
L’avocat Samir Dilou a publié, mardi 11 mars 2025, des documents relatifs à la décision de la justice de tenir, à distance, un certain nombre de procès, dont le procès de l’affaire dite de « complot contre la sûreté de l’État ».
Dans son post, partagé sur les réseaux sociaux, Samir Dilou relève des incohérences soulignant que la décision de la présidente du Tribunal de première instance, concernant la tenue des procès à distance, en date du 24 février 2025, a, selon les documents publiés, été en réalité rendue par cette chambre en date du 25 février 2025.
L’avocat émet ainsi deux hypothèses : « soit deux décisions distinctes ont été rendues sur un même sujet : la première s’appliquant jusqu’au règlement des dossiers, tandis que la seconde, à caractère provisoire, ne produirait effet que jusqu’en mars 2025. Soit la décision rendue le 24 février 2025 repose paradoxalement sur une décision postérieure, émise le 25 février 2025 ».
Ainsi, cela met en lumière un imbroglio procédural qui renforce davantage les interrogations sur l'indépendance de la justice.
Le commentaire de Samir Dilou s’inscrit dans le cadre de la controverse entourant la décision de la justice tunisienne d’obliger les détenus, impliqués dans l’affaire dite du complot contre la sûreté de l’État, d’assister à leur procès à distance. Cette situation a mis en évidence les tensions persistantes entre les autorités et l’opposition, certains reprochant au gouvernement de se servir de l’appareil judiciaire pour fragiliser ses adversaires politiques. Par ailleurs, des inquiétudes ont été exprimées quant au respect des droits de la défense et aux garanties d’un procès équitable.
L’affaire de complot concerne des dizaines de politiciens et figures de l’opposition accusés d’avoir conspiré contre le régime. Toutefois, le dossier semble fragile, reposant sur des témoignages contestés. L’interdiction faite aux médias de couvrir l’affaire a alimenté les soupçons d’une manœuvre politique plutôt qu’un réel complot.
L’annonce du procès à distance a provoqué une vague d’indignation parmi les juristes et les défenseurs des droits de l’Homme. Des experts comme la juriste Sana Ben Achour rappellent que cette mesure, adoptée lors du Covid-19, est aujourd’hui illégitime. D’autres, comme le président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, dénoncent un procès secret, destiné à éviter toute remise en cause du narratif officiel.
Ce choix du pouvoir a été perçu comme un aveu de faiblesse : plutôt que d’assumer un procès public, le régime semble craindre que la confrontation directe des accusés ne vienne discréditer son récit officiel.
M.B.Z


