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Chroniques
On finit toujours par être rattrapé par la démocratie
Par Karim Guellaty
28/09/2019 | 13:29
5 min
On finit toujours par être rattrapé par la démocratie

 

La terre tourne sur le même axe et grosso modo à la même vitesse depuis un moment déjà. Pourtant, les semaines se suivent, mais ne se ressemblent pas. Et c’est ainsi que tout change, les saisons, le cours du dollar, le tour de taille … et finalement rien ne dure. Si peut-être une chose, la capacité des Hommes à répéter l’Histoire. #hashtag

 

Boris Johnson, tout comme Trump d’ailleurs, c’est une chronique dédiée et quotidienne qui leur faudrait. #mauvaisgenies

Pour mémoire, en vue de pouvoir mener son Brexit à terme et comme il l’entendait avant le 30 octobre, il avait décidé, ni plus ni moins, de se débarrasser de son parlement en le mettant en vacances du 10 septembre au 14 octobre. BoJo veut sortir de l‘UE en octobre, avec ou sans deal ; la date pour lui est capitale, les conditions en revanche importent peu. C’est curieux, mais chez Johnson beaucoup de choses sont curieuses. #curiosityII

C’est donc ainsi que depuis le 10 septembre notre cher Premier ministre britannique suit son petit bonhomme de chemin, consulte à Strasbourg, négocie à Bruxelles, apostrophe à Londres, et dicte son tempo à tous et de partout. #aloneinhishead

Mais on finit toujours par être rattrapé par la démocratie. L’ajustement viendra de la Cour suprême qui, saisie par les députés, a déclaré la mise en vacances forcée du Parlement illégale. Rien que ça. La décision a été rendue mardi, mercredi les parlementaires siégeaient. Et en politique, quand on blesse sans tuer, on génère un monstre. C’est donc ainsi que le lendemain, jeudi, les conservateurs ont demandé une pause parlementaire, comme il est de coutume de le faire, pour pouvoir assister à leur congrès annuel. Niet, a voté le parlement, faisant de ce vote, le septième que perd BoJo. Et il est fort à parier qu’après avoir tenté de les bâillonner en vain, les députés refuseront désormais de lui répondre même sur l’heure qu’il est. #lavengeance

Quand on veut passer en force contre l’outil démocratique, on le paie toujours. Monsieur Johnson, Premier ministre d’une si vieille démocratie aurait dû le savoir. #apprendredenosainés

 

Après Boris Johnson, c’est donc tout naturellement que nous allons évoquer la semaine du Président des États-Unis d’Amérique, Donald Trump.

Pour lui, les choses semblent se compliquer également. Son mandat, remis en jeu par l’élection de 2020, risque de connaître une fin tumultueuse, à l’image de tout son mandat. #2020

On parle désormais d’une procédure de destitution enclenchée par les démocrates. Et même si elle a peu de chances d’aboutir, une destitution doit être décidée par le Sénat qui est à majorité républicaine, cette histoire risque d’entacher fortement la fin du mandat de notre inénarrable Trump. De quelle historie s’agit-il ? Essayons de faire simple et didactique.

 

Le 21 avril 2019, Volodymyr Zelensky est élu sixième président ukrainien, après avoir été, pendant quatre ans, le rôle principal d’une émission de télévision où il incarnait le … président d’Ukraine. Bien qu’il donna à son parti politique le même nom que l’émission dans laquelle il jouait, il ne faut pas voir dans sa victoire la main ravageuse du populisme qui sévit ici et là et de plus en plus ici et là. Non, il ne faut pas voir ça, même si on est incapable de vous dire ce qu’il faut voir d’autre. #passons

Le 19 juillet 2019, le président Trump gèle le versement de l’aide militaire américaine à l’Ukraine. 400 millions de dollars qui attendent que la Maison Blanche appuie sur « valider » pour rejoindre les caisses de l’armée ukrainienne. Autant dire que les généraux se précipitent devant le bureau de notre jeune premier et néanmoins président, Volodymyr Zelensky, pour lui intimer l’ordre de débloquer sans plus tarder la situation. #pistoletsurlatempe

