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Le tardif réveil de l'UGTT
05/12/2022 | 18:27
8 min
Le tardif réveil de l'UGTT


« Mieux vaut tard que jamais » . Un simple dicton qui peut se transformer en un véritable message politique symbolique ! Un dicton qui pourrait, pour certains, résumer le discours prononcé par le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi à l'occasion de la commémoration du 70ème anniversaire de l'assassinat du syndicaliste et leader de l'UGTT et de la résistance tunisienne Farhat Hached à la date du 3 décembre 2022. On n'avait pas vu Noureddine Taboubi gueuler et taper sur un gouvernement depuis belle lurette ! Attendait-il le moment opportun ? Était-il plus patient que la majorité des acteurs de la scène politique ? Ou alors, en a-t-il marre de garder ses réflexions pour lui comme l'avaient si bien fait ses "amis" de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica) ?

Que des questions depuis cette annonce des mesures exceptionnelles du 25 juillet 2021. L'UGTT avait en ce temps-là salué l'entame d'un nouveau "processus" ou d'une nouvelle "voie". Avant cela, la centrale syndicale avait exprimé, par le biais des déclarations et d'apparitions médiatiques de son secrétaire général, son inquiétude quant à la crise politique et à la situation de blocage dans laquelle le pays s'était retrouvé. L'UGTT avait même présenté, fin 2020, une initiative de dialogue national au président de la République, Kaïs Saïed, afin de trouver une issue au conflit l'opposant au mouvement Ennahdha et au gouvernement de Hichem Mechichi. Bien évidemment, le président s'est contenté de balancer le dossier de proposition au fond d'un tiroir. Plusieurs politiciens et personnages publics sont allés jusqu'à affirmer qu'il préparait, depuis ce temps-là, son coup de force afin de s'emparer du pouvoir et neutraliser le parlement. 


Durant les mois suivants le 25 juillet 2022, l'UGTT s'était limitée à un rôle purement social et syndicaliste. Finis les jours de l'organisation nationale ayant joué un rôle majeur en 2014 ou en 2011, celle qui disait non au gouvernement, celle qui s'exprimait au sujet de toutes les décisions émanant du pouvoir exécutif et critiquait continuellement les membres du gouvernement ! Face à la promulgation unilatérale de la Loi de finances 2022 de façon unilatérale, la réaction de l'UGTT était assez diplomatique ! Idem pour le programme de réformes annoncé depuis janvier 2022 ! La centrale syndicale s'était limitée à quelques critiques dociles si l'on se rappelle l'attitude de la centrale syndicale depuis la révolution de 2011 et au temps de la Troïka. On commençait même à s'interroger : où est passée l'UGTT ? Essayant de ne pas entraver ce qu'elle croyait juste, l'UGTT a légitimé le processus entamé par le chef de l'Etat et ses décrets parachutés. Le gouvernement s'est, lui aussi, adonné aux mêmes pratiques. Des décisions et des décrets insensés traduisant un manque de vision et d'imagination tel que celui censé rationaliser les importations ou encore le plafonnement des marges de bénéfices de certains produits déjà objet de réglementations.

Tout au long de cette mascarade, l'UGTT et son secrétaire général, Noureddine Taboubi, étaient dans un autre monde, celui du soutien au processus politique du chef de l'Etat. Pour ce qui est du côté social, économique et syndical, on aurait cru que l'UGTT s'était transformée en think tank ou en unité académique. Pas de prise de position concrète ou de forme de protestation palpable ! A l'évidence, une structure pareille dotée d'un tel héritage ne pouvait pas se limiter à un rôle de force de proposition. Le clash devait avoir lieu tôt ou tard. Pour ce qui est du volet politique, l'UGTT a souvent temporisé et évité le clash jusqu'à publiquement refuser, fin mai 2021, de participer au dialogue national tel qu'envisagé par le président de la République. Il s'agissait du premier grand coup porté publiquement par la centrale syndicale au projet politique de Kaïs Saïed. Les choses se sont par la suite calmées puisque l'UGTT avait choisi de ne pas prendre position face à la publication du projet de la nouvelle constitution, sa modification en pleine campagne référendaire le faible taux de participation à cet événement. Plusieurs analystes ont estimé que ce silence résultait de l'envie du secrétaire général d'éviter un schisme au sein de l'organisation et un conflit interne avec les proches et adhérents au projet de Kaïs Saïed. Les pseudo-réactions et prises de position, qui n'en étaient pas vraiment, de la centrale syndicale se poursuivront jusqu'à l'annonce d'un accord entre le Fonds monétaire international (FMI) et le gouvernement de Najla Bouden. L'organisation avait même accepté un simulacre d'accord portant sur des augmentations salariales d'en moyenne 3,5% alors que l'inflation avait dépassé la barre des 9%. 

Suite à certaines révélations portant sur l'accord, l'UGTT avait découvert le projet gouvernemental portant sur la levée des compensations et la privatisation de certaines entreprises. Il était temps de réagir ! Après toutes ces déficiences, l'UGTT avait enfin décidé de riposter ! Finalement, la centrale syndicale a considéré qu'il était temps de se dresser contre toutes ces injustices alors que l'opinion publique avait estimé que l'exécutif avait remis l'organisation à sa place ! C'est d'ailleurs ce qu'à tenu Noureddine Taboubi à réfuter durant son discours du 3 décembre 2022 en s'écriant : « Permettez-moi de m'adresser à ceux affirmant que le système actuel avait remis l'UGTT à sa place. Ni ce système, ni celui qui l'avait précédé, ni même le prochain ne sont capables de remettre l'UGTT à sa place. Personne ne le peut ! Celui qui cherche à gouverner le pays doit d'abord lire son histoire. Malheureusement, certaines personnes se sont retrouvées à la tête du pays de façon parachutée et par le fruit du hasard ». Le ton était donné ! Noureddine Taboubi ouvre le feu sur le gouvernement et sur sa présidente Najla Bouden. Il a affirmé lors de son allocution qu'il était temps d'envisager un remaniement ministériel et que l'équipe de Bouden était sous-qualifiée, défaillante et incapable de gouverner. Il l'a même tenue responsable des nominations des gouverneurs, notamment celui de Sfax, Fakher Fakhfakh. Ce dernier, désormais personnage connu pour ses déclarations comiques et insensées, est entré en conflit avec les structures syndicales régionales depuis sa nomination. Il a, aussi, critiqué la centrale syndicale lors d'une visite de la maison dans laquelle résidait Farhat Hached. Celle-ci était en ruine.


Noureddine Taboubi a, donc, pris conscience de l'importance de stopper ce gouvernement dans son élan et de barrer la route à son programme de réformes qui pourrait s'avérer, selon les fuites, n'être qu'un ensemble de nouvelles taxes et charges fiscales dans le but de remplir les caisses de l'Etat quel qu'en soit le prix. Afin d'atteindre cet objectif, le secrétaire général a décidé de faire porter le chapeau au gouvernement à lui seul car tout le monde sait que les gouverneurs sont nommés par le chef de l'Etat et non pas par la locatrice de la Kasbah. Noureddine Taboubi, serait-il prêt à continuer à collaborer avec Kaïs Saïed et à soutenir ce processus malgré tout ? Considère-t-il le gouvernement comme unique fautif de la dégradation de la situation et de la crise majeure que traverse le pays ? Une réaction aussi tardive, est-elle suffisante ? La réponse est malheureusement un grand "non" puisque le président de la République a goûté à l'élixir du pouvoir absolu et a compris qu'il pouvait avoir tout par la force de ses décrets devenus désormais les textes des plus sacrés ! Mieux vaut tard que jamais en matière économique et sociale, certes, mais pas au prix de la République, de la démocratie et de l'Etat de droit.


Sofiene Ghoubantini

05/12/2022 | 18:27
8 min
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Commentaires
Patriote
belle occasion pour BN
a posté le 07-12-2022 à 13:03
Depuis que j'ai écouté les déclarations du destructeur tabouboi j'étais certain et convaincu que BN ne rateras pas cette opportunité pour attaquer le pouvoir
et comme dit le proverbe l'ennemi de mon ennemi est mon ami
dommage pour ce site qui était une référence pour ses lecteurs de basculer dans une impasse sans issue
on était habitué de lire des analyses et des commentaires consistantes touchant le fond de nos problèmes quotidiennes et avec des suggestions et des propositions positives
on aimait bien BN et ses journalistes et à leur tète Mr Bahloul pour leurs professionnalisme et sur tout leurs patriotismes de défendre la Tunisie en premier lieu
actuellement on ne voit que des articles bidons avec une désinformation complète de la réalité sous pretexte de la liberté d'expression
liberté d'expression bataillent pou l'avoir et en meme temps ils l'interdisent aux lecteurs par la censure des commentaires qui ne plisent pas à leurs nouvelle ligne de conduite
ils sont devenu pire que AMMAR 404 lors de l'ere Zaba allah yarhmou
Fonctionnaire
A business news
a posté le 07-12-2022 à 10:52
Maintenant vous demander l'UGTT d'intervenir... d'après mes lectures sur business news normalement vous n'etes pas pro UGTT
Tunisino
Rien n'est tard
a posté le 06-12-2022 à 22:45
Rien n'est tard pour les imbéciles, ils sont toujours dans l'opportunisme!
M.S.A
schizophrénie
a posté le 06-12-2022 à 10:37
ce site se dit ouvertement un site libéral de droite, et voila, ils nous bénissent avec des articles débiles totalement opposés de haine et d'incitation à la haine et diffuser le discorde entre les partis, l'Etat et les partis , l'Etat et l'UGTT , l'UGTT et les partis.

C'est ce qu'on devrait appeler les mesquinerie du journalisme qui ne savent pas quoi écrire et peut être ne savent même pas écrire.

vous vous nourrissez des differences et vous detruisez le bled!!!!

Merci
un autre retraité
question de mémoire.
a posté le 06-12-2022 à 10:00
Cette organization ,'est autre qu'un camouflet. Elle ne sert que ses dirigeants point barre. Ce Taboubi, il siège depuis une éternité labàs et il n'a rien fait. Il ne fera rien non plus. C'est simple comme l'eau, la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a. C'est un ignorant lui et son équipe. Encore les gens vont le supporter un nouveau mandat qu'il s'est fait approprié je ne sais comment.
Ya NB, je te défi si tu peux me donner une occasion ou ce mec a demander au gens de bosser plus pour le bien du pays. La seule chose qu'il sait faire, et son équipe aussi c'est du bla, blaaa, blablabla, et du bla, bla, bla. Ah j'ai oublier une chose, demander au gens de faire des grèves et de ne pas travailler. c'est lui avec son organisation de merde qui a foutu en l'air, l'industrie du pays. Nous avons importé du phosphat rappeler vous. Qui dit mieux ?.
Olfi
à visage découvert
a posté le 06-12-2022 à 09:43
« Permettez-moi de m'adresser à ceux affirmant que le système actuel avait remis l'UGTT à sa place. Ni ce système, ni celui qui l'avait précédé, ni même le prochain ne sont capables de remettre l'UGTT à sa place. Personne ne le peut "
L'ugtt n'est donc pas à sa place ! ce débile l' avoue sans s'en rendre compte .
retraité
il doit se contenter de son role social
a posté le 06-12-2022 à 08:12
Taboubi et sa bande doivent se contenter de leur rôle social pour défendre les travailleurs affilés au syndicat UGTT comme les autres organisations syndicales et laisser les partis politiques dont la majorité ont brulé leurs doigts faire la politique si lui et sa bande veulent faire la politique ils doivent créer un parti politique travailliste à l'instar des britanniques et australiens mais d'utiliser l'UGTT comme force de pression pour mettre leurs nez dans tous les domaines ils finiront par être brulés pourquoi son homologue patronale UTICA défend bien les intérêts de ses membres les patrons et émet des conseils de la politique économique aux différents gouvernements sans offenser les politiciens à la barre élus au suffrage universel je ne vois pas les syndicats italiens allemands et français et autre européens font la politique politicienne ou ils s'associent avec des partis politiques de l'opposition pour faire tomber leurs gouvernants ils sont la pour défendre les intérêts de leurs salariés et organisent des grèves lorsque leurs revendications quelques soient les gouvernements de la droite du centre ou de la gauche . ce qui se passe actuellement par exemple en France
souilem
je partage votre excellent commentaire
a posté le à 09:38
Cette analyse objective représente le point de vue de beaucoup de tunisiens patriotes qui ont vécu la période de Bourguiba, un grand leader que la Tunisie a connu avant même de l'indépendance. Il disait ce grand homme que si la Tunisie sera démolie ou en difficulté, cela ne provient que de ses enfants. Il a mis l'UGTT sur le bon chemin de la période de l'ancien secrétaire général de Kerkéna aussi.
Aujourd'hui, Tabboubi ne fait pas le poids, il est entouré par des bandits qui ne connaissent rien en politique et d'ailleurs ce n'est pas leur domaine. Cette organisme fait tout sauf défendre les intérêts des ouvriers.
Ancien '?lu de la république française
Mr taboubi il faut être franc la vérité remonte toujours à la surface
a posté le 06-12-2022 à 06:02
Mr Noureddine taboubi, il faut dire au peuple tunisien combien vous gagnez par mois, un vrai syndicaliste doit défendre l'intérêt général avant l'intérêt personnel , Mr tabtab il faut être franc avec vous même, si vous êtes vraiment courageux et honnête il faut dire au peuple tunisien la vérité à propos de votre salaire, Mr taboubi soyez courageux de répondre à ma question, si vous ne répondez pas, vous devez avoir honte à propos de votre salaire exorbitant, j'espère qu'un jour un journaliste où une journaliste, ils vous poseront cette question sur votre salaire
Gg
Ah bon?
a posté le 05-12-2022 à 22:54
Le titre pouvait faire penser que l'UGTT avait enfin compris que le temps des réformes est venu, mais non, c'est même tout le contraire.
Bonne chance à la Tunisie, et surtout bon courage...
Kamel
Tabboubi lahhas
a posté le 05-12-2022 à 21:23
Tabboubi comme d'autres n'a que ses propres intérêts en tête, sinon il n'aurait jamais accepter d'avoir un pacte avec le diable. Il est trop tard Maintenant M. Taboubi, il ne vous reste plus que de pleurnicher sur votre sort tel un cocu.
SALIM
CA ME RAPPELLE LE FABLE DE LA GRENOUILLE QUI BOIT BOIT BOIT
a posté le 05-12-2022 à 20:46
Pour paraitre plus grande .Et DON QUICHOTTE qui aime combattre les moulins à vent .Bref il a choisi le mauvais camp ,le camp opposé au 25 Juillet.Et il perdra . YBAKBAK YBAKBAK YBAKBAK . N'oublions pas sa prétendue troisieme voie et ses démarches pour contrecarrer la nouvelle constitution.
Et il y a aussi des 'personnalités' 'politiques ' ou 'nationales' qui aboient aboient aboient pour paraitre 'importantes'
The Mirror
Monsieur le Citoyen est l'Unique Acteur dans la New Tunisia
a posté le 05-12-2022 à 20:25
Je pense que la principale décision qui a été prise par le Président Said, c'est d'avoir permis au citoyen tunisien de recouvrer sa citoyenneté.
En effet,

- Avant le 25 juillet 2021, le citoyen est réduit par les partis politiques à un vulgaire bulletin de vote. On lui donne des miettes pour le corrompre et acheter sa voix,
- Après le 25, et sur décision du président de la République, le Citoyen a pu s'exprimer déjà à deux reprises: Consultation Nationale et référendum. Les législatives sont dans quelques jours. Encore une fois, Monsieur le Citoyen aura à choisir en âme et conscience son propre candidat, sans le dictat d'un chef de parti.

Les partis politiques sont en voie de disparition, l'UGTT, parce devenue un parti politique, disparaîtra à son tour.
Lorsque Taboubi demande un remaniement ministériel, comme il l'a fait hier, cela devient dangereux, aussi pour le pays que pour les syndiqués eux-mêmes.
DHEJ
A corriger
a posté le 05-12-2022 à 20:19
"Noureddine Bhiri ouvre le feu sur le gouvernement et sur sa présidente Najla"
DHEJ
Oh oh...
a posté le 05-12-2022 à 20:17
Que vient faire Noureddine BHIRI dans l'article?

S.G merci de corriger!
SAHLI
Le tardif réveil de l'UGTT ?
a posté le 05-12-2022 à 19:40
Non, je ne le pense pas, car la devise de El Lè77èsa des dictateurs et des putschistes est et reste toujours Ettèl7iss.
Il ne faut pas rêver !