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Nouvelle escalade meurtrière entre l'Inde et le Pakistan, les deux pays s’enfoncent dans la guerre
09/05/2025 | 20:46
4 min
Nouvelle escalade meurtrière entre l'Inde et le Pakistan, les deux pays s’enfoncent dans la guerre

 

Le Pakistan et l'Inde se sont à nouveau renvoyés, vendredi 9 mai 2025, la responsabilité des intenses combats qui continuent de les opposer depuis trois jours à leur frontière et ont déjà tué une cinquantaine de civils des deux camps.

Pour la deuxième soirée consécutive, l'Inde a affirmé avoir été la cible d'une vague d'attaques de drones pakistanais qui visait les régions du Cachemire et du Penjab, dans le nord-ouest de son territoire.

Le chef de l'exécutif du Cachemire, Omar Abdullah, a rapporté sur son compte X des « détonations intermittentes » dans la ville de Jammu. « Plus d'électricité maintenant à Jammu. On entend des sirènes dans la ville ».

Depuis les frappes indiennes ont mené mercredi sur le sol pakistanais en représailles à l'attentat commis le 22 avril dans le Cachemire indien, les frappes de missiles, les tirs d'artillerie et les attaques de drones se succèdent, malgré les appels à la désescalade venus de l'étranger.

L'Inde accuse le Pakistan de soutenir le groupe jihadiste qu'elle soupçonne d'avoir assassiné 26 civils à Pahalgam, ce qu'Islamabad dément fermement.

Les tirs de missiles indiens ont été immédiatement suivis d'une riposte pakistanaise, entraînant les deux puissances nucléaires dans leur affrontement militaire la plus intense depuis plusieurs décennies.

Le Premier ministre indien Narendra Modi a rencontré son conseiller à la sécurité nationale, son ministre de la Défense et les chefs des forces armées, a indiqué son bureau.

L'Inde a fermé 24 aéroports et les médias locaux ont indiqué que la suspension du trafic aérien restait en place jusqu'à la semaine prochaine.

Pertes et blessées

Jeudi soir déjà, l'Inde a rapporté « de multiples attaques » de drones en de nombreux points de son territoire et des tirs d'artillerie qui ont continué toute la nuit le long de la « ligne de contrôle » entre les deux pays.

Devant la presse, une porte-parole de l'armée, Vyomika Singh, a décrit des « incursions (...) avec environ 300 à 400 drones », selon elle toutes repoussées.

L'officier a encore évoqué « des pertes et des blessés » dans les deux camps, sans plus de précision.

L'armée pakistanaise a, pour sa part, affirmé avoir abattu 77 drones indiens depuis le début des hostilités.

Les affirmations des deux camps sont impossibles à vérifier de source indépendante, notamment parce que de nombreuses zones sont inaccessibles.

Les deux capitales n'ont donné vendredi aucun signe d'apaisement et continuent à se renvoyer la responsabilité des combats et des pertes civiles qu'ils causent.

« Nous n'irons pas à la désescalade » avec l'Inde, a déclaré vendredi le porte-parole de l'armée pakistanaise, le lieutenant-général Ahmed Chaudhry. « Avec ce qu'ils nous ont fait, il faut leur rendre des coups ».

Rhétorique belliqueuse

« Le comportement irresponsable de l'Inde a poussé deux Etats nucléaires plus près d'un conflit majeur », a renchéri le porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères Shafqat Ali Khan.

« Les actions de provocation et d'escalade du Pakistan visent les villes et les infrastructures civiles indiennes en même temps que des cibles militaires », a accusé en retour un haut diplomate indien, Vikram Misra. Avant de dénoncer les « démentis grotesques » d'Islamabad.

Le centre de réflexion International Crisis Group (ICG) s'est interrogé sur « la rhétorique belliqueuse, l'agitation domestique et la logique jusqu'au-boutiste de la surenchère » des deux voisins.

Si des deux côtés de la frontière, les dirigeants et haut-gradés multiplient les menaces, les habitants, eux, enterrent leurs morts et tentent de reprendre le cours de leur vie sous la menace des bombardements.

« Ce matin je suis venu au marché pour trouver un peu de travail mais tout est fermé », a déploré auprès de l'AFP Mohammad Lateef Bhat, un habitant de la ville indienne d'Uri. « Je vais rentrer les mains vides ».

Des dizaines de millions d'enfants sont privés d'école des deux côtés de la frontière.

Après qu'un drone s'est abattu près du stade de cricket de Rawalpindi, Islamabad a annoncé relocaliser son championnat national aux Emirats arabes unis.

Désinformation

New Delhi, de son côté, a suspendu vendredi pendant une semaine les matchs de sa très lucrative Première Ligue de cricket.

Alors que les deux pays nés de la violente partition de l'Empire britannique à leur indépendance en 1947 s'enferrent dans un état de guerre, Londres les a à son tournée appelées vendredi à la raison.

Le ministre des Affaires étrangères David Lammy a « souligné qu'il fallait que les deux parties exercent la retenue et aillent vers la désescalade », lors d'un entretien au téléphone avec son homologue pakistanais Ishaq Dar rapporté par le bureau de ce dernier.

Jeudi, le vice-président américain JD Vance a plaidé lui aussi pour la « désescalade ». Mais, a-t-il aussitôt ajouté, « nous n'allons pas nous participer dans une guerre qui n'est fondamentalement pas notre affaire ».

La confrontation entre les deux fait également rage sur le front de l’information.

L'Inde a ordonné jeudi à X de bloquer plus de 8.000 comptes, dont ceux de médias internationaux. Le réseau social a dit s'y être conforme à contrecœur, dénonçant une « censure ».

New Delhi avait déjà exigé l'interdiction en Inde de plusieurs comptes de personnalités politiques, de célébrités ou de médias pakistanais.

 

© Agence France-Presse

 

09/05/2025 | 20:46
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