
Identifier les « codes du travail les plus durs » nécessite d'examiner des exemples concrets à travers le monde, en distinguant les défis rencontrés par les travailleurs de ceux rencontrés par les employeurs. La « dureté » se manifeste différemment selon le contexte national et les priorités politiques.
Pour les travailleurs : un manque de protection et des conditions exigeantes
Dans plusieurs pays, souvent caractérisés par des économies en développement et un secteur informel important, les travailleurs font face à un manque criant de protection :
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Heures de travail excessives et salaires bas : dans certains pays d'Asie du Sud-Est ou d'Afrique subsaharienne, les réglementations sur les heures de travail peuvent être laxistes, permettant des journées de travail très longues sans compensation adéquate. De même, l'absence ou la faible application des salaires minimums maintient une grande partie de la population dans la précarité.
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Droits syndicaux limités : des pays comme la Chine ou certains États du Moyen-Orient imposent des restrictions importantes sur la formation de syndicats indépendants et le droit de grève, limitant la capacité des travailleurs à négocier collectivement de meilleures conditions.
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Manque de sécurité de l'emploi : dans certaines économies en transition ou des zones franches d’exportation (comme on peut en trouver en Amérique centrale ou en Asie), les lois peuvent faciliter les licenciements sommaires, laissant les travailleurs vulnérables aux fluctuations économiques et aux décisions arbitraires des employeurs.
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Conditions de travail dangereuses : des secteurs comme l'exploitation minière en Afrique ou l'industrie textile dans certains pays d'Asie du Sud sont parfois associés à des normes de sécurité faibles et à un manque d'application des réglementations, exposant les travailleurs à des risques considérables. L'effondrement d’usines au Bangladesh il y a quelques années a tragiquement illustré ce problème.
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Vulnérabilité des travailleurs migrants : des pays du Golfe persique, par exemple, ont été critiqués pour leur système de « kafala » qui lie le statut juridique des travailleurs migrants à leur employeur, les rendant particulièrement vulnérables à l'exploitation et aux abus.
Pour les employeurs : des réglementations rigides et des processus complexes
À l'inverse, dans certains pays, les employeurs peuvent percevoir les codes du travail comme particulièrement contraignants :
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Coûts d'emploi élevés et difficultés de licenciement : des pays comme la France ou l’Italie sont souvent cités pour leurs fortes protections de l'emploi, incluant des indemnités de licenciement élevées et des procédures complexes. Bien que cela offre une sécurité aux employés, cela peut rendre les entreprises plus réticentes à embaucher en période d'incertitude économique.
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Bureaucratie lourde : l'Inde, malgré ses réformes, peut encore être confrontée à une bureaucratie complexe en matière de droit du travail, avec une multitude de lois et de réglementations différentes selon les États, ce qui peut compliquer la gestion des ressources humaines pour les entreprises opérant à l’échelle nationale.
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Rigidité du marché du travail : l’Espagne a historiquement eu un marché du travail caractérisé par une forte segmentation entre les contrats à durée indéterminée très protégés et les contrats précaires. Bien que des réformes aient été entreprises, la rigidité perçue par les employeurs en termes de flexibilité des horaires et des types de contrats peut être considérée comme une « dureté ».
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Charges sociales importantes : des pays scandinaves comme la Suède ou le Danemark, bien qu’ayant des systèmes de protection sociale robustes et un dialogue social développé, ont des charges sociales élevées pour les employeurs, ce qui peut être perçu comme un coût important, même si cela contribue à un environnement de travail stable et à une main-d’œuvre qualifiée.
Les « codes du travail les plus durs » varient donc considérablement selon que l’on se place du point de vue du travailleur ou de l’employeur. Des pays comme certains en Asie du Sud-Est peuvent être considérés comme ayant des codes « durs » pour les travailleurs en raison du manque de protection et des conditions exigeantes, tandis que des pays d’Europe occidentale peuvent être perçus comme ayant des codes « durs » pour les employeurs en raison de réglementations strictes et de coûts d’emploi élevés.
Il est essentiel de nuancer ces perceptions et de reconnaître que l’objectif d’un code du travail devrait être de trouver un équilibre juste et durable entre les droits des travailleurs et les besoins des entreprises, contribuant ainsi à une croissance économique inclusive et à un bien-être social généralisé. L’analyse des exemples nationaux permet de mieux comprendre la complexité et la diversité des défis et des protections existant dans le monde du travail.


