beaucoup à dire à son sujet... Mais enfin, cela servirait-il à quelque chose ? Vous mélangez les genres et vous ne voyez pas (ou plus ?) ce qu'il faut voir, pour vous braquer sur les à-côtés... Contre-productif !

Mouna
| 08-12-2019 22:26
Vous écrivez: "Elle [Madame Abir Moussi] ne défend aucune valeur, aucune cause noble"

@Si Sofiene Ben Hamida: je suis désolé de vous le dire, vous êtes vraiment une déception. Les valeurs sociales sont sans importance pour vous :((.


@Si Sofiene Ben Hamida: Madame Abir Mouss défend des valeurs sociales que la majorité des Tunisiens ignorent entre-temps. Elle défend la dignité intouchable de l'autre, elle défend le respect de l'autre...

@Si Sofiene Ben Hamida: les valeurs sociales sont aussi importantes que les valeurs morales. Et je n'ai pas l'intention de vous donner un cours de sociologie.

Franchement, je n'arrive pas à comprendre pourquoi le clan RG ne dit pas "Pardon" au parti politique PDL. En effet il n'y a aucun doute que La députée d'Ennahdha, Jamila Ksiski, a traité les élus du PDL de clochards et de bandits.

Une personne qui se dit musulmane n'insulte pas les autres, même s'il s'agit de ses adversaires (ou ennemis)...

La faute est à celui qui a placé Madame Jamila Ksiski en tête de liste à l'élection législative...

@Madame Abir Moussi, tenez bon et vous aurez les excuses... Je soutiens votre action... Il faut mettre fin à l'impolitesse et la vulgarité au parlement. Oui Bravo Madame Abir Moussi. Nous sommes un peuple sans éducation sociale avec une pseudo morale. Il faut mettre fin à la vulgarité...

@Mr. Kais Saied: ce que le clan RG est entrain de faire au parlement est du banditisme, je vous prie de prendre position

Sadok Kenani
| 08-12-2019 22:13
Soufiene Ben Hmida oú l'art de brouiller les cartes,Cher Ami,si les Islamistes ont fait le plein avec 400.000 votants au bout de quarante ans,Abir et son PDL ont récolté exactement la moitié des suffrages du Parti de Ghannouchi à la différence que ce Parti est à peine vieux de trois ans...si vous croyez que le destin politique de Abir Moussi va dépendre de votre humeur oú prédiction,je crois que vous êtes carrement à côté de la plaque..une dernière chose,évitez-nous ce langage désuet et dépassé consistant à coller de suite à un personnage qui ne vous plait pas cette étiquette de dictature..croyez-moi Cher Dr Es-Democratie,ils sont Douze millions de Tunisiens qui cherchent vainement à fuir l'Enfer de'votre aire de liberté et de bonheur continus...

hourcq
| 08-12-2019 21:35
....là où ça fait mal. Je la préfère mille fois avec son parti à la horde fasciste d'Al Karama et à Ennahda et ses alliés qui ont conduit ce beau pays qu'est la Tunisie à la ruine et la décadence. Oui il faisait meilleur vivre en Tunisie avant 2011 . Oui Bourguiba a jeté les bases d'un Etat moderne tourné vers l'éducation et l'essor économique et social, avec son propre modèle de développement. Est-ce que cela signifie qu'il faut rejeter les seuls et précieux apports de 2011 que sont la liberté d'expression et la démocratie? Je ne crois pas une seconde qu'Abir Moussi veuille revenir sur ces acquis.Elle dénonce la mainmise d'une mafia islamiste et de ses complices au pouvoir qui ont conduit le pays dans cette triste situation où la pauvreté ne cesse de gagner du terrain. Elle a raison de protester à sa façon contre les insultes dont elle a fait l'objet de la part d' une députée nhadaïste alors qu'elle dénonçait certaines irrégularités de la loi des finances. Une députée qui aurait dû être sanctionnée pour ses propos honteux par le bureau de l'ARP avec au minimum la suppression partielle ou totale de ses indemnités pendant quelques mois. Et pour terminer, qui, parmi les nouveaux élus, peut prétendre à une place dans l'histoire de ce pays? Pour l'instant, l'élu le plus légitime en Tunisie, à savoir le Président de la République se mure dans le silence à tel point qu'un Ghannouchi, avec le culot qui le caractérise, peut dire "C'est moi le Président de tous les tunisiens". Il y a de quoi rire-ou pleurer-quand on sait que seulement un tunisien sur 13 inscrits a voté pour Ennahda.

Citoyen 1956
| 08-12-2019 18:40
L'?'incident'?' a eu lieu à l' ARP, pourquoi y meler Radhia Nasraoui à qui on souhaite prompt rétablissement.
Moi je vous comme 3 ème femme il fallait parler de celle qui présidait les débats alors, cad S.Chaouachi.
Mais SBH fidéle à ses 'principes'?' ( entre guillemets) ne rate pas pas l'occasion pour dénigrer et marginaliser Abir Moussi or c'est elle et elle seule qui emmerde les khwenjias & Co et le peuple semble enfin le comprendre d'où la 'hausse des actions ' du PDL .

Forza
| 08-12-2019 18:24
Toi et ta maitresse Abir, vous vous connaissez dans la technique des stoufidas, pour quelques dinars vous les rcdistes opportunistes, vous vendez vos grand-mères.