L’ONT, nouveau bras des islamistes pour casser les médias ?
L’Office national de télédiffusion (ONT) a annoncé, lundi 25 novembre 2019, que le service de transmission radiophonique a été suspendu pour les radios Cap Fm, Knooz Fm, Ribat Fm et Mahdia Fm. Une mesure tout à fait légitime pour cet organe de l’Etat qui gère les fréquences FM et les loue aux médias.
Aussi légitime soit-elle, la mesure reste injuste et inégalitaire et donc inique et contre-productive. Les raisons ?
L’ONT s’est attaquée à quatre radios ayant une licence en bonne et due forme délivrée par la Haute autorité indépendante pour la communication audio-visuelle. Ces radios passent par de graves crises financières, liées à la conjoncture économique désastreuse dans le pays, et ont du mal à remplir leurs engagements envers l’ONT. Ceci ne justifie pas cela et c’est vrai, sauf que c’est le rôle de l’Etat de préserver les entreprises (et donc l’emploi) et c’est aussi le rôle de l’Etat de faire en sorte qu’il y ait une pluralité médiatique et, donc, de préserver la démocratie dont la presse est un incontournable pilier.
Sans aller jusqu’à ces considérations, un peu trop philosophiques et difficiles à comprendre pour les ingénieurs de l’ONT, la mesure radicale de l’office invite à ce que l’on penche sur l’exécution de son rôle vis-à-vis de l’ensemble des acteurs médiatiques du pays. Qu’a fait cet office à l’encontre des radios et télévisions pirates qui exercent en toute impunité ? La radio du Saint Coran est un parfait exemple puisque son directeur, Saïd Jaziri est connu et vient d’être élu à l’Assemblée.
Cette radio, comme quelques autres, exploite les ondes FM du pays en toute illégalité depuis des années, sans que l’ONT agisse concrètement pour lui suspendre son émission. Il y a énormément de manque à gagner pour l’ONT et l’Etat et le monsieur continue malgré tout à travailler en défiant tout le monde. Pourquoi donc l’ONT attaque-t-il des radios qui ont choisi la légalité et laisse les pirates des ondes jouir de leur liberté et continuer leur défiance contre tout le monde ?
Il est vrai que le pouvoir actuel appartient aux islamistes et que l’ONT cherche à éviter toute escarmouche avec eux, puisque la radio du Saint Coran appartient à l’un d’eux…
Les autres radios qui continuent à exercer en toute impunité sans que l’ONT n’agisse sont les radios publiques. L’Etat exploite dix radios dont l’émission (pour certaines) couvre l’ensemble du territoire. Paient-elles toutes les fréquences longues et courtes qu’elles exploitent ? Le doute est permis. Ces mêmes radios, pourtant, bénéficient largement du financement de l’Etat, vendent des espaces publicitaires aux annonceurs et concurrencent les radios privées aussi bien en termes d’audience qu’en termes de chiffres d’affaires. Cela s’appelle de la concurrence déloyale puisque ces radios publiques prennent l’argent de l’Etat, ne paient pas les organismes de l’Etat et attirent les annonceurs publicitaires pour concurrencer les radios privées. Ces mêmes radios privées qui se trouvent acculées à fermer boutique à cause de ce même Etat qui exige d’elles des sommes faramineuses pour les ondes !
Dans ce cas de l’espèce, l’Etat est à la fois juge et partie. Pire, il sabote le travail des privés, encourage ses propres organismes et ferme les yeux sur les pirates des médias informels ! C’est à la fois contraire aux règles basiques de la concurrence loyale et de tout fonctionnement ordinaire de la démocratie. Si l’on veut tuer les médias, ayant une orientation anti-islamiste, on ne s’y prendrait pas autrement. Plusieurs parmi les députés ont promis cela et ont juré de les avoir, voilà que l’ONT ouvre le bal et commence l’exécution !
N.B.