
L’ancien ministre auprès du chef du gouvernement chargé des Grandes réformes (gouvernement Chahed), Taoufik Rajhi, a été l’invité de Hamza Belloumi dans la Matinale du jeudi 5 novembre 2020 sur les ondes de Shems FM. Il est revenu sur “le conflit” entre la Banque centrale de Tunisie (BCT) et le ministère des Finances lié au financement du déficit budgétaire de l’Etat.
Qualifiant la situation d’”inédite”, il a soutenu que la problématique était ailleurs que chez la BCT. “Ce sont les dépenses que nous n’avons pas su gérer, les réformes que nous n’avons pas faites et les avertissements de nos partenaires financiers - avec l’arrivée de la pandémie - que nous avons ignorés qui sont à l’origine du problème”.
Il a expliqué, dans ce sens, que le gouvernement avait continué à augmenter les salaires et avait réduit les prix du carburant alors que le pays faisait face à une crise sanitaire. “Rien n’a été fait (pour éviter cette situation) alors que le gouvernement (celui d’Elyes Fakhfakh, ndlr) disposait d’un arsenal d’armes : les décrets”, a-t-il fait savoir notant qu’en ce cas, on ne peut se permettre de demander un financement à la BCT.
“La Banque centrale n’est pas une imprimerie de billets”, a-t-il ajouté faisant référence aux propos du ministre des Finances, Ali Kooli, sur le rôle que doit jouer la BCT pour combler le trou budgétaire.
Taoufik Rajhi a affirmé, également, que sans la crise sanitaire du Covid-19, le déficit aurait été aux alentours de 4 ou 3,5 milliards de dinars. “Il est irresponsable de dire que les gouvernements précédents avaient maquillé les chiffres”, a-t-il lancé avant de révéler que le gouvernement en place n’avait pas honoré ses obligations en ce qui concerne l’envoi, au Parlement, d’un document détaillant le déficit des entreprises publiques.
“Tout le monde use du même langage, et les prochains feront de même. Ce n’est qu’une question de tiraillements politiques”, a-t-il avancé.
Il a estimé, par ailleurs, que l’Etat devrait abandonner sa méthodologie “banking view” et ne solliciter la BCT qu’en dernier recours. “Le chef du gouvernement devrait plutôt faire appel aux PDGs des banques - publiques et privées - et discuter avec eux afin de déterminer la liquidité disponible sur le marché et ainsi avoir une idée plus claire des sommes qui peuvent être mobilisées pour combler le déficit. Le ministère des Finances, lui, doit déposer son dossier et publier son programme de financement”.
Précisant que les besoins en financement avoisinent les 19 milliards, il a expliqué que sur ces 19 milliards, le gouvernement disposait de 4,5 milliards, pourrait collecter sept milliards sur les marchés internationaux et ne lui resterait donc que 6,5 milliards à trouver en deux mois.
La vanne du phosphate
La vanne de la BCT....