Le 25 juillet 2019, Trump qui flânait dans son bureau, s’est subitement dit qu’il allait prendre des nouvelles de son copain, le président d’Ukraine. Il lui passe donc un coup de fil. Et comme deux vieux copains, ils parlent de tout et de n’importe quoi, et notamment des élections américaines de 2020 et de Joe Biden, le rival de Trump, et de son fils Hunter, qui fait des affaires avec l’Ukraine. #maisalloquoi

 

Et comme le hasard fait toujours bien les choses, lui, voilà qu’en plein mois d’août, des rumeurs venant d’Ukraine font état de corruptions dans la famille Biden. Hunter aurait tenté d’acheter le procureur général d’Ukraine que le père Biden aurait réussi à faire destituer quand il était vice-président de Barack Obama. C’est cousu de fil blanc, mais la calomnie, même en fil blanc, ça fonctionne. #BNCheck

Le 12 septembre le virement de 400 millions de dollars part à destination de l’Ukraine. L’armée respire, le président souffle. #ouf

Mais le grain de sable, c’est un lanceur d’alerte, issu du renseignement, qui alerte l’inspecteur général des services de renseignement américain de cet appel. Cette alerte est faite … début août. Avant le lancement de la rumeur, avant le paiement. #çasentmauvais

La machine s’enraye quand, ledit inspecteur constate par l’arrivée de la rumeur que les propos de son lanceur d’alertes ne sont pas si délirants et qu’il peut possiblement dire vrai. Le 9 septembre il transmet le dossier au Congrès. #çasentleroussi

La machine s’enraye un peu plus quand le congrès découvre que trois jours après réception du dossier du lanceur d’alerte le virement pour l’Ukraine est exécuté. #çapue

La presse, le Washington Post et le Times font leur travail, dévoilent l’affaire, remplissent une de leurs fonctions en démocratie et le grain sable dans la machine de l’Etat devient un scandale populaire. #lequatriemepouvoir

 

Ailleurs dans le monde ce n’est pas plus brillant. En Afghanistan on vote ce samedi pour l’élection présidentielle, dans un climat où les talibans ont annoncé vouloir faire couler le sang lors de ce scrutin, parce que pour eux la démocratie est une mascarade. Pour Daech aussi, c’est une mascarade. Daech dont on redoute une manifestation par l’horreur ce week-end. Les Afghans se déplacent quand même pour voter, pas en nombres certes, mais les bureaux de votes ne sont pas vides. C’est courageux, d’autant que la menace est réelle. N’y voyez aucun message à destination de tous les abstentionnistes ailleurs dans le monde, et notamment en Tunisie. #droitsetdevoirs

 

Au Canada, on ne vote pas encore, mais on est en campagne. Justin Trudeau Premier ministre sortant, et fin politique, a décidé ce vendredi d’aller manifester, aux côtés de Greta Thunberg, pour le climat. Et même s’il a essuyé quelques insultes, les Canadiens ont retenu sa mobilisation pour le climat, son courage de manifester, et son honnêteté sur son bilan écologique mitigé. D’autres voulaient lui faire faire campagne sur un pouvoir fort. Il a choisi l’axe de la sincérité. Il a pris deux points hier. #çapaietoujours

 

C’est la fin de la semaine, c’est la fin de ce trip, vous pouvez éteindre vos smartphones.

Par Karim Guellaty
28/09/2019 | 13:29
5 min
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Commentaires (3)

Commenter

mansour
| 28-09-2019 17:22
tandis que les leaders démocrates Salvini,Boris Johnson,Trump Marion Maréchal demandent que le peuple s'exprime par le vote et les élections mais les bobos de gauche+droite du Mouvement 5 étoiles+Conte,le Parti Démocrate,et l'islamiste-Justin Trudeau-anti- laïcité le refuse la démocratie attendra

Abdelkader
| 28-09-2019 15:44
Il l'évoque mais en filigrane !
" Quand on veut passer en force contre l'outil démocratique , on le paie toujours "
Toute ressemblance avec Youssef Chahed est fortuite !

Gg
| 28-09-2019 14:38
Dommage que vous ne puissiez évoquer la politique tunisienne. #leromansansfin